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La Nuit des temps de René BARJAVEL
5 décembre 2014 par melisende 7 Commentaires
La Nuit des temps
de René BARJAVEL
Pocket,
2005, p. 394
Première Publication : 1968
Pour l’acheter : La Nuit des temps
René Barjavel, né le 24 janvier 1911 à Nyons (Drôme) et mort le 24 novembre 1985 à Paris, est un écrivain et journaliste français principalement connu pour ses romans d’anticipation où science-fiction et fantastique expriment l’angoisse ressentie devant une technologie que l’homme ne maîtrise plus. Certains thèmes y reviennent fréquemment : chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, caractère éternel et indestructible de l’amour (Ravage, Le Grand Secret, La Nuit des temps, Une rose au paradis). Son écriture se veut poétique, onirique et, parfois, philosophique. Il a aussi abordé dans de remarquables essais l’interrogation empirique et poétique sur l’existence de Dieu (notamment, La Faim du tigre), et le sens de l’action de l’homme sur la Nature. Il fut aussi scénariste/dialoguiste de films. On lui doit en particulier les dialogues du Petit Monde de Don Camillo.
Wikipedia.
♣ Les Dames à la licorne ♣ Une Rose au paradis ♣ La Peau de César ♣
♣ ♣ ♣
L’Antarctique. À la tête d’une mission scientifique française, le professeur Simon fore la glace depuis ce qui semble une éternité. Dans le grand désert blanc, il n’y a rien, juste le froid le vent, le silence.
Jusqu’à ce son, très faible. À plus de 900 mètres sous la glace, quelque chose appelle. Dans l’euphorie générale, une expédition vers le centre de la Terre se met en place.
C’est avec La Nuit des temps que j’ai découvert René Barjavel, alors que j’avais 15/16 ans et c’est à partir de là que mon amour pour cet auteur est né. Je me souviens très précisément des circonstances et du moment où j’ai acheté mon exemplaire Pocket.
J’étais allée faire un tour dans une des librairies de la ville (aujourd’hui fermée), pendant une heure creuse au lycée, et j’avais vu le livre en vitrine. Intriguée par le titre mais un peu rebutée par l’illustration (la lune rouge sur fond noir au dessus d’un paysage gelé), je l’avais trouvé en rayon et avais lu la quatrième de couverture. Je me souviens très exactement de la scène et de mon hésitation, vraiment pas sûre que ce livre serait à mon goût. Et puis sur un coup de tête j’ai payé et je suis ressortie l’exemplaire à la main. Le tout début d’une grande histoire d’amour.
Si je vous raconte tout ça c’est pour prouver le lien assez intense qui existe entre l’œuvre de René Barjavel et moi parce que si je me souviens de la façon dont j’ai pu acquérir presque chacun de mes livres (troc, cadeau, achat en salons…), rares sont ceux qui me laissent des souvenirs aussi précis et émouvants.
J’ai donc lu La Nuit des temps pour la première fois à 15/16 ans. Depuis, j’ai multiplié les relectures et en suis au moins à la quatrième. J’avais adoré la première fois, ai tout autant apprécié les suivantes mais de façon différente et pour des raisons différentes. C’est ce qui est bien avec les livres de Barja, les relectures ne se passent jamais de la même façon et surtout, ne lassent pas.
Aujourd’hui, 11/12 ans plus tard, ce n’est pas l’histoire d’amour que je retiens de La Nuit des temps mais vision de l’auteur sur l’humanité et tous les messages qu’il fait passer.
La remarque revient souvent : le début est long. Je ne trouve pas, personnellement, mais il est vrai que l’auteur prend son temps pour mettre son histoire en place. Il installe doucement le contexte, place ses pions, nous présente les personnages… sans ces premières dizaines de pages introductives, la suite ne fonctionnerait pas aussi bien. Ne vous arrêtez donc pas trop vite, tentez la suite !
C’est étrange parce que, de mes anciennes lectures, je retenais surtout l’histoire entre Eléa et Païkan et je m’aperçois aujourd’hui que même si celle-ci est évidemment très développée (ainsi que toute la civilisation dont-ils sont issus), ce qui se passe de nos jours (en tout cas au moment du présent de narration) en Antarctique prend beaucoup de pages et contient une intrigue complète et bien ficelée (scientifique, politique, humaine…). C’est une double narration que nous propose de suivre Barjavel dans sa Nuit des temps, double narration qui implique deux temps différents, deux civilisations éloignées par 900 000 années mais finalement, deux humanités qui, malgré des approches différentes, finissent par se ressembler sur bien des points (et pas les plus positifs). En gros, il y a 900 000 ans les Hommes se déchiraient pour des bêtises et c’est toujours pareil aujourd’hui…
Malgré tout et c’est ce que j’apprécie tant chez Barjavel et qui fait très certainement de moi une indécrottable romantique, c’est que bien que l’humanité soit affublée d’horribles tares autodestructrices, elle peut aussi se sauver elle-même grâce à la chose la plus simple et la plus pure du monde : l’Amour. Bon, ce n’est pas toujours très probant mais ce sentiment apporte tout de même la touche d’espoir qui éclaire un peu tout le reste.
