L’Année du singe de Patti SMITH
L’Année du singe
de Patti SMITH
Gallimard,
2020, 192 p.
Première Publication (vo) : 2019
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Patricia Lee Smith dite Patti Smith, née le à Chicago (États-Unis), est une chanteuse et musicienne de rock, poète, peintre et photographe américaine. Mariant la poésie Beat avec le garage rock des années 1960 et 1970, elle est considérée comme la « marraine » du mouvement punk. (Wikipedia)
♣ M Train ♣
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L’année du singe se présente à la fois comme un récit de voyage à travers les États-Unis et le Portugal, un carnet de rêves et de conversations imaginaires, et une méditation lucide sur le passage du temps, le deuil et la compassion. Au fil de ses déambulations solitaires, Patti Smith déroule l’année 2016, année du singe dans le calendrier chinois et année charnière de ses soixante-dix ans. Au cours de 17 chapitres ponctués de 35 photos Polaroïd, elle tisse avec pudeur et mélancolie la toile de cette année singulière marquée par des bouleversements intimes (la mort d’amis chers) et politiques (l’élection de Trump), sans jamais s’abandonner à l’apitoiement ni au désespoir. Elle célèbre au contraire la littérature, l’art et les pouvoirs de l’imagination, offre sa sagesse optimiste et sa finesse d’esprit, rappelant, s’il en était besoin, qu’elle est l’une des créatrices les plus talentueuses de notre temps.
Patti Smith c’est d’abord pour moi la chanson Because the night que ma mère adorait. C’est aussi le souvenir de 2 années de contrats dans une BU de Lyon avec une amie et le concert partagé aux Nuits de Fourvière en juillet 2015.
Patti Smith c’est le rock des années 70. De longs cheveux aujourd’hui devenus gris et le plus souvent tressés, une voix toujours très puissante malgré les années et beaucoup beaucoup beaucoup de café.
« Mon mari est mort, mon frère est mort, mon père est mort, ma mère est morte et pourtant, je crois toujours que demain, il peut se passer quelque chose de merveilleux. »
Patti Smith c’est le punk et la poésie. Des convictions écolos et humanistes, la lecture de grands poètes et écrivains – parfois rencontrés – et les voyages au bout du monde : États-Unis, Asie, France (souvent)… Avec quasi rien dans la valise mais toujours la consommation excessive de café.
Patti raconte son année 2016, celle de ses 70 ans alors que le calendrier chinois annonce l’année du singe. Elle prend quelques t-shirts et chaussettes de rechange et part sur les routes, seule. Elle se rend compte des années passées alors qu’elle doit dire au revoir à plusieurs amis proches. Elle rêve et divague face à la plage, fait des rencontres étranges, s’effraie de la politique américaine (l’arrivée de Trump à la Maison Blanche), mange n’importe quoi et boit du café. Tout le temps du café.
Elle livre ses pensées, ses souvenirs et ses rêves comme ils viennent. De digressions en divagations. C’est donc souvent brouillon, chaotique et confus mais c’est également parfois très sensible car elle met le doigt juste là où il faut.
C’est punk et poétique. Point.
C’est Patti Smith.
« Dix mille ans ou dix mille jours, rien ne peut arrêter le temps, ni changer le fait que j’aurai soixante-dix ans au cours de l’Année du Singe. Soixante-dix ans. Un simple nombre, mais qui indique le passage d’un pourcentage significatif du temps alloué dans le sablier. Les grains se déversent et je remarque que les morts me manquent plus que d’habitude. Je remarque que mes propres larmes me brûlent les yeux, que je cours moins vite et que ma notion du temps qui passe s’accélère. »
Je ne sais que penser de ce texte qui m’a parfois laissée sur le carreau et qui, en même temps, m’a permis de partager le quotidien sensible d’une artiste étonnante. C’est fou comme le moment le plus insignifiant d’une journée peut prendre une ampleur quasi fascinante lorsqu’il appartient à une personnalité possédant une telle aura.
Bref, si vous aimez Patti Smith, vous aurez envie de passer du temps avec elle ; si vous ne la connaissez pas, ce n’est peut-être pas par ces divagations qu’il faut la rencontrer.