Techno Faerie de Sara DOKE – Bazar de la Littérature
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Techno Faerie de Sara DOKE
7 février 2016 Maureen Denizon
Techno Faerie
de Sara DOKE,
Les Moutons électriques,
2016, p. 356
Première Publication : 2016
Pour l’acheter : sur le site de la maison !
Sara Doke est une auteur de science-fiction et de fantasy. Elle est également journaliste, traductrice de nouvelles ou de romans anglo-saxons et organisatrice de festivals, de conventions et d’autres événements culturels tournant autour de l’Imaginaire. Elle est la présidente du Prix Julia Verlanger décerné aux Utopiales.
♣ ♣ ♣
Les fées existent, bien sur, et elles sont de retour !
Les fées ont cessé de se cacher des hommes : elles sont revenues et bon an mal an l’univers de la Faerie s’est intégré à la société technologique. Depuis les premiers contacts d’enfants-fae avec la civilisation de l’automobile jusqu’aux premiers voyages spatiaux, ce livre conte l’histoire d’une évolution différente de notre monde.
Un livre qui parle de faes, voilà qui ne pouvait que m’intriguer. C’était également l’occasion de découvrir enfin le travail de Sara Doke que je connaissais de nom et que j’avais déjà eu le plaisir de croiser en salons, sans jamais avoir lu une seule de ses lignes… Ajoutez à cela que l’ouvrage est publié par l’excellente maison des Moutons électriques, gage de qualité selon moi, c’est donc avec beaucoup de curiosité que, en compagnie de Carolivre, je me suis plongée dans ce Techno Faerie et assez déstabilisée que j’en ressors.
Les thèmes abordés m’ont convaincue, les différentes formes empruntées m’ont paru intéressantes et le travail dans sa globalité vaut le coup d’œil ; mais il m’a certainement manqué un fil rouge plus épais auquel me raccrocher tout au long du texte et surtout, un peu plus d’émotions.
Plus qu’un conte merveilleux, l’auteure met en scène des faes dans notre monde contemporain puis futuriste, plongeant bien vite dans la SF. Mélange dans la forme du texte, mélange des genres… et même mélange des « races » puisque c’est bien de cela qu’il s’agit au final : du métissage, de la rencontre entre Faes et Hommes, de l’acceptation de la différence de l’autre.
J’ai aimé ces thèmes et plus encore lorsque Sara Doke y ajoute un aspect écologique assez engagé. Les Hommes, égoïstes inconscients, détruisent leur planète mais les Faes, créatures intimement liées à Mère Nature, font leur coming-out et se proposent de les aider à développer une nouvelle technologie, technologie née des talents et spécialités des deux peuples… et si c’était ce qui se passait pour nous dans quelques décennies ?
Extrait de « Techno Faerie », trouvé sur le site des Moutons électriques !
Ce qui peut surprendre dès le départ, c’est la forme globale du texte. Nous ne sommes pas face à un roman proposant de suivre l’évolution d’un héros unique de la première à la dernière page, ni même face à un récit construit sous forme de paragraphes de descriptions entrecoupés de dialogues. Non. Chaque chapitre semble mettre en avant la voix d’un personnage différent, dans un espace-temps différent, sous une forme différente. Ainsi, le récit de fiction pur et dur se mêle aux extraits de journaux intimes, aux articles de presse, aux interviews, aux lettres… dans une cacophonie étudiée qu’il faudra malgré tout réussir à appréhender.
C’est ainsi qu’il faudra faire faire un peu de gymnastique à notre cerveau pour remettre chaque élément en place entre les ellipses narratives, nombreuses et pas forcément balisées au cours du récit. Pas inintéressant, loin de là ! Mais assez atypique et pas forcément très facile d’accès. D’ailleurs, certains chapitres – et donc certaines formes d’approches – m’ont beaucoup plus passionnée que d’autres et m’ont alors paru plus ou moins aboutis. Je pense que cela s’explique aussi en partie par le morcellement de la rédaction. En effet, Sara Doke rassemble ici des bribes de textes rédigés à des moments différents et l’on sait bien que la plume d’un auteur évolue au fil des années… il est donc normal que l’on trouve des différences entre chaque « morceau ».
