Un Couple presque parfait de Marian KEYES
Un Couple presque parfait
de Marian KEYES
Milady,
2019, 700 p.
Première Publication (vo) : 2017
Pour l’acheter : Un Couple presque parfait
Marian Keyes, née en 1963 à Limerick (Irlande) est une écrivaine irlandaise. Elle est considérée comme l’une des fondatrices du « chick lit ». Elle a publié 12 livres qui ont été traduits dans 36 langues. Elle participe aussi à des débats télévisés et publie de nombreux articles dans la presse écrite. (Wikipedia)
♣ ♣ ♣
Le mari d’Amy, Hugh, dit qu’il n’a pas l’intention de la quitter.
Il l’aime toujours, il a juste besoin de mettre sur pause… leur mariage, leurs enfants et par-dessus tout, leur vie commune. Six mois pour se perdre en Asie du Sud-Est et Amy ne peut rien dire ou faire pour l’en empêcher.
Voilà qui suffit pour pousser Amy et les nombreux membres dérangés de sa famille recomposée au bord du précipice. Car beaucoup de choses peuvent arriver en six mois. Quand Hugh reviendra, s’il revient, sera-t-il toujours l’homme qu’elle a épousé ? Et Amy sera-t-elle toujours la même ? Parce que si Hugh fait un break… ça veut dire qu’Amy aussi, non ?
Marian Keyes semble être une autrice très appréciée, en Irlande et dans tous les pays où elle a été traduite. Je la découvre ici grâce à ce Couple presque parfait et je suis largement convaincue. Je pensais – à tort – que je lirais un énième titre de « chick-lit », une énième romance un peu niaise qui me ferait lever les yeux au ciel… mais non. Définitivement non. J’ai trouvé dans ce roman, des questionnements intéressants au sujet de l’amour, des personnages touchants et de belles émotions. Une très belle découverte donc !
Accepter le break/la séparation
Alors qu’ils s’aiment depuis 17 ans, Hugh et Amy font un break. Enfin, surtout Hugh. Après la mort d’un de ses proches amis et de son père bien-aimé, le quarantenaire ne sait plus où il en est, il sait qu’il aime toujours sa femme mais il ne peut plus continuer ainsi, il a besoin de partir loin pour se reconstruire, pour vivre de nouvelles aventures. Mise devant le fait accompli, Amy n’a d’autres choix que de serrer les dents et de continuer à vivre son quotidien, coûte que coûte.
Le boulot est toujours aussi épuisant, ses trois filles – adolescentes et jeunes adultes – ont toujours autant besoin d’elle, ses parents de plus en plus depuis qu’Alzheimer est entré dans leur vie, son ex (père de sa première fille) revient en force et les amis/voisins ne cessent de la harceler pour savoir ce qui se passe. Entre la colère, la tristesse, la jalousie, la fatigue et la culpabilité, Amy trouve malgré tout la force d’avancer, un pas après l’autre. Et les semaines, les mois passent.
La narration n’est pas tout à fait linéaire car, disséminés entre les chapitres présents (qui racontent le départ d’Hugh et tous les événements qui en découlent), le lecteur découvre quelques bribes du passé d’Amy. Son premier mariage, l’abandon subit à cause du père de sa première fille, la difficulté à remonter la pente en tant que très jeune mère célibataire, la rencontre avec le merveilleux Hugh… et des années plus tard, son attirance pour un journaliste londonien. Parce qu’on le découvre, Amy n’est peut-être pas si innocente que ça. Et si elle, n’a jamais franchi le pas, ne s’est jamais enfuie aux bras d’un autre homme, elle y a malgré tout déjà pensé.

Des personnages complexes qui prennent vie sous nos yeux
Marian Keyes nous offre des personnages qui ont du relief et assez de complexité pour en faire des figures tangibles, presque réelles et donc particulièrement touchantes. A commencer par Amy évidemment, qui m’a touchée plus d’une fois, qui m’a parfois un peu déçue, parfois impressionnée et que j’ai toujours trouvée très humaine.
Même s’il est absent de la plus grande partie du roman, sa présence plane pourtant sur l’ensemble et même si on peut avoir un avis tranché sur son comportement, je n’ai jamais réussi à en vouloir à Hugh. Je crois même que j’ai compris ses choix, ses peines, ses forces et ses faiblesses. Lui aussi est presque devenu un être de chair et de sang sous mes yeux.
Et que dire de tous les personnages secondaires ! Secondaires peut-être mais indispensables à l’intrigue et certainement pas moins bien traités que les principaux, au contraire même ! Qu’il s’agisse des filles du couple, des parents, des collègues ou des amis, tous ont un petit quelque chose, une petite étincelle de vie qui les rendent palpables.
J’ai adoré la mère d’Amy, une grand-mère 2.0 à mourir de rire ; j’ai été émue par la dernière fille (adoptive) du couple qui se bat avec plusieurs problèmes (anorexie, avortement…) ; j’ai souri lorsqu’une des amies d’Amy décrit le cauchemar qu’elle vit à cause de ses deux petites jumelles hyperactives ; j’ai réfléchi à la relation que notre héroïne commence à entretenir avec un autre homme que son mari…
Est-ce que l’amour peut durer toujours et traverser toutes les épreuves ?
L’autrice revient sur la question de l’amour qui dure (ou pas). Comment faire durer les relations ? Comment traverser les épreuves du quotidien et se relever sans se perdre et perdre l’autre dans la bataille ? Comment contourner la routine ? Faut-il d’ailleurs absolument la fuir ? Peut-on céder aux tentations extérieures ?
Je ne sais pas si j’ai trouvé des réponses à toutes ces questions mais j’ai pu avoir quelques pistes de réflexions, quelques tentatives de compréhension, grâce au vécu des personnages. Et je crois que j’ai tout de même appris quelques petites choses grâce à eux.
J’ai apprécié la plume de Marian Keyes. J’y ai trouvé juste ce qu’il faut d’humour, d’émotions et de sensibilité. Je n’ai pas eu de mal à me laisser transporter dans cette famille de la classe moyenne de la banlieue de Dublin et j’ai rapidement réussi à visualiser les scènes de leur quotidien.
Le seul petit bémol que j’ai pu relever pendant cette lecture est lié à un souci de dates. Les chapitres « flash-back » sont annotés en ouverture d’une phrase qui rappelle la chronologie : « 16 mois auparavant » par exemple. Sauf qu’à plusieurs reprises, les « 16 mois » se transforment en « 6 mois » ce qui ne correspond a priori pas du tout à l’intrigue. Alors problème de traduction ou erreur dans le texte d’origine ? Dans tous les cas rien de grave, vous ferez vite la correction par vous-mêmes.
Bref, j’ai été touchée. J’ai été traversée par tout un tas de sentiments, d’émotions et de réflexions face aux scènes de la vie quotidienne décrites par Marian Keyes. L’autrice nous offre un zoom sur la vie d’une famille et de ses proches, tout un tas de personnages qui vivent des situations parfois drôles, parfois tristes, parfois légères, parfois difficiles… Des figures qui vivent et évoluent sous nos yeux.
Merci aux éditions Milady pour cette découverte !
Ping : [BILAN] Avril 2019 ⋆ BAZAR DE LA LITTERATURE