L’Homme sous pilule de Anne-Sophie DELCOUR et LUCYMACARONI
L’Homme sous pilule
de Anne-Sophie DELCOUR
illustré par LUCYMACARONI
Marabout (Marabulles),
2022, 176 p.
Première Publication : 2022
Pour l’acheter : L’Homme sous pilule
Par amour pour Lou, Max décide de se charger de la contraception dans son couple et se trouve malgré lui au coeur d’un parcours initiatique insolite.
Entre une rencontre avec la star internationale, Daniel Craque, ambassadeur de la campagne Happy with my Vasectomy, une entrée gratuite pour Castraland, parc d’attractions consacré au mythe de la virilité et l’atelier de couture d’un superhéros au slip contraceptif, Max fait la rencontre d’hommes d’un nouveau genre. Ils dialoguent sur la sexualité, les complexes et le désir d’enfant. Max et Lou sont obligés de se redéfinir. Cette exploration va-t-elle renforcer leur amour ou mettre à mal désir et sentiments ?
C’est à travers un roman graphique de plus de 170 pages et illustré par Lucymacaroni que Anne-Sophie Delcour a choisi de raconter un passage autobiographique : la quête de contraception masculine d’un de ses partenaires.
C’est donc un titre qui mêle fil rouge biographique (romancé) et apport d’informations quasi documentaires… et j’avoue que si j’ai aimé la partie très factuelle et instructive, j’ai un peu moins goûté à la « fiction ».
Il faut dire que finalement, à travers ces 170 pages, j’ai davantage eu l’impression de suivre les questionnements d’un couple autour de la parentalité (l’un qui souhaite être parent, l’autre pas et donc les tensions et difficultés qui en découlent forcément) et pas vraiment la problématique de la contraception masculine qui était pourtant la thématique que je souhaitais majoritairement trouver ici.
On découvre Lou et Max, deux trentenaires assez fraichement en couple qui cherchent un moyen de contraception. Lui ne souhaite pas utiliser de préservatifs, elle ne veut plus subir la contraception féminine (pilule, stérilet…)… alors comment faire ? Max est partant pour prendre en charge cette question mais vouloir n’est pas forcément pouvoir ! C’est un véritable parcours du combattant et il faut être particulièrement motivé pour trouver le moyen et le spécialiste qui acceptera/saura le prescrire.
Incroyable d’ouvrir les yeux sur cette aberration : les hommes sont fertiles chaque jour du mois pendant des dizaines d’années, les femmes seulement quelques jours pendant une durée plus restreinte (de la puberté à la ménopause) mais ce sont elles qui doivent gérer la contraception.
Encore plus incroyable de découvrir que des essais cliniques ont été lancés dès la deuxième moitié du XXe siècle pour des pilules masculines ou d’autres gels mais que, suite à des effets secondaires (équivalents à ceux vécus par les femmes) et par faute d’intérêt des laboratoires, les processus ont pour la plupart été arrêtés ! Quant aux piqûres hebdomadaires de testostérone et à la vasectomie – pourtant très répandue dans les pays anglo-saxons (au Royaume-Uni par exemple) -, il est extrêmement difficile d’y avoir accès en France, les urologues étant pour la plupart réfractaires. Les choses évoluent – heureusement – mais toujours trop lentement.
Heureusement, débrouillards et associations militantes font entendre leur voix et leurs créations : anneaux, slips chauffants… c’est le système D qui prime. Vraiment, il faut être motivé pour vouloir se contracepter.
La plus grande partie de l’ouvrage est donc basé sur un modèle de fiction graphique avec des planches, des vignettes, des cases, des bulles… et quelques doubles pages s’immiscent parfois dans le récit pour résumer les données « scientifiques » (ou du moins plus documentaires). Ce sont ces passages-là que j’ai préférés parce que j’ai appris des choses et j’ai pu piocher des informations qui seront peut-être un jour utiles à mon couple, je l’espère.
Quant aux illustrations… j’avoue ne pas y avoir été très réceptive non plus. Les couleurs, peu nombreuses, et les traits prêtés aux personnages (les visages) ne m’ont que peu parlés. Mais il s’agit ici de réception artistique… chacun sa sensibilité et ses goûts !
Même si je ne suis pas totalement convaincue par ce roman graphique, je suis tout de même ravie qu’il ait vu le jour car traite d’un sujet trop peu mis en avant alors qu’il est pourtant d’utilité publique ! A quand un partage de la charge contraceptive, à quand une contraception plus égalitaire dans les couples ?
Ping : C’est lundi, que lisez-vous ? (81) – BAZAR DE LA LITTERATURE