Circé de Madeline MILLER
Circé
de Madeline MILLER
Pocket,
2019, 572 p.
Première Publication (vo) : 2018
Pour l’acheter : Circé
Madeline Miller, née le à Boston dans le Massachusetts, est une écrivaine américaine. Son premier roman Le Chant d’Achille, paru en 2011 a remporté le Baileys Women Prize for Fiction. (Wikipédia)
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Helios, dieu du soleil, a une fille : Circé. Elle ne possède ni les pouvoirs exceptionnels de son père, ni le charme envoûtant de sa mère mais elle se découvre pourtant un don : la sorcellerie, les poisons et la capacité à transformer ses ennemis en créatures monstrueuses. Peu à peu, même les dieux la redoutent.
Son père lui ordonne de s’exiler sur une île déserte sur laquelle elle développe des rites occultes et croisent tous les personnages importants de la mythologie : le minotaure, Icare, Medée et Ulysse….
Mais cette existence de femme indépendante et dangereuse inquiète les dieux et effraie les hommes. Pour sauver ce qu’elle a de plus cher à ses yeux, Circé doit choisir entre ces deux mondes : les dieux dont elle descend, les mortels qu’elle a appris à aimer.

Même si Circé est une figure dont j’avais déjà entendue parler – et qui dans ma tête possède la (ou les) apparence(s) des merveilleux tableaux de John William Waterhouse – je ne savais pourtant pas grand chose de son histoire. Contrairement aux déités les plus connues de la mythologie grecque, Circé est une personnalité que j’ai peu rencontrée lors de mes études d’histoire de l’art ; je n’avais donc pas idée de la place centrale qu’elle a pu jouer dans de nombreux et célèbres mythes. Quel plaisir de suivre sa vie dans ce roman merveilleusement bien écrit et qui résonne particulièrement avec l’actualité féministe de ces dernières années.
Petite fille sans pouvoir qui découvre son don pour la sorcellerie
Fille du titan Hélios et d’une nymphe, la petite fille, jeune fille puis femme ne possède que peu de qualités remarquables aux yeux de son entourage, contrairement à ses frères et sœurs qui brillent (littéralement) par leur beauté ou leur ruse. C’est le mouton noir de la famille, celle dont on se moque dans les assemblées et celle qui – comble de l’horreur ! – ose se rebeller en faisant preuve d’humanité.
Par dépit amoureux, elle découvre qu’elle possède un don : celui de la sorcellerie. Elle parvient à utiliser les plantes et la nature qui l’entoure et à leur insuffler un grand pouvoir. Elle va passer des centaines d’années à le développer sur l’île sur laquelle elle est exilée ; punie pour avoir transformé sa rivale en monstre (Scylla, pour les connaisseurs).
Bannie sur son île, elle oeuvre dans l’ombre
Madeline Miller propose le portrait d’une femme moderne. Indépendante, déterminée, solitaire, forte et surtout… libre ! Sur son île, Circé vit comme elle l’entend. Elle arpente les collines, apprend les propriétés des simples, élève des animaux, accueille des marins perdus… et les transforme systématiquement en cochons après avoir subi le viol d’un capitaine de navire qui ne se doutait pas du pouvoir caché dans le corps de la jeune femme isolée.
Malgré son bannissement, Circé se retrouve régulièrement mêlée aux querelles des autres dieux. Au milieu du conflit qui oppose titans et olympiens, elle œuvre dans l’ombre et prend part au destin de certaines déités, héros et hommes qui croisent son chemin : Hermès, Dédale et son fils Icare, le Minotaure, Ulysse, Télémaque…
La fille, femme, amoureuse, amante, amie, mère, nymphe, déesse, pharmakis, sorcière moquée par beaucoup, souvent sous-estimée, grandit, apprend, évolue et jamais ne renonce. Elle prend son destin en main, suit ce qu’elle juge être les bons choix et emprunte le chemin qui est le sien.
Un récit passionné et passionnant !

Les textes antiques sont riches d’aventures et d’actions. Mais personnellement, je trouve qu’ils manquent d’émotions. La distance est trop forte entre les lecteurs et les héros qu’ils suivent, l’empathie n’est pas là. En tout cas pour moi. Alors même si le fond me passionne, la forme me freine.
C’est tout le contraire que j’ai ressenti avec Circé. J’ai été passionnée par cette histoire très immersive. Les descriptions sont certes nombreuses, peut-être même parfois trop longuettes (même si ça n’a jamais été un souci pour moi) ; les noms de ce que l’on croise sont aussi légion ce qui peut perdre les non-initiés… mais si vous possédez ne serait-ce qu’une once d’intérêt pour la mythologie grecque, vous devriez vous régaler.
Les histoires qui mettent en scène des figures mythologiques avec un point de vue interne sont certainement celles que je préfère entre toutes. Les dieux et créatures légendaires évoluent au milieu des hommes dans des temps anciens et révolus, c’est ainsi, c’est admis. Cette atmosphère bien particulière me fait vibrer alors si en plus l’auteur.ice parvient à m’émouvoir, c’est plus que parfait… et c’est le cas ici !
Madeline Miller offre une biographie intime, émouvante et terriblement humaine à une figure mythologique passionnante et étonnamment très moderne. Un régal de A à Z !
Je lirai avec certitude son Chant d’Achille, autre roman mythologique qui semble lui aussi plein de promesses !
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J’aime beaucoup les illustrations. J’ai adoré ce livre.
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Tout à fait d’accord avec ton billet. J’ai aussi beaucoup aimé!
« Les textes antiques sont riches d’aventures et d’actions. Mais personnellement, je trouve qu’ils manquent d’émotions. La distance est trop forte entre les lecteurs et les héros qu’ils suivent, l’empathie n’est pas là. En tout cas pour moi. Alors même si le fond me passionne, la forme me freine. » : je partage ton avis !
Bon, il ne me reste plus qu’à découvrir cette autrice !