Brooklyn de Colm TOIBIN
Brooklyn
de Colm TOIBIN
Editions 10/18
2012, 332 p.
Première Publication (vo) : 2009
Pour l’acheter : Brooklyn
Colm Tóibín, né le à Enniscorthy, dans le comté de Wexford, est un romancier, scénariste et journaliste irlandais. En tant qu’écrivain, il est lauréat d’un grand nombre de prix littéraires, dont le Los Angeles Times Book Prize, le prix Lambda Literary et le prix du Meilleur livre étranger pour Le Maître (The Master), paru en 2004. (Wikipédia)
♣ Nora Webster ♣
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Enniscorthy, sud-est de l’Irlande, années 1950. Comme de nombreux jeunes de sa génération, Eilis Lacey, diplôme de comptabilité en poche, ne parvient pas à trouver du travail. Par l’entremise d’un prêtre, sa sœur Rose obtient pour elle un emploi aux États-Unis. En poussant sa jeune sœur à partir, Rose se sacrifie : elle sera seule désormais pour s’occuper de leur mère veuve et aura peu de chance de se marier. Terrorisée à l’idée de quitter le cocon familial, mais contrainte de se plier à la décision de Rose, Eilis quitte l’Irlande. À Brooklyn, elle loue une chambre dans une pension de famille irlandaise et commence son existence américaine sous la surveillance insistante de la logeuse et des autres locataires.
Charlotte Parlotte propose chaque mois un titre à lire dans le cadre de son club de lecture. C’est avec plaisir que j’ai découvert le résultat des votes du mois de juin : pour la thématique du triangle amoureux, nous allions lire Brooklyn de Colm Toibin ! Peut-être avez-vous vu l’adaptation avec Saoirse Ronan sortie en 2016 ?
J’ai découvert la plume de l’auteur il y a à peine quelques mois grâce à son livre Nora Webster, qui m’a convaincue sans me clouer sur ma chaise. Je dirais que le résultat est le même avec Brooklyn (livre et film) : j’ai apprécié, j’ai passé un bon moment mais ça ne sera pas une révolution dans ma vie.
C’est l’histoire d’Eilis, une jeune irlandaise des années 50, qui a la chance d’être pistonnée pour un travail à Brooklyn (à New York, aux États-Unis donc). Effacée derrière une sœur aînée qu’elle adore et adule, c’est une jeune femme discrète qui ne fait pas de vagues. Elle quitte sa petite ville natale, son pays, sa famille, sa culture… direction le rêve américain.
Là-bas, elle peut écrire une nouvelle page et même être une autre personne. Elle s’affirme, travaille, étudie, sort… elle découvre le quotidien de la jeunesse américaine ; mais sa vie d’avant se rappelle à son bon souvenir. Il est difficile de choisir, Eilis oscille constamment entre les deux : une Irlande conservatrice et rassurante ou une Amérique moderne où tout est possible.
Eilis est une jeune héroïne désinvolte et un peu passive. Elle ne prend jamais vraiment de décision franche, elle se laisse bercer par les événements et finit donc par faire ses choix par dépit plutôt que par conviction, à commencer par ce départ aux États-Unis qu’elle subit bien plus qu’elle ne le choisit.
Elle s’adaptera à la situation et s’en accommodera même plutôt très bien, s’affirmant petit à petit mais malgré tout, elle m’a paru assez fade jusqu’au bout. J’ai cependant été assez sensible à son mal du pays alors qu’elle est loin du chez-elle qu’elle a toujours connu, de l’autre côté de l’Atlantique. J’ai accepté son désarroi et ses émotions mais on ne peut pas dire que c’est une figure inspirante (en tout cas pour moi).
Je m’attendais à un texte exigeant mais non, pas du tout, c’est très fluide et imagé. C’était déjà le cas avec Nora Webster, Colm Toibin sait raconter son histoire et offre des portraits de personnages convaincants, sans fioritures. Il raconte le quotidien et les états d’âme ; c’est authentique et efficace, le voyage fonctionne.
Je garderai longtemps en tête les scènes de la traversée en bateau alors qu’Eilis a le mal de mer mais qu’elle n’a pas accès à la salle de bain qu’elle partage avec la cabine d’à-côté. Le cauchemar. J’avais la nausée en lisant les mots de Colm Toibin, c’est dire si ses descriptions sont efficaces !
Nous avons donc lu ce livre pour le club de lecture dont la thématique était « triangle amoureux ». Si vous avez vu le film, vous saurez de quoi il s’agit. Si vous souhaitez lire le roman, sachez que cet aspect de l’histoire arrive très très très tardivement (à peine dans les 50 dernières pages je pense) et n’est pas très développé.
Tant mieux à vrai dire car ce n’est pas un élément que j’apprécie particulièrement même s’il a son importance ici car incarne le choix que doit faire Eilis : ses origines irlandaises ou sa nouvelle identité américaine.
Brooklyn c’est le roman de l’exil, du mal du pays et du passage à l’âge adulte. Bien que la plus grande partie de l’intrigue se déroule aux États-Unis, on sent que l’Irlande n’est jamais loin de l’héroïne. C’est souvent ce qui ressort des témoignages de ceux appartenant à la diaspora irlandaise : ils partent loin mais le petit pays ne les quitte jamais vraiment.