Le Chant des cavalières de Jeanne Mariem CORREZE
Le Chant des cavalières
de Jeanne Mariem CORREZE
Les Moutons électriques,
2020, 320 p.
Première Publication : 2020
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Jeanne Mariem Corrèze est une jeune autrice de 25 ans qui vit actuellement à Lyon. Le Chant des cavalières est son premier roman.
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Un royaume divisé, instable, des forces luttant pour le pouvoir. Un Ordre de femmes chevauchant des dragons. Des matriarches, des cavalières, des écuyères et, parmi elles, Sophie, qui attend. Le premier sang, le premier vol ; son amante, son moment ; des réponses à ses questions. Pour trouver sa place, elle devra louvoyer entre les intrigues de la cour et de son Ordre, affronter ses peurs et ses doutes, choisir son propre destin, devenir qui elle est vraiment.
S’il n’avait pas fait partie de la sélection pour le Prix Imaginales des Bibliothécaires, je ne suis pas sûre que je me serais lancée dans ce Chant des cavalières ; car bien que les thématiques arthuriennes et très féminines avaient tout pour me plaire, la quatrième de couverture ne m’inspirait pas plus que ça.
Force est de constater qu’on devrait toujours se fier à son instinct car la rencontre n’a pas été particulièrement réussie. Dommage.
Jeanne Mariem Corrèze met en avant un titre dans lequel évoluent essentiellement des femmes dans un Ordre matriarcal. Les hommes ne sont pas complètement absents de ce monde mais sont traités de façon très secondaire, comme un miroir de ce que peut très souvent nous proposer la fantasy ; ce n’est donc pas inintéressant de renverser les habitudes (bien au contraire) ! Pour autant, je n’ai pas trouvé que ce choix apportait vraiment quelque chose. Dans le même genre, je pense que Les Amazones de Bohèmes de Joëlle Wintrebert proposait déjà voilà plusieurs années un titre imaginaire (historique) avec une société matriarcale mais, il me semble, un choix plus affirmé et cohérent avec les messages qu’il véhicule.
Ces femmes donc, avant d’être cavalières, sont de jeunes novices puis des écuyères lorsque surgissent leurs premières règles. C’est également à cette occasion qu’elles font la rencontre de leur dragon avec lequel elles vivront une relation toute particulière… relation qu’on ne nous décrira jamais vraiment et donc qui ne m’a finalement fait ni chaud ni froid. J’aurais aimé en savoir plus sur ce lien, un peu comme celui que peuvent avoir Fitz et Oeil-de-Nuit dans l’Assassin royal de Robin Hobb. D’ailleurs, malgré leur place a priori indispensable dans cet ordre, les dragons ne sont que peu présents dans cette histoire. Ce sont des montures, le moyen de passer d’un lieu à un autre. Point. Encore une fois : quel dommage !
Quant à l’intrigue, je serais bien en peine de vous en faire un résumé car j’ai l’impression d’être complètement passée à côté l’histoire de la jeune Sophie ; j’ai l’impression qu’un trou noir s’est installé dans mon cerveau là où devraient se trouver mes souvenirs. La jeune fille semble amenée à vivre de grandes choses car elle a été choisie par l’ancienne matriarche. Pourtant, malgré son statut « d’élue » au destin exceptionnel, je l’ai trouvée totalement passive et transparente ; elle n’est qu’un simple pion entre les mains de ses « mentors » et dans une intrigue politique qui la dépasse totalement. Elle suit ce qu’on lui dit de faire, récupère des objets magiques mais ne fait jamais preuve de libre-arbitre et ne prouve jamais sa valeur en tant qu’héroïne « exceptionnelle ».
J’imagine que c’est un choix délibéré de Jeanne Mariem Corrèze qui prend le contre-pied de la fantasy classique… Mais je suis malheureusement restée extérieure d’un bout à l’autre du récit, n’ayant jamais réussi à ressentir de l’empathie pour ses héroïnes et n’ayant jamais réussi à saisir le fil de l’intrigue. C’est bien simple, je tournais les pages sans trop savoir ce qui animait les personnages et sans comprendre ce qu’ils faisaient là et moi encore moins !
C’est donc avec ennui et l’esprit complètement ailleurs que j’ai survolé les paragraphes. J’ai pourtant trouvés les mots bien choisis et bien agencés ce qui me laisse espérer une autre rencontre – plus réussie je l’espère – avec d’autres histoires de l’autrice.
Ce Chant des cavalières est objectivement un titre intéressant qui casse les codes de la fantasy – ou en tout cas les tord – en reprenant des éléments bien connus (notamment des légendes arthuriennes avec une épée à brandir, le personnage de Myrddin) mais je n’ai pas retrouvé le souffle épique, passionnant, merveilleux ou émouvant que me font normalement ressentir les livres du genre. J’ai seulement été animée d’un profond ennui. Rendez-vous manqué, tant pis.