De l’autre côté du mythe, Tome 1 : Ariadnê de Flora BOUKRI

De l’autre côté du mythe,
Tome 1 : Ariadnê
de Flora BOUKRI

France Loisirs,
2021, 207 p.

Première Publication : 2020

 

Pour l’acheter : Ariadnê

 

Flora Boukri est née à Martigues en 1985. Elle a grandi au bord de la Méditerranée, éblouie par le soleil et bercée par des histoires du Sud. Aujourd’hui professeure – documentaliste à Valence, en lycée professionnel, elle aime toujours autant les histoires et cherche à les partager dès qu’elle en a l’occasion. (Ricochet)

 

♣ ♣ ♣

 

Maintes fois, on a raconté que, jeune et naïve, j’offris mon aide au valeureux Thêseús contre sa promesse de m’épouser, avant d’être lâchement abandonnée par mon héros. Ceux-là veulent me réduire, moi, Ariádnê, à un simple pion dans le grand échiquier des dieux de l’Olympe. Mais que savent-ils de ce qu’il s’est réellement passé ?
Je vais vous confier comment, première fille du roi de Crète, j’ai vu deux frères partir pour la Grèce et un seul revenir, détruit et humilié. Comment mon père Mínôs, fou de rage, s’est transformé en tyran, exigeant que son ennemi le roi de Grèce le dédommage de la pire manière. Comment, dans les profondeurs d’un labyrinthe monumental, a été enfermée une créature contre-nature, mi-homme, mi-bête, condamnée à une existence de prisonnière. Et comment, nous, Ariádnê, Phaídra, Pasipháê, les figures de l’ombre, nous avons joué notre rôle… ou choisi notre propre destinée. Laissez-nous vous guider de l’autre côté du mythe.


Ariadné est le premier volume de la collection De l’autre côté du mythe qui vise à mettre en avant les figures mythologiques féminines traditionnellement reléguées au second plan au profit des héros masculins.
Il est ici question d’Ariane (Ariadnê) qui eut l’idée de donner une pelote de fil à Thésée pour qu’il retrouve son chemin dans le labyrinthe qui abrite le célèbre Minotaure sur l’île de Crête.

Ariane est présentée dès le début comme une adolescente mature ayant quasiment élevée sa petite sœur alors que son père Minos perdait petit à petit la raison suite à la mort d’un de ses fils. C’est une jeune femme apparemment réfléchie, consciente des enjeux politiques et qui va être tiraillée entre la loyauté à sa famille et sa patrie, et son nouvel amour passionnel pour Thésée qui est un grec et donc un ennemi arrivé sur l’île pour servir de sacrifice annuel au Minotaure.

Flora Boukri souhaite nous dire que, contrairement à ce qu’on attend d’elle, Ariane n’est pas un pion qui suit un rôle bien défini ; elle est maîtresse de son destin. Or, personnellement, ce que j’ai ressenti dans le coup de foudre pas du tout crédible entre les deux adolescents (Ariane – Thésée), c’est que cet amour qui naît en à peine quelques heures, lui est justement imposé par le destin. Ce n’est donc pas du tout un choix (ou alors, encore une fois, choisir de chambouler toute sa vie pour une romance née dix minutes plus tôt, ça me parait complètement improbable…), c’est comme si cet élan était plus fort qu’elle, comme si tout était écrit. Et donc on va contre l’idée de base non ? Où est le libre-arbitre là-dedans ?

Le livre porte le nom de l’héroïne, on peut donc également s’attendre à ce qu’elle prenne toute la place dans la narration… mais non.
Le roman est divisé en 3 parties (3 chants pour coller au théâtre antique), séparées régulièrement par des intermèdes de Dionysos. Certes, le premier chant est bien dédié à Ariane mais pour les deux suivants ce sont respectivement Thésée et Pasiphaé qui prennent le devant de la scène, éclipsant par là-même celle qui devait briller d’un bout à l’autre de la représentation.

J’ai eu le sentiment que Flora Boukri voulait s’emparer d’une thématique superbe et d’un projet ambitieux très intéressant mais en l’exécutant pour un public adolescent et donc en adoptant des codes et schémas bien particuliers (amoureux entre autres), elle perd toute la beauté et la puissance de son message. Quel dommage !

Je suis bien embêtée avec ce titre auquel j’ai trouvé de belles qualités et un potentiel indéniable mais qui ne me satisfait pas par le choix de son exécution. Bien sûr le public visé est adolescent donc Flora Boukri adapte sa narration et son discours en conséquence mais j’ai perçu comme un trop gros décalage entre le message qu’elle souhaite transmettre et la façon de le faire.
On oscille constamment entre une volonté d’apporter une richesse de vocabulaire (elle multiplie l’emploi de mots très techniques utilisés par les historiens et archéologues), de questionnements (le libre-arbitre, le destin…)… et des personnages aux agissements et ressentis d’adolescents complètement stupides et pas crédibles pour un sou !

Je savais pertinemment que le public visé n’est pas le même que celui de Circé de Madeline Miller mais je m’attendais malgré tout à une profondeur introspective un peu plus proche de ce dernier. Je ne suis sans doute pas (plus) la lectrice idéale pour cette collection. Je reconnais cela dit le potentiel de celle-ci et j’aurais sans doute adoré si je l’avais découverte quand j’avais 12 ans !

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