Vaisseau d’Arcane, Tome 1 : Les Hurleuses de Adrien TOMAS
Vaisseau d’Arcane,
Tome 1 : Les Hurleuses
de Adrien TOMAS
Mnémos,
2020, 379 p.
Première Publication : 2020
Pour l’acheter : Vaisseau d’Arcane, T. 1
Adrien Tomas, né le à Soissons, est un auteur de fantasy français. Son premier roman, La Geste du Sixième Royaume, a reçu le prix Imaginales en 2012. Il a rejoint la Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse et est l’un des administrateurs de l’association. Son premier roman jeunesse, Engrenages et Sortilèges, reçoit en 2019 le prix Babelio, le prix du festival Les Halliennales et le Prix Saint-Exupéry. (Wikipédia)
♣ Zoomancie ♣
♣ ♣ ♣
Au Grimmark, la magie peut foudroyer en un éclair. Ses victimes, les Touchés, ne sont plus jamais les mêmes : ils possèdent une incroyable puissance, mais leurs esprits sont à jamais anéantis.
Lorsque son frère Solal est frappé par l’Arcane, Sof, infirmière raisonnable et sans histoire, décide de tout risquer pour le sauver du destin de servitude qui l’attend. Dans leur fuite éperdue à travers les steppes infinies et les forêts boréales, ils découvriront un monde sublime et redoutable.
Mais leur liberté est vue comme un affront, leur existence même comme un blasphème. Dans leur ombre, des factions s’affrontent, tissant autour d’eux un écheveau de machinations dont elles tirent les fils avec une virtuosité machiavélique.
La magie n’est pourtant pas une puissance qui se dompte…
J’ai déjà pu découvrir la plume et l’imaginaire d’Adrien Tomas ces derniers mois grâce à son titre Zoomancie mais celui-ci, plus destiné à un public Young Adult ne m’avait pas totalement convaincue. J’y avais trouvé une intention et un message très intéressants mais malheureusement, des personnages un peu trop caricaturaux et un rythme trop effréné. Les défauts « habituels » de la littérature Young Adult, à mon avis.
Mais ce premier tome de Vaisseau d’Arcane, clairement plus adulte, m’a séduite d’un bout à l’autre. J’ai tout aimé dans ce livre ! C’est un coup de cœur, sans hésitation !
Adrien Tomas a choisi de raconter son histoire sous forme de roman choral. C’est ainsi qu’il laisse la parole ou plutôt qu’il focalise son point de vue (il n’emploie jamais le « je »), sur différents personnages, en alternance au fil des chapitres. Ses héros n’ont pas les mêmes objectifs et ne se situent même pas dans le même espace ce qui permet aux lecteurs de visualiser ce monde à travers plusieurs fenêtres. Ce qui amplifie clairement l’impression de richesse d’univers, de diversité d’intrigues et de complexité de personnages. Bref, c’est l’idéal dans un titre de fantasy.
Après un très court prologue très sibyllin (tourné vers Solal), le lecteur découvre un chapitre dédié à Sof, le personnage féminin principal. Et tout commence sur les chapeaux de roue pour elle et le lecteur ; nous sommes directement transportés au cœur de l’action.
Nous découvrons que la jeune femme cherche à fuir la ville de Mirwald après que son frère cadet – Solal donc – ait été « touché » par un orage arcanique. Très vite, la difficulté de sa situation nous apparaît : les autorités vont se lancer à leur poursuite, souhaitant coûte que coûte récupérer Solal. Car celui-ci, en ayant reçu une décharge arcanique, a acquis des pouvoirs magiques phénoménaux mais a surtout perdu ses esprits et son libre-arbitre. Un futur travailleur (esclave) précieux pour la nation du Grimmark. La jeune femme refuse cette destinée et veut protéger Solal coûte que coûte. Seule solution : la fuite vers le Nord.
Le chapitre suivant nous présente Nym, un jeune homme doué pour se grimer et s’adapter à toutes les situations, même lorsqu’il s’agit de jouer les snipers du haut d’un toit de la capitale du Grimmark pour abattre l’ambassadeur d’une nation amie : la Fédération Abysséenne. Assassin espion à la solde du Grimmark, Nym se lance ensuite sur les traces de Sof et Solal mais peut-être a-t-il d’autres intérêts à cette poursuite…
Derrière les belles manières d’un jeune homme bien élevé, Nym est le genre de personnages à planter un couteau dans le dos de ses soi disant alliés. Une figure complexe et difficile à saisir. J’ai adoré suivre son avancée dans l’intrigue, ne sachant jamais comment il allait réagir… et j’ai été surprise plus d’une fois !
Dernier héros « principal » sur le devant de la scène et sans doute celui auquel je me serai finalement la plus attachée… Gabba Do ! Quel personnage surprenant que ce représentant du peuple Abysséen !
Imaginez une créature des abysses (donc un poisson en gros) invitée à la surface, au Grimmark, en qualité de nouvel ambassadeur. Il est obligé de s’enfermer dans une sphère teintée (l’atmosphère terrestre lui serait fatale, de même que les rayons du soleil), boule installée sur des pattes articulées ; un peu comme une araignée ou un crabe géant et métallique. (Ou un Tripode de la Guerre des Mondes avec plus de pattes et une forme plus arrondie!)
Gabba Do est placé là, tel un pion sur l’échiquier. C’est un être pacifique et terriblement naïf qui ne comprend la complexité – et la fourberie – des alliances qu’après s’être retrouvé mêlé à des complots politiques qui le dépassent complètement. Ce n’est peut-être pas la personnalité la plus travaillée de l’histoire mais j’ai trouvé l’idée même de sa conception assez géniale. Et hyper imagée.
D’ailleurs c’est une autre des qualités du texte proposé par Adrien Tomas : sa facilité à nous immerger dans l’univers et à imaginer les scènes qui se déroulent sous nos yeux. L’équilibre est parfait entre dialogues et descriptions. Le rythme est soutenu juste comme il faut pour nous tenir en haleine sur quelques passages puis ralentir pour nous laisser le temps de nous poser un peu auprès des personnages et digérer ce qu’il se passe (olala, que de retournements dans les dernières dizaines de pages !). J’étais à fond. De la première, à la dernière ligne. J’ai vu les remparts de Mirwald, les rues de la capitale et plus encore le territoire des Hurleuses et le moyen de locomotion des Orcs car si le sous-titre de ce premier tome est celui-ci, c’est bien pour une raison !
Sof, Solal et Nym vont passer un certain temps auprès de la civilisation Orc et découvrir un mode de vie surprenant, bien plus « civilisé » qu’il pouvait l’imaginer. Adrien Tomas en profite pour glisser l’idée (que j’apprécie énormément) que les sociétés plus primitives (ou en tout cas adeptes d’une existence plus simple) ne sont pas automatiquement des barbares désorganisés.
L’auteur insuffle un aspect assez politique à son intrigue, entremêlé d’une magie presque radioactive (naturelle ou du fait de l’humain, qui sait…) et si quelques cartes sont révélées à la fin de ce premier tome, je suis sûre qu’il reste des pièces du puzzle à découvrir. Notamment un approfondissement de ce pouvoir arcanique, encore bien mystérieux.
Les personnages ont du relief et passionnent, l’univers créé par Adrien Tomas est très riche et ne demande qu’à être encore davantage raconté, à mon avis. Il reste certainement de nombreuses surprises à découvrir dans le tome prochain, que j’espère publié très bientôt car je suis très impatiente de découvrir la suite (et fin) des aventures de Sof, Solal, Nym et Gabba Do !
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