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Les Furtifs de Alain DAMASIO

Les Furtifs
de Alain DAMASIO

La Volte,
2019, 688 p.

Première publication : 2019

 

Pour l’acheter : Les Furtifs

 

Né à Lyon en 1969, Alain Damasio caracole sur les cimes de l’imaginaire depuis la parution en 2004 de son deuxième roman, La Horde du contrevent, Grand Prix de l’Imaginaire. Il explique sa prédilection pour les récits polyphoniques, et pour le travail physique, physiologique de la langue, par un besoin vital d’habiter plusieurs corps, et de se laisser lui-même habiter. Après la réédition par la Volte en 2007 de La Zone du Dehors (Cylibris, 2001), récit d’anticipation inspiré par Michel Foucault, et un recueil de nouvelles, Aucun souvenir assez solide, Alain Damasio publie à La Volte son roman Les Furtifs, qui réunit ses préoccupations politiques, son inventivité de langage et ses innovations typographiques. (La Volte)

 

  

 

Le couple, que Lorca Varèse et sa femme Sahar formaient, a volé en éclats lorsque leur fille, Tishka, 4 ans, s’est volatilisée un matin. Convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, des animaux extraordinaires, Lorca intègre une unité clandestine de l’armée chargée de les chasser.


Je n’avais jusque là jamais lu Alain Damasio et j’aurais sincèrement préféré le découvrir avec sa célèbre Horde du Contrevent mais Prix Imaginales des Bibliothécaires oblige, j’ai plongé tête la première au milieu des Furtifs et le moins que l’on puisse dire, c’est que j’ai failli me noyer plus d’une fois ! Après 4 mois de lutte entre moments passionnés et ennui profond, j’ai enfin tourné la dernière page de ce mastodonte.

Beaucoup d’encre a déjà coulé pour décortiquer en long, en large et en travers ce titre. Certains fans de Damasio de la première heure ont été déçus, d’autres ont salué ce nouveau coup de génie et enfin, et c’est ce que, personnellement, j’ai le plus retenu de tout ce qui a pu être dit sur le sujet : certains non lecteurs de science-fiction (voire réfractaires au genre) ont été embarqués. Ce que je trouve particulièrement intéressant même si, parfois, assez ridicule de ne surtout pas prononcer des mots comme « science-fiction » et « imaginaire » pour ménager « l’élite littéraire ».

N’ayant aucune prétention et aucun bagage pour la critique approfondie, je ne reviendrai pas sur tout ce qui a été dit d’un point de vue politique, sociologique, linguistique, étymologique et j’en passe. D’autres le font bien mieux que moi et je vous invite à aller les lire.
Je peux en revanche revenir sur les émotions, sensations et quelques modestes réflexions qui m’ont traversée pendant ma lecture.

J’ai été happée par la recherche de cette petite fille disparue. Son père, Lorca, devient chasseur de furtifs pour être au plus près, sur le terrain, car il est persuadé que sa petite Tishka a été enlevée par ces créatures invisibles et intouchables. L’espoir malgré les 2 années passées sans nouvelle et sans preuve, la quête effrénée, l’amour pur de ce père pour son enfant : c’est beau et c’est très puissant. Sahar, la mère, réagit complètement différemment à la disparition de sa fille et ne croit absolument pas en l’existence des Furtifs ; elle est passée à autre chose, semble avoir fait le deuil. Ses réactions sont différentes mais l’amour est là également. Ce lien familial, c’est beau. Vraiment.

J’ai été intriguée et très curieuse d’en savoir plus sur ces furtifs. Qu’est-ce que c’est ? Et surtout, est-ce qu’ils existent vraiment ? Et ont-ils un lien avec la petite Tishka ? Et pourquoi ? Les informations arrivent petit à petit, alors que les personnages progressent dans leur quête et font eux-mêmes des découvertes importantes. C’est l’élément « imaginaire » du livre, celui qui fait verser véritablement le texte du côté de la science-fiction. Et en même temps et paradoxalement, c’est aussi l’élément qui, en permettant la métaphore de la liberté, se raccroche le plus aux humains que nous sommes et à ce que nous aspirons (et aspirerions certainement si nous vivions dans une telle société, pas si éloignée d’un futur possible).

En revanche, j’ai souvent eu des coups de mou, ennuyée par certains passages interminables, répétitifs et, à mon goût, très poussifs dans la forme.
Je l’ai bien compris, Alain Damasio joue avec les mots, avec les symboles (pour preuve par exemple : le glyphe associé à chaque personnage), avec les sons (une bande sonore a été créée en lien avec le roman). Il créé un langage organisé, tout a du sens et chacune de ses figures possède une voix narrative très reconnaissable. MAIS, c’est parfois très LOURD à la lecture. Par exemple les passages dédiés à Toni (ou à Ner, je ne sais plus) écrits de façon très oralisante, dans une sorte d’argot urbain futuriste. Imbitable et insupportable. Pour tout avouer, je les sautais quasi systématiquement. C’est l’avantage d’avoir des paragraphes différents selon les personnages, stylistiquement très reconnaissables (également grâce aux symboles d’ouverture).
En plus de cette forme pas toujours très fluide à mon goût, le manque de subtilité m’a aussi un peu gênée. Politiquement parlant notamment. Je pense qu’on a tous bien compris quelles sont les convictions d’Alain Damasio (que je partage pour la plupart d’ailleurs) mais c’est un peu amené avec des gros sabots et pas mal martelé pendant 700 pages. La société de contrôle, le capitalisme, la privatisation de l’État… tout ça c’est vraiment pas joli joli. L’avenir est zadiste (et furtif) ou n’est pas. Au cas où vous ne l’auriez pas compris. Bref.

Pendant 4 mois, j’ai sans cesse oscillé entre intense passion et ennui profond. J’en conclus donc que si j’ai aimé la plupart des idées avancées par l’auteur et l’émotion palpable à bien des endroits, j’ai eu un peu plus de mal avec l’exécution générale choisie par Alain Damasio. Je lirai assurément La Horde du Contrevent, mais peut-être pas cette année, je vais attendre un peu avant de me replonger dans un autre monstre sacré.

 

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