J’étais complètement sous le charme de cette idée de l’Amour quand j’avais 15/16 ans et j’étais assez fascinée par son aspect très pur, naturel et inné. Le mythe de l’Androgyne (je vous renvoie au texte de Platon) est clairement dans les références de Barjavel et c’est, je pense, un concept très séduisant lorsqu’on est ado et que l’on commence à avoir des sentiments (ou à avoir envie d’aimer en tout cas). Bon, sans trop de surprise, 12 ans après, le coup de l’Androgyne (âme sœur), ça m’est un peu passé et même si je reconnais encore la beauté du lien qui unit les deux amoureux, je n’y crois que moyennement. En tout cas ça ne me fait plus autant vibrer qu’avant.
En revanche, si j’avais vaguement perçu l’aspect scientifico-politique il y a quelques années, c’est vraiment ce que je retiens de cette quatrième plongée dans La Nuit des temps. Dans un climat de Guerre froide, les pays et nations se battent la découverte extraordinaire qui a eu lieu en Antarctique et mettent au point les pires coups bas pour être celui qui obtiendra l’exclusivité, le tout sous couvert d’ONU, de paix universelle et de « serrage » de mains à peine hypocrite.
Je trouve que l’auteur est un des rares que j’ai pu lire à savoir offrir des descriptions très réalistes de l’être humain. Il a une vision assez fine de l’humanité, alors ce n’est pas forcément très gai et optimiste mais c’est tellement crédible que ça en paraît réel. Comme si toute cette histoire avait vraiment existé et qu’il ne faisait que nous relater des faits divers.
C’est authentique et en même temps imagé, à la limite du poétique. Les descriptions peuvent surprendre et il faut parfois s’accrocher pour ne pas lâcher le train en route mais il n’est, à mon avis, pas toujours important d’avoir une image précise d’une scène, le principal étant d’avoir l’émotion qui s’en dégage et Barjavel est doué pour ça. Les sens du lecteur sont pris à partie et celui-ci finit par vivre l’aventure en même temps que les personnages.
En parlant des figures, plutôt nombreuses dans cette histoire, elles marquent. Soit par leur quasi perfection qui les rend presque irréelles et intouchables (Eléa pour ne citer qu’elle) ou justement par leurs petits défauts qui les rendent attachants (Hoover par exemple).
Eléa et Païkan, le couple d’amoureux venu tout droit du passé est complètement à part et hors du temps. Les voir évoluer à travers les yeux de la jeune femme qui propose ses souvenirs aux hommes d’aujourd’hui relève presque du sacré. On est tellement immergé dans ce deuxième récit que lorsque l’on repasse, soudainement, au récit principal au présent, on a l’impression de se réveiller d’un rêve.
Simon est l’autre personnage clef de La Nuit des temps, homme du présent qui fait le lien entre les deux époques, témoin de l’inimaginable. Je l’avais apprécié lors de mes premières lectures car il avait su me toucher grâce à ses sentiments incontrôlables. Aujourd’hui, même si je comprends ses agissements et émotions, je le trouve tout de même moins indispensable au récit, pour ne pas dire qu’il n’est pas très utile…
J’ai été ravie de faire cette énième relecture en compagnie de Cali qui, de son côté, découvrait le texte pour la première fois. Lire ses impressions en live a ajouté à l’intensité du roman et lui offre une saveur inédite.
Je confirme ma préférence pour Les Dames à la licorne qui me touche plus (car me parle davantage) mais La Nuit des temps restera un ovni dans ma vie de lectrice. Inoubliable !
L’avis (coup de coeur) de Cali !
Illustration : Eléa et Païkan, trouvée ici !
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7 réflexions sur “La Nuit des temps de René BARJAVEL”
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stelphique
6 décembre 2014 à 11 h 06 min
Quelle chronique!!!!Il fait partie de mes livres préférés, mais avec ce que tu en dis je n’ai qu’une envie m’y replonger!!!!!;) Une relecture va donc etre prévue pour moi aussi!!!!;) Merci pour ce moment de partage!!!!!
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Marie et Anne
6 décembre 2014 à 17 h 59 min
J’en entend parler, mais je ne l’ai toujours pas lu. Il faudrait que j’ remédie un jours!
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scarlett21
6 décembre 2014 à 21 h 37 min
WAOUH !!!! Quel beau billet ! J’avais lu & apprécié cette lecture quand j’étais adolescente (plus ou moins le même âge que toi), et pourtant 15 ans plus tard je ne l’ai toujours pas relu. Ta chronique me dit que je dois absolument le faire, MERCI !!!!
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pititecali
6 décembre 2014 à 21 h 54 min
Ce fut une merveille cette lecture commune ! Merci encore ma toute belle pour ces moments intenses et inoubliables que tu me permets de partager avec toi <3
Tu m’as permis de découvrir deux merveilleux auteurs, et je t’en suis infiniment reconnaissante !
Cali
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Rock and Tea
7 décembre 2014 à 16 h 09 min
J’ai aussi adoré ce livre.
On m’en parlait depuis si longtemps qu’il fallait quand même que je le découvre ! Quel bonheur !!
Je le conseille aussi !
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roxou06
7 décembre 2014 à 21 h 56 min
je l’ai lu il y a super longtemps mais je ne m’en souviens plus vraiment ! ta chronique m’a donné envie de le redécouvrir 🙂
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