A la grâce des hommes de Hannah KENT

 

A la grâce des hommes
de Hannah KENT

Pocket,
2016, 447 p.

Première Publication (vo) : 2013


Pour l’acheter : A la grâce des hommes


Née en Australie en 1985, Hannah Kent s’est fait connaître avec À la grâce des hommes (Presses de la Cité, 2015), son premier roman, best-seller international. Elle est cofondatrice et rédactrice en chef de la revue littéraire Kill your darlings.

Dans la vallée


Dans le nord de l’Islande, en 1828, Agnes Magnúsdóttir est condamnée à mort pour l’assassinat de son amant, Natan Ketilsson. En attendant que la sentence soit exécutée, Agnes Magnúsdóttir est placée en résidence surveillée à Kornsá, dans la ferme de l’agent de sécurité du canton, Jon Jonsson, avec sa femme et leurs deux filles. Horrifiées à l’idée d’héberger une criminelle, les membres de la famille évitent tout contact avec Agnes, qui leur inspire autant de peur que de dégoût. Seul Totti, le jeune révérend que la meurtrière a choisi comme guide spirituel pour la préparer à sa fin prochaine, tente de la comprendre.
Alors que les mois passent, contraints de partager le quotidien, de travailler côte à côte cette terre gelée et hostile, le fermier et les siens se laissent peu à peu apprivoiser par la condamnée. Encouragée par le pasteur, Agnes livre le récit de sa vie, de son amour pour Natan, et des semaines qui ont conduit au drame, laissant entrevoir une vérité qui n’est pas forcément celle que tous pensaient connaître. Inspiré de la véritable histoire d’Agnes Magnúsdóttir, la dernière femme condamnée à mort en Islande, A la grâce des hommes est un roman sur la vérité, celle que nous croyons savoir et celle à laquelle nous voulons croire.


J’ai déjà découvert Hannah Kent avec son roman Dans la vallée qui avait été un énorme coup de cœur en 2018 mais A la grâce des hommes est le tout premier qu’elle a publié (et qui a été traduit en France).
Si Dans la vallée traitait d’un fait divers survenu dans l’Irlande rurale du XIXe siècle, celui-ci se déplace un peu plus au Nord pour s’attarder sur une affaire islandaise ayant eu lieu en 1828. Tout comme le premier lu, A la grâce des hommes est à la fois un témoignage historique passionnant pour qui s’intéresse au pays et surtout un focus sur les mentalités de l’époque. Passionnant oui, poignant surtout.

En 1828, Agnes assiste à son procès. Elle est condamnée à mort car reconnue coupable du meurtre de Natan, son amant. En attendant son exécution, elle va devoir passer plusieurs mois – sous bonne garde – dans une ferme familiale. Les propriétaires des lieux ne sont clairement pas ravis d’accueillir une criminelle avérée sous leur toit mais n’ont pas le choix, la justice en a décidé ainsi.
Installée au plus loin des membres de la famille et délaissée, Agnes se fait discrète. Silencieuse, humble et travailleuse, elle accepte toutes les tâches qu’on lui impose, sans rechigner ; c’est une touche à tout. Et la vie des fermiers islandais – même plutôt fortunés – de la première moitié du XIXe siècle est plus que rude ! S’occuper des bêtes, les tuer et les préparer pour la consommation quotidienne, confectionner le beurre, le Skyr et autres mets nourrissants, coudre et recoudre les vêtements portés tous les jours… le tout sous un ciel rarement clément ou dans une chaumière battue par les vents (sans vitre aux fenêtres)… A priori on n’a pas trop à se plaindre de nos restrictions énergétiques à 19° !

C’est à travers ses conversations avec un tout jeune prêtre à peine ordonné (censé être là pour accompagner sa confession et son repentir jusqu’au jour de l’exécution) et petit à petit avec certains membres de la famille, qu’Agnes révèle son passé et SA vérité.
Parce que la version du tribunal n’est peut-être pas celle qui a véritablement existé mais pour l’opinion publique, c’est forcément la seule possible et donc valable parce qu’après tout, Agnes est une femme solitaire et indépendante, née dans une mauvaise famille (des parents non mariés, un père pas vraiment connu), très tôt orpheline livrée à elle-même sur les routes et ayant connu plusieurs amants… bref ! Une fille qui ne peut qu’être coupable de toute façon, peu importe sa version de l’affaire.

Le lecteur sait pertinemment que la fin est immuable et qu’on s’y dirige de toute façon. C’est un fait divers historique, ce n’est pas une uchronie, on sait quelle est la conclusion. Mais justement, le cheminement jusqu’au dénouement provoque une empathie d’une folle intensité et en même temps d’une grande pudeur. Hannah Kent n’utilise jamais le pathos à outrance mais bon sang, certaines scènes sont si palpables et poignantes qu’elles m’ont tiré quelques larmes !

Alors oui, A la grâce des hommes est un texte lent, contemplatif, introspectif et on connaît la fin avant même de s’y plonger mais Agnes a quelques informations à nous livrer en cours de route et l’immersion dans l’Islande rurale du XIXe siècle est une réussite absolue ! J’ai eu les doigts glacés de froid et la tristesse chevillée au corps et au cœur tout au long de ma lecture… Agnes la femme indépendante, si vite condamnée… mais jamais vraiment oubliée !

J’espère sincèrement que son troisième roman publié en vo en 2021 – Devotion – sera lui aussi traduit par les éditions Presses de la Cité car Hannah Kent entre définitivement (un peu à la manière de Susan Fletcher) dans le cercle fermé des autrices qui savent choisir leurs sujets et les traiter de façon à me bouleverser à chaque fois !

 

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