La Porte de la salle de bain de Sandrine BEAU
La Porte de la salle de bain
de Sandrine BEAU
Talents Hauts,
2015, 91 p.
Première Publication : 2015
Pour l’acheter : La Porte de la salle de bain
Sandrine Beau est née en Poitou-Charentes. Très tôt, elle plonge dans les livres. Après ses études, elle est devenue réalisatrice de films vidéos (documentaires et institutionnels) et a écrit ses premiers scénarios. En parallèle, elle a été clown dans une troupe, dont les spectacles ont sillonné la France. Elle a ensuite quitté son nez rouge et sa caméra pour un micro, elle est devenue animatrice radio. Tout d’abord à Poitiers, puis à Besançon sur France Bleu, où cette fois, elle a écrit et enregistré des feuilletons radiophoniques et des billets d’humeur quotidiens. A la même époque, elle a fait un petit tour sur les plateaux de télévision, pour devenir une des Miss Météo de France 3 Bourgogne Franche-Comté. Après la naissance de ses enfants, l’envie de raconter des histoires pour les petits a pointé le bout de son nez. Et aujourd’hui… elle ne la quitte plus ! (Ricochet)
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Mia, adolescente, se réjouit de la métamorphose de son corps. Mais lorsqu’elle s’aperçoit que son beau-père entre régulièrement dans la salle de bain pendant qu’elle prend sa douche, la jeune fille met en place des stratagèmes pour le piéger.
La Porte de la salle de bain. Un livre dont le titre et l’illustration de couverture suffisent pour annoncer la couleur.
Moins de 100 pages pour aborder un sujet grave
C’est court (moins de 100 pages) mais c’est efficace. Percutant même.
Difficile de ne pas se sentir concerné voire investi par l’histoire de la jeune Mia qui, pré-adolescente, attend impatiemment que sa poitrine se développe pour devenir une femme (aussi belle que sa maman si possible) et dont l’entrée dans l’adolescence ne correspond finalement pas à ce qu’elle imaginait.
Le corps change, les regards extérieurs aussi

C’est la transformation du corps, les changements internes que cela implique et surtout la modification du regard des autres sur ce corps qu’on ne reconnaît plus, qu’on n’a pas encore réussi à apprivoiser. Le regard des hommes surtout. Les hommes de la famille mais aussi les inconnus dans la rue.
C’est la gêne, le malaise et peut-être même la sensation d’être à l’origine de tout ça, la grande coupable. Surtout quand ça dérape et quand le nouvel amoureux de Maman commence à nous reluquer et trouve tous les prétextes possibles pour faire irruption dans la salle de bain.
C’est la solitude parce qu’on ne peut rien avouer à Maman qui travaille beaucoup et qui, elle, est tellement heureuse avec ce nouvel amoureux. C’est la peur et le sentiment de ne pas pouvoir faire face au danger malgré les tentatives de refuge chez Grand-Mère.
Des suggestions qui font froid dans le dos
C’est particulièrement bien écrit. Rien de compliqué, pas de fioritures dans le style ; pas de passages à l’acte (pour celles et ceux qui s’en inquiéteraient), pas de scènes véritablement violentes mais de justes suggestions qui font froid dans le dos et qui suffisent amplement à prendre la mesure de la situation. Juste ce qu’il faut. Efficace.
Je ne sais pas trop à qui conseiller ce petit livre. Aux adolescents pour les sensibiliser ? Aux victimes (mais dans ce cas-là, dans quel but véritable ?) ?
Je l’imagine plutôt lu dans un contexte familial. Le parent à l’écoute de sa fille/son fils, l’interrogeant sur la réaction qu’elle/il aurait s’il était dans le cas de Mia. Et puis insister sur l’importance de la communication, rassurer sur la présence, l’écoute, la compréhension, le non-jugement.
Un tout petit livre-passerelle très bien écrit pour aborder un sujet grave et important. A mettre entre toutes les mains : adolescents oui, mais également adultes référents pour créer un échange. Le pire dans ces situations, c’est le silence. Il faut briser ça.
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