Le Garçon et la ville qui ne souriait plus de David BRY
Le Garçon et la ville qui ne souriait plus
de David BRY
Pocket,
2020, 352 p.
Première Publication : 2019
Pour l’acheter : Le Garçon et la ville…
David Bry est un auteur de fantasy, d’anticipation et d’uchronie. Grand dévoreur de livres, il commence très tôt à écrire ses premières histoires, passe aux pièces de théâtre, aux scénarios de jeux de rôle, et enfin retourne à ses premières amours : les romans. Marié et père de deux enfants, il travaille à Paris et vit à la campagne, au fin fond de la Seine-et-Marne, bercé par le bruit de l’eau et du vent. (HSN)
♣ La Princesse au visage de nuit ♣
♣ Les Héritiers de Brisaine, Tomes 1 et 2 ♣
♣ Que passe l’hiver ♣
♣ ♣ ♣
Romain fuit chaque nuit sa demeure bourgeoise et confortable, pour rejoindre la Cour des Miracles où vivent les anormaux – fous, difformes, obèses, et autres parias parqués là par les Lois de l’Église. Le soir de ses quinze ans, il découvre qu’un terrible complot vise les habitants de la Cour.
Des coupe-gorges de Mouffetard aux ruines de Notre-Dame, il devra compter sur son ami Ambroise, sur Joséphine, Lion et Akou, pour lever le voile sur la conjuration et échapper aux terribles Lames Noires, à la solde de l’archevêque de Paris.
Dans un monde assombri par la peur et l’intolérance, le salut peut-il venir de quelques adolescents en quête d’amour et de liberté ?
Adultes, enfants… David Bry s’adresse aussi à un public résolument adolescent avec Le Garçon et la ville qui ne souriait plus (accessible dès le collège). Il y est question de quête d’identité, de tolérance, d’amitié… autant de thématiques qui toucheront les jeunes lecteurs qui pourraient vivre des questionnements similaires dans leur quotidien.
Pas de fantasy ici ; imaginez plutôt un Paris à la Victor Hugo où les « anormaux » (selon les Lois de l’Eglise) sont parqués dans un quartier bien particulier : la Cour des Miracles.
Handicaps physiques ou invisibles, jugés trop gros, trop petits, assumant une sexualité différente… bref, si vous sortez des normes établies, vous ne pouvez vous fondre dans la foule et subissez au mieux les regards insistants, au pire le rejet et les brimades.
La communauté se réunit donc dans un quartier particulier où elle trouve amitié, soutien, entraide… et nuits colorées par les festivités de la Cour des Miracles !
Romain est né avec une cuillère en argent dans la bouche : son père est le chef de la police, sa mère une noble n’ayant plus de fortune mais conservant le titre. Mais Romain ne souhaite pas jouer la comédie dans les soirées huppées pour suivre les traces de ses parents ; l’avenir que sa famille lui réserve ne l’intéresse pas.
Ainsi, alors qu’il n’a que 15 ans, il se faufile chaque nuit dans les rues de Paris pour aller observer la Cour des Miracles et les anormaux qui y évoluent. Il se sent proche d’eux mais peine à comprendre pourquoi. Il voudrait les rejoindre mais, né dans la bonne société et dans une famille plus ou moins aimante, il est difficile pour lui de s’en détacher.
Lorsque Romain apprend qu’un complot se met en place pour exterminer ses nouveaux amis, l’adolescent se retrouve écartelé entre sa loyauté envers sa famille et sa véritable identité.
Que faire ? Renier complètement d’où il vient et renoncer à ses proches (notamment sa jeune sœur) pour devenir celui qu’il aperçoit au fond de lui ? Qu’il est dur de s’affirmer face à ses parents et d’accepter de suivre un chemin qui n’est pas forcément celui qu’ils auraient souhaité pour lui…
Le héros traverse la ville parisienne en long en large et en travers, fait quelques passages dans l’eau de la rivière et ne manque pas de courir sur les pavés pour échapper à quelques poursuivants…
Les aventures fonctionnent, le rythme est soutenu et sans temps mort, les personnages – Romain en tête évidemment – sont plutôt attachants et le message est éminemment important (même s’il ne comporte aucune surprise notable, c’était l’évidence)… Mais ce que je retiens surtout, c’est l’immersivité de l’univers : les scènes défilaient sous mes yeux comme si j’étais devant un film au cinéma. Décidément, David Bry est doué pour nous transporter dans les aventures qu’il décrit !
Le Garçon et la ville qui ne souriait plus est un roman d’aventures certes, mais est surtout, et vous l’avez compris, une quête d’identité. C’est un texte principalement destiné aux adolescents, l’âge où l’on se cherche. L’âge où l’on doit apprendre à s’accepter soi-même et à accepter les différences que l’on peut percevoir chez les autres, malgré la peur qu’elles peuvent inspirer (par méconnaissance).
A l’heure où l’on parle de plus en plus de tolérance et d’inclusion, on ne peut que mettre ce roman de David Bry dans les mains des lecteurs adolescents. De mon côté, je préfère la poésie et l’introspection des grands espaces aux courses-poursuites et aventures dans les ruelles parisiennes donc Que passe l’hiver reste mon favori de l’auteur… Mais à chaque âge ses préférences !
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