Rouille de Floriane SOULAS #PLIB2019
Rouille
de Floriane SOULAS
Editions Scrineo,
2018, 384 p.
#ISBN9782367406060
Première Publication : 2018
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Née en 1989, Floriane Soulas a été initiée très tôt à la lecture par ses parents, qui lui ont mis entre les mains autant d’ouvrages classiques que de science-fiction. Après un parcours scientifique et une thèse de doctorat en génie mécanique, elle revient à sa passion première : raconter des histoires. Autrice un poil sadique, avec une prédilection pour tous les genres de la SFFF, elle aime particulièrement faire souffrir ses personnages. (Scrineo)
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Paris, 1897. Les plus grandes puissances européennes se sont lancées à l’assaut de la Lune et de nouveaux matériaux découverts sur le satellite envahissent peu à peu la Terre. Ces grandes avancées scientifiques révolutionnent l’industrie et la médecine, mais pas pour tout le monde. Et dans les faubourgs, loin de l’hyper-centre protégé par le dôme sous lequel vivent les puissants, le petit peuple de Paris survit tant bien que mal. Violante est une prostituée sans mémoire, ignorant jusqu’à son âge réel. Dans un monde où son désir de vérité passe après celui de ses clients et de ses patrons, la jeune fille tente de retrouver la trace de ses origines perdues. Alors qu’une vague de meurtres particulièrement horribles ensanglante la capitale, Satine, son amie et seul soutien, disparait dans d’étranges circonstances. Violante, elle, se voit offrir une porte de sortie à ce demi-monde violent qui la retient prisonnière, mais décide malgré tout de prendre part aux investigations.
Premier roman de Floriane Soulas, Rouille a fait grand bruit sur les blogs et chaînes Youtube depuis sa sortie en 2018. J’envisageais de le lire mais c’est sa sélection parmi les finalistes du PLIB 2019 qui m’aura finalement conduit à le découvrir. Verdict : j’ai passé un bon moment dans cet univers steampunk même si quelques points m’ont un peu chagrinée.
Des descriptions efficaces pour un Paris sordide
La quatrième de couverture l’annonce dès la première ligne : c’est dans un Paris steampunk, à la toute fin du XIXe siècle, que cette histoire prend place. Il ne m’en faut pas plus pour activer mon imagination. Mais pour ceux qui ont du mal à se faire une idée de ce décor parisien, ne vous inquiétez pas, l’autrice sera là pour vous accompagner. Et elle le fait bien.
Les descriptions sont efficaces, l’atmosphère bien rendue. Ce sont des ruelles sombres que vous visiterez et vous croiserez bon nombre de prostituées, enfants des rues, drogués, sans domicile… et meurtriers. A tous les carrefours, je pensais tomber sur Jack l’Éventreur, Oliver Twist ou Princesse Sara (version bd) fuyant Londres. D’ailleurs pendant un temps, je me suis sérieusement demandée si le premier n’avait pas un lien avec l’enquête que mènera l’héroïne… Bref, vous voyez le tableau.
Rouille est emprunt d’un certain réalisme social et je ne peux que saluer Floriane Soulas pour ses peintures contextuelles, très visuelles. Certaines scènes se sont ancrées dans ma tête et y resteront un petit moment, celle dans les égouts sous l’usine, notamment.
Une jeune héroïne amnésique

C’est dans ce Paris gris, sordide, nauséabond, pauvre et grouillant que l’on découvre Violante, une jeune femme en quête de son passé. Elle a débarqué d’un dirigeable trois ans plus tôt, totalement amnésique. Le fil rouge du roman sera lié à sa recherche d’identité. Recueillie dès son arrivée dans la capitale par un proxénète, elle a vite intégré une maison close dans laquelle elle fait sensation mais s’attire les jalousies des autres prostituées.
Le quotidien devient encore plus sinistre lorsque l’on se rend compte que de nombreuses prostituées et enfants des rues disparaissent… et finissent par être retrouvé.e.s quelques jours plus tard, visiblement torturé.e.s et mutilé.e.s. Qui et pourquoi ? Et quelle est cette nouvelle drogue qui se répand dans les bas-fonds de la ville ?
Des personnages principaux peu crédibles
Si l’intrigue m’a bien accrochée grâce à un rythme plutôt soutenu, j’ai en revanche eu plus de mal avec les personnages, notamment les principaux (les secondaires étant assez anecdotiques bien qu’assez bien croqués).
Je ne les ai pas trouvés inintéressants, loin de là, mais trop peu crédibles. Dans ce monde cruel et sans pitié, on peut s’attendre à beaucoup de violence et à peu d’humanité. Chacun pour sa pomme, c’est la survie qui compte. Mais ce n’est pas tellement ce que dégage Violante et son entourage proche dans la maison close, notamment la maquerelle et les proxénètes. Ils sont finalement bien gentillets ces marchands d’humains. Je dirais même qu’ils ont un cœur gros comme ça mais que la vie fait que… Moui. J’ai du mal à croire aux bons sentiments de Léon et au capital charme de Jules. Et la relation que Violante entretient avec eux est plus qu’ambiguë. Oui ils lui ont offert un toit et un travail à son arrivée à Paris… mais dans une maison close (!) où elle est censée être prisonnière et pas franchement bien traitée. Alors le syndrome de Stockholm… Moui. Pour la liberté et l’épanouissement, on repassera.
J’ai en revanche apprécié l’identité du serial killer (l’homme de main). Pour le coup, j’ai trouvé sa personnalité plutôt bien pensée et en adéquation avec ses actes. C’est crédible. Comme la plupart des personnages secondaires d’ailleurs, mes préférés étant les enfants des rues que j’imaginais parfaitement portant béret, bretelles et nécessaire pour cirer les chaussures afin de se faire quelques menues pièces de monnaie.
Mais je ne boude pas mon plaisir, j’ai été divertie par cette lecture. Et si ce n’est quelques maladresses de style dues je pense, à l’envie de trop bien faire en utilisant des tournures de phrases et des mots de vocabulaires un peu poussifs, j’ai trouvé la plume très agréable et bien maîtrisée pour un premier roman. C’est plus que prometteur ! Si Floriane Soulas corrige ces quelques faiblesses dans ses prochains écrits (pour la construction de ses personnages principalement), nul doute que j’y trouverai largement mon compte.
Une lecture pour le #PLIB2019 !
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Je me laisserais bien tenter !
ce livre me tente depuis que je le vois sur de nombreux blogs. malheureusement, le constat est souvent le même à propos des personnages, et ce côté mièvre m’empêche de débuter la lecture.