Je mourrai pas gibier de Guillaume GUERAUD

Je mourrai pas gibier
de Guillaume GUÉRAUD

Editions du Rouergue (doado noir),
2006, 75 p.

Première Publication : 2005


Pour l’acheter : Je mourrai pas gibier


Né en 1972 à Bordeaux, Guillaume Guéraud vit désormais à Pézenas (34). Au Rouergue, il est l’auteur de quelques albums et de nombreux romans dans les collections doado, doado noir et dacodac mais également dans la brune. (Le Rouergue)


♣ ♣ ♣


Mortagne n’est pas un patelin tranquille. Ceux qui travaillent le bois ne peuvent pas encadrer les vignerons et inversement. La haine fouette les murs. Les coups tordus pleuvent sans prévenir. Martial préfère apprendre la mécanique le plus loin possible. Pour fuir la scierie. Éviter les incidents. Et échapper à la phrase que répètent aussi bien les scieurs que les gars de la vigne : « je suis né chasseur ! Je mourrai pas gibier ! » Parce que la chasse, ici, tout le monde pratique. Sauf Térence. Il a la tronche en biais. Il ne sait ni travailler ni chasser. C’est pour ça que Martial l’aime bien. Et qu’il ne supporte pas qu’on se défoule sur lui.


Découverte de l’univers de Guillaume Guéraud grâce à ce court roman (novella ?) dont on ne sort pas indemne. L’auteur est prolifique ; je n’hésiterai pas à me plonger dans d’autres de ses histoires, quand j’en aurai l’occasion.

75 pages. Cela peut être à la fois très court ou très long, si l’auteur ne maîtrise pas son sujet ou sa narration. Ici, le dosage est parfait. Le lecteur entre dans le vif du sujet dès les premiers paragraphes ; il y découvre l’arrestation d’un jeune homme après ce qui semble être un drame. Que s’est-il passé ? Pourquoi ? Qui est-il ?…

Bienvenue à Mortagne, tout petit patelin paumé dans une France reculée où chaque habitant se fait un honneur de devenir un bon chasseur. Tout se résout toujours par les poings et la violence. Dans ce petit village, deux clans s’affrontent depuis des générations : les vignerons versus les bûcherons. Les traditions, la haine et la bêtise passent de pères en fils, c’est une histoire de famille.
Seuls deux garçons échappent à la coutume : Martial qui lui dès l’adolescence, ne s’intéresse ni au bois ni aux vignes et qui choisit donc – malgré l’opprobre familiale – de partir en internat à quelques dizaines de kilomètres pour apprendre la mécanique. La honte pour le village. Et Térence le simple d’esprit, incapable de travailler donc incapable d’intégrer un clan plutôt qu’un autre. Tous les deux hors des clous, hors de contrôle… et donc potentiellement dont on doit se méfier ?

Martial rentre chaque week end dans ce village qu’il déteste et plus il passe de temps loin de Mortagne et de ses habitants, plus il découvre autre chose et s’ouvre sur le monde qui l’entoure ; et plus il trouve l’attitude de ses anciens camarades et proches, stupide et arriérée. Surtout leur comportement envers Térence, utilisé comme bouc-émissaire et pire encore, comme punching-ball ! Alors ce week end là, quand l’adolescent descend du bus et ne croise pas Térence sur le chemin – alors que leur habitude était de rentrer cote à cote au village – il s’inquiète… et comprend. Et, hors de lui, hors de contrôle, il agit. Comme un bon chasseur ? Finalement, les traditions familiales ne sont jamais loin.

C’est court, immersif, violent. L’ambiance du village est lourde, quasiment en huis-clos. On connaît le dénouement dès les premiers paragraphes puisque les chapitres suivants remontent le temps pour expliquer le cheminement jusqu’à cette scène d’ouverture. Pas de surprises donc mais pourtant, c’est prenant, immersif, efficace. L’écriture de Guillaume Guéraud est visuelle, les phrases percutantes, les images apparaissent devant nos yeux, l’émotion est bien présente ; Je mourrai pas gibier est un court texte qui ne nous quitte plus jamais vraiment.

 

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