Ce choix de narration apporte certes son lot de points positifs mais il entraîne aussi une certaine distance entre le lecteur et ce qu’il découvre puisque celui-ci ne peut s’accrocher à aucun véritable héros, à aucune véritable voix bien distincte. Je suis de celles qui accordent beaucoup d’importance à l’empathie que je peux ressentir face aux personnages que je découvre et j’adore suivre un héros pendant très longtemps, sur des centaines de pages, pour apprendre à le connaître et donc pour me permettre de m’attacher à lui. Ici, le récit est trop hâché et trop disparate pour que j’y trouve l’empathie et donc les émotions, que j’aime ressentir lorsque je me plonge dans un récit.
En même temps, ce choix de Sara Doke n’est pas mauvais, il ne correspond juste pas à ce que j’attends, personnellement, d’un texte de fiction. Et malgré tout, je comprends ce détachement et je trouve qu’il sied assez bien aux créatures que l’on voit évoluer à travers les pages. Appartenant à un autre monde, mystérieuses et distantes, difficilement approchables et palpables, telles sont les faes telles que je les imagine et que l’on retrouve ici.
Sara DOKE, portrait trouvé sur le site du « Bélial ».
Une fois le récit terminé, on peut alors (re)découvrir toutes les faes grâce à la dernière partie de l’ouvrage qui prend la forme d’une mini-encyclopédie. Chaque créature se voit offrir une page descriptive – Sara Doke reprend à chaque fois les mêmes éléments de description : le physique, les habitudes, la relation avec les Hommes… – et certaines ont même la chance d’obtenir une illustration. C’est ainsi que près de 90 planches – en couleurs et sur papier brillant, s’il vous plaît ! – ont été intégrées à la fin du livre, permettant ainsi non seulement d’habiller les mots de Sara Doke mais aussi de faire découvrir de nombreux et différents artistes aux lecteurs. Je n’ai pas aimé chaque style aperçu, mais dans l’ensemble, j’ai aimé la richesse et la chaleur des couleurs.
Cette centaine de pages est magnifique et je m’y replongerai certainement dans le futur (d’ailleurs, les écrivains en herbe devraient pouvoir y trouver l’inspiration s’ils souhaitent insérer des créatures merveilleuses dans leur récit). Malgré tout, je suis mitigée sur le rassemblement de toutes les planches en fin d’ouvrage. Oui, de cette façon le côté « encyclopédie » est bel et bien respecté. Mais je trouve qu’il est alors difficile de lier le texte aux images. Concrètement, on lit tout le roman de Sara Doke et ensuite on enchaîne les fiches descriptives… desquelles on ne retient finalement pas grand chose malgré leur grand intérêt. J’aurais peut-être aimé que les entrées encyclopédiques apparaissent en encart, à l’intérieur du texte, lorsqu’une des créatures est citée par l’auteure… J’imagine que ça aurait sans doute été difficile à mettre en place alors peut-être plus simplement des renvois en note, sur une suggestion de Carolivre ? (Bien que je sois la première à très vite abandonner la lecture des notes renvoyées en fin d’ouvrage !)
Techno Faerie mêle de nombreuses choses, de nombreux thèmes, de nombreuses formes… c’est riche, dense, passionnant… mais il m’a peut-être manqué un lien avec les personnages pour ressentir de l’empathie et donc ajouter l’émotion au plaisir de lecture.
Merci aux Moutons pour la confiance renouvelée !
La chronique de Carolivre !
Imaginaire, ♣ Sur les étagères… faërie, fées, lecture commune, les moutons électriques, sara doke, sp
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3 thoughts on “Techno Faerie de Sara DOKE”
Ping : Techno Faerie de Sara Doke | Carolivre
Natacha dit :
8 février 2016 à 16 h 14 min
La couverture est très jolie, j’adore l’influence Art Nouveau après le sujet ne me parle pas forcement. Si je le trouve en bibliothèque, il pourrait me plaire.
Répondre
Cyan dit :
7 février 2016 à 19 h 27 min
Merci pour cet avis très complet 😉 Je l’attendais avec impatience depuis que tu avais montré ce livre sur ta chaîne!
Je suis comme toi, j’aime suivre des personnages pendant la durée d’un roman et je crois que cet aspect me manquera. Mais ce que tu dis du reste suffit à me motiver pour faire grimper ce titre dans ma wish list 😉
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