Le dernier ours de Charlotte BOUSQUET
Le dernier ours
de Charlotte BOUSQUET
Rageot (thriller),
2012, 269 p.
Première publication : 2012
Pour l’acheter : Le dernier ours
Philosophe de formation, passionnée par l’histoire et la mythologie, par les contes et le fantastique, Charlotte Bousquet est un auteur aux multiples facettes. Elle a publié des nouvelles dans différentes revues et anthologies, des articles universitaires, a participé à la création de plusieurs jeux de rôles, dont le récent Nécropolice et n’aime rien tant que se jouer des étiquettes. Convaincue que le rôle d’un auteur est aussi de s’engager, elle a participé à plusieurs anthologies à vocation caritatives. Elle a également dirigé trois ans durant, au sein de CDS éditions, la collection Pueblos qui avait pour but d’aider des organismes humanitaires et écologiques à travers des anthologies thématiques comme « L », qui parle de la réalité de l’oppression des femmes.
♣ Là où tombent les anges ♣
♣ ♣ ♣
Karen fuit.
La jeune soigneuse n’a trouvé que cette solution pour sauver Anuri, le dernier ours blanc né libre, quand il a agressé un homme au NC Zoo et qu’elle a reçu l’ordre de l’abattre.
Karen fuit.
Elle a pris le volant d’un fourgon volé et installé l’ours à l’arrière. Afin de soustraire Anuri, son ami, son frère, aux expérimentations secrètes et à la tuerie programmée. Karen fuit.
Imaginez le Groenland en 2037.
La fonte des glaces s’est accélérée, libérant le passage aux pays voisins qui souhaitaient s’approprier les richesses du sous-sol. Le pays qui avait plus ou moins réussi à gagner en autonomie et en indépendance est à nouveau sous le joug du Danemark qui règne en maître colonisateur. Les populations autochtones sont donc pauvres et à la dérive ; certains cèdent finalement à l’appel danois des grandes villes, d’autres se retranchent dans leurs traditions coûte que coûte.
C’est dans ce contexte que Karen a grandi et a vu sa famille se déchirer. Ce qui l’a fait tenir malgré les difficultés : la présence d’Anuri, l’ours blanc recueilli alors qu’il n’avait que quelques mois et auprès duquel elle a grandi.
Aujourd’hui, en 2037, Anuri est le dernier représentant né libre. Il appartient au NC Zoo dont les directeurs frayent dans des combines pas très jolies. Karen est toujours près de lui et est devenue sa soigneuse officielle. Un lien très particulier les unit.
Un soir, mandatés par le directeur du zoo, deux employés tentent d’endormir l’ours blanc pour prélever son sang. Tout ne se passe pas comme prévu, tout dégénère. Anuri se sentant en danger, attaque et blesse violemment les hommes.
En réponse et pour couvrir une quelconque bavure, la direction ordonne l’exécution de l’animal. Karen fait semblant de s’y conformer, obligée de donner le change mais, aidée d’une jeune fille paumée rencontrée le jour même, elle décide de braver tous les dangers et de fuir.
Commence alors une course folle vers le Nord, à travers le Groenland, à la recherche d’un Eldorado.
Les fuyards sont évidemment poursuivis, le chemin est semé d’embuches et d’ennemis cachés à tous les coins de rue. Et puis, Karen a beau avoir un lien intime avec Anuri, celui-ci vit assez mal la captivité dans un petit fourgon lancé à pleine vitesse sur des routes cabossées.
C’est donc plein de tensions et de rebondissements, on ne s’ennuie pas une seconde… jusqu’au dénouement qui, pour ma part, m’a déçue.
C’est très noir. C’est la désillusion totale. Humainement, écologiquement…
Certes c’est un discours qu’il faut lire, c’est un futur plus que possible, il ne faut pas se voiler la face. Mais j’aurais aimé une conclusion si ce n’est plus optimiste, au moins un dénouement qui ouvrirait plus de voies, plus de possibles justement. Là je me suis dit « ah ouais ok, toute cette course-poursuite, toute cet élan vers une lumière au bout du tunnel… tout ça pour ça et finalement, ça n’a pas produit de déclic, rien ne change, tout est foutu ».
Alors que je suis foncièrement convaincue que des actions et des projets se mettent en place (dans la vraie vie, pas dans la fiction). Peut-être pas suffisamment, peut-être pas avec une ampleur assez forte pour totalement renverser la vapeur. Mais quand même. Des voies « vertes » apparaissent, tout n’est pas foncièrement noir. J’y crois.
J’aurais aimé déceler ça en refermant ce livre. J’aurais aimé qu’une note d’espoir pointe le bout de son nez.
Une réédition augmentée a vu le jour ces derniers mois… Les chiffres et statistiques ont dû être mis à jour j’imagine mais la fin est-elle différente ?
Un court roman adolescent dont le rythme effréné est plus qu’efficace. Le propos écolo mâtiné de science-fiction est également intéressant et bien mené. Dommage que le dénouement ait fait l’effet d’un pétard mouillé pour moi, j’attendais une autre ouverture… dommage.