Cupidon a des ailes en carton de Raphaëlle GIORDANO
Cupidon a des ailes en carton
de Raphaëlle GIORDANO
Editions Plon,
2019, 408 p.
Première Publication : 2019
Pour l’acheter : Cupidon a des ailes en carton
Écrivain, spécialiste en créativité et développement personnel, Raphaëlle Giordano est l’auteure de Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une, premier roman phénomène, vendu à plus de 2 millions d’exemplaires en France et traduit dans plus de trente pays, suivi par Le jour où les lions mangeront de la salade verte.
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Meredith aime Antoine. Éperdument. Mais elle n’est pas prête. Comédienne en devenir, ayant l’impression d’être encore une esquisse d’elle-même, elle veut éviter à leur histoire de tomber dans les mauvais pièges de Cupidon. Alors, il lui faut se poser les bonnes questions : comment s’aimer mieux soi-même, aimer l’autre à la bonne distance, le comprendre, faire vivre la flamme du désir ? Meredith pressent qu’avec ce qu’il faut de travail, d’efforts et d’ouverture, on peut améliorer sa capacité à aimer, son » Amourability « .
Son idée ? Profiter de sa prochaine tournée avec sa meilleure amie Rose, pour entreprendre une sorte de » Love Tour « . Un tour du Moi, un tour du Nous, un tour de l’Amour.
Aussi, afin de se préparer à vivre pleinement le grand amour avec Antoine, elle doit s’éloigner. Prendre le risque de le perdre pour mieux le retrouver. Ils se donnent 6 mois et 1 jour. Le compte à rebours est lancé, rythmé par les facéties de Cupidon.
Meredith trouvera-t-elle ses réponses avant qu’il ne soit trop tard ?
Le mélange intéressant du roman et du développement personnel
Ta deuxième vie commence quand tu comprends que tu n’en as qu’une est le titre qui a révélé Raphaëlle Giordano. Je ne l’ai pas lu et en ai eu des retours tantôt éblouis, tantôt franchement déçus. Mais curieuse, j’avais envie de découvrir ce que l’autrice propose et ce qui plaît tant à certains dans ses livres. Je me suis donc lancée dans Cupidon a des ailes en carton, sans a priori, avec le sourire et ouverture d’esprit. Et j’ai été plutôt agréablement surprise par ce que j’y ai trouvé.
La particularité de ce titre – et des anciens, il me semble – c’est le mélange assez intéressant entre le roman (une intrigue fictionnelle) et le développement personnel (une réflexion plus « pratique » sur un sujet en particulier) ; la fiction illustrant la réflexion, évidemment.
Ici, sans surprise, Raphaëlle Giordano nous parle d’amour. Et elle nous en parle de façon « raisonnée », principalement à travers la quête un peu étrange de Meredith, l’héroïne au premier plan dans ce roman.
Une héroïne trentenaire qui se cherche
La jeune trentenaire rêve de brûler les planches. Comédienne talentueuse mais ne s’étant pas encore fait un nom, Meredith manque cruellement de confiance en elle et se cherche. Elle aime Antoine, brillant homme d’affaire bien sous tout rapport, mais elle doute de l’amour qu’il peut lui porter, ne comprenant pas ce qu’il peut lui trouver. Et surtout, elle doute de pouvoir l’aimer correctement.
Alors Meredith a une idée, elle va partir sur les routes pendant 6 mois et 1 jour, pour tenter de comprendre ce qu’elle ressent vraiment et surtout, pour trouver qui elle est et se prouver ce qu’elle vaut. Car selon sa théorie – que l’on découvre petit à petit – il faut s’aimer soi-même (et s’aimer bien) avant d’aimer l’autre (et de l’aimer bien). C’est la clef pour éviter les relations malsaines de dépendance affective, de jalousie maladive liée à un besoin de posséder entièrement l’autre…

Comment bien aimer et bien être aimé ?
Autant de réflexions que j’ai déjà eu plusieurs fois au cours de ces dernières années et que je tente de mettre en pratique dès que l’occasion se présente. On peut donc dire que j’ai eu quelques atomes crochus avec l’héroïne et, plus globalement, avec la réflexion amenée par Raphaëlle Giordano.
Mais je peux comprendre que cette intellectualisation du sentiment amoureux soit un peu déstabilisante. Après tout on parle d’émotions, de sentiments et donc de choses a priori difficiles à rationaliser. C’est presque enlever l’essence même de l’amour, sa spontanéité et son intensité que de vouloir tout contrôler. Peut-être. Ou pas.
Etant ce genre de personnes très paradoxales qui tentent à la fois d’appliquer la théorie présentée ici mais qui possèdent également un caractère passionné et entier, je suis bien incapable de répondre.
Mais je pense que se questionner sur ses sentiments, sur sa façon d’aimer (soi, le monde, les autres), ça ne peut qu’être bénéfique ou en tout cas pas nocif. Prendre du recul aide souvent à se sortir de situations que l’on pourrait juger inextricables de prime abord.
Pas une mais… trois héros et donc trois narrations !
Le roman gagne en intérêt grâce aux trois voix narratives mises en place par l’autrice. Celle de Meredith évidemment, mais aussi celle d’Antoine – qui m’a semblé un peu fade, je l’avoue – et celle de Rose, la meilleure amie qui relie les deux et que j’ai vraiment beaucoup aimée. C’est la touche de légèreté et de fraîcheur de l’histoire, le pilier indispensable. Elle a elle-même une vision assez précise de l’amour, certainement une vision qui n’est pas la bonne… mais elle apprend elle aussi de la quête de Meredith puisqu’elle la suit sur les routes, meilleure amie dans la vie et comédienne partenaire pour leur duo sur les planches.
J’ai sincèrement passé un moment agréable avec ce livre auquel je n’ai pas grand chose à reprocher si ce n’est ce petit côté « too much » que j’ai parfois ressenti à la lecture de certaines scènes. Il faut bien avouer que certains éléments scénaristiques : l’oiseau surdoué, le gardien du parc bon samaritain… sont trop peu crédibles et donc à la limite du ridicule. Mais l’autrice a su équilibrer son récit, alors heureusement, on ne franchit jamais la marche de trop.
Je ne sais pas si je lirai les autres livres de Raphaëlle Giordano mais celui-ci m’a apporté quelques heures d’évasion. C’est plutôt frais et divertissant, et en même temps aidant voire salvateur pour ceux qui auraient besoin de se poser quelques questions sur leur façon d’aimer/être aimé (leur « amourability »)… à condition de valider les théories de l’autrice (ce qui est mon cas).
Merci à Plon pour la découverte !
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