Le Bal des Folles de Victoria MAS

Le Bal des Folles
de Victoria MAS

Albin Michel,
2019, 251 p.

Première Publication : 2019

 

Pour l’acheter : Le Bal des folles

 

Victoria Mas, née en  au Chesnay dans les Yvelines, est une écrivaine française. Elle est la fille de Jeanne Mas. Après avoir été scripte dans l’audiovisuel et avoir beaucoup voyagé (en France et ailleurs), elle publie son premier roman Le Bal des folles en 2019. Ce dernier est un grand succès littéraire et lui vaut de recevoir le prix Stanislas du premier roman, le prix Patrimoines BPE ainsi que le prix Première Plume. Le 14 novembre 2019, elle reçoit également le prix Renaudot des lycéens. (Wikipedia)

 

♣ ♣ ♣

 

Chaque année, à la mi-carême, se tient un très étrange Bal des Folles. Le temps d’une soirée, le Tout-Paris s’encanaille sur des airs de valse et de polka en compagnie de femmes déguisées en colombines, gitanes, zouaves et autres mousquetaires. Réparti sur deux salles – d’un côté les idiotes et les épileptiques ; de l’autre les hystériques, les folles et les maniaques – ce bal est en réalité l’une des dernières expérimentations de Charcot, désireux de faire des malades de la Salpêtrière des femmes comme les autres. Parmi elles, Eugénie, Louise et Geneviève, dont Victoria Mas retrace le parcours heurté, dans ce premier roman qui met à nu la condition féminine au XIXe siècle.


Lauréat du prix Renaudot des lycéens 2019, Le Bal des Folles a fait grand bruit. Le résumé résonne assez avec l’actualité féministe de ces derniers mois ; son aspect historique me tentait beaucoup. Si je salue le choix du sujet et son accessibilité au plus grand nombre, je regrette malgré tout la superficialité dans le traitement des personnages et le style qui m’a semblé très scolaire.

Les femmes gênantes placées à la Salpêtrière à la fin du XIXe siècle

Victoria Mas choisit de mettre en avant trois figures féminines amenées à se croiser malgré leurs différences évidentes. Elles sont d’âge et de milieux sociaux différents et pourtant, toutes les trois vont vivre à la Salpêtrière. En cette fin de XIXe siècle, l’hôpital abrite les expériences du professeur Charcot. Entre le médecin neurologue et le prestidigitateur de cirque il n’y a qu’un pas et les femmes qui subissent ses séances d’hypnose en public n’ont plus de patientes que le titre sur le papier.
Qualifiées d’hystériques, ces filles, femmes, mères, aînées ont souvent été placées là contre leur gré par un proche (masculin). Leur tort : avoir subi le viol d’un oncle, avoir voulu se défendre contre un proxénète, avoir avoué être en contact avec les esprits… ne pas avoir accepté de se taire, avoir voulu connaître la liberté ; bref, être devenues gênantes pour l’entourage.

« Son corset la gênait horriblement. Aurait-elle su qu’elle aurait à parcourir une aussi longue distance, elle l’aurait laissé dans l’armoire. Cet accessoire a clairement pour seul but d’immobiliser les femmes dans une posture prétendument désirable – non de leur permettre d’être libres de leurs mouvements ! Comme si les entraves intellectuelles n’étaient pas déjà suffisantes, il fallait les limiter physiquement. A croire que pour imposer de telles barrières, les hommes méprisaient moins les femmes qu’ils ne les redoutaient. »

Victoria Mas, portrait trouvé sur Albin Michel.

Le propos est séduisant. Vouloir donner vie et voix à ces femmes, victimes, contraintes au silence et à l’enfermement et pourtant si fortes, c’était une intention plus que louable que je ne peux que saluer. Oui, j’ai aimé suivre le destin de ces trois femmes : Louise l’adolescente orpheline violée, Eugénie la jeune femme de bonne famille habitée par les défunts et Geneviève l’infirmière en chef qui s’éloigne petit à petit de son image de disciple obéissante… mais j’ai été si frustrée de ne pas vivre intensément ces moments en leur compagnie. Si frustrée de ne faire qu’effleurer leur histoire, de rester en surface et de ne pas vivre l’émotion comme j’aurais aimé la vivre.

Un récit prometteur mais trop superficiel

Ces quelques mois de 1885 m’ont en effet paru bien fades et vite expédiés malgré la gravité du propos. Je pense que ce ressenti est principalement lié au style de Victoria Mas. Les chapitres sont dédiés – en alternance – aux trois « héroïnes » mais le point de vue externe demeure, n’offrant que peu de différenciation entre les trois portraits.
Et je note surtout l’utilisation du présent de narration. Ce qui m’a souvent donné l’impression de lire des vérités absolues, des maximes apprises par cœur et récitées de façon très scolaire (cf l’extrait plus haut). Pas d’émotions donc mais des phrases assez artificielles qui m’ont plus d’une fois fait souffler d’agacement. Encore une fois, la teneur du propos est passionnant mais la forme est maladroite et donc un peu décevante.

Alors que je m’attendais à vivre une émotion aussi forte que lors de mon visionnage des Magdalene Sisters (autres lieux et époque mais un témoignage fort de l’enfermement des femmes par décisions essentiellement masculines, assorties de violences physiques et morales), mon enthousiasme a été légèrement douché à la lecture de ce Bal des Folles. Oui la thématique est passionnante et oui, je salue Victoria Mas qui a choisi de la mettre en lumière mais j’aurais aimé tellement plus de consistance et de force dans ce récit… peut-être l’aurai-je avec Anna Hope et sa Salle de Bal que j’espère lire dans les prochains mois ! Affaire à suivre.

 

Une réflexion sur “Le Bal des Folles de Victoria MAS

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