Homo Deus, une brève histoire de l’avenir de Yuval Noah HARARI
Homo Deus,
Une Brève histoire de l’avenir
de Yuval Noah HARARI
Audible
Lu par Philippe SOLLIER
2017, 854mn
Première Publication (vo) : 2016
Pour l’acheter : Homo Deus
Yuval Noah Harari, né le à Kiryat Ata, est un historien et professeur d’histoire israélien, auteur du best-seller international Sapiens : Une brève histoire de l’humanité et de sa suite Homo Deus : Une brève histoire de l’avenir. Il enseigne au département d’histoire de l’université hébraïque de Jérusalem. (Wikipédia)
♣ Sapiens ♣
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Sapiens retraçait l’histoire de l’humanité. Homo Deus interroge son avenir. Que deviendront nos démocraties quand Google et Facebook connaîtront nos goûts et nos préférences politiques mieux que nous-mêmes ? Qu’adviendra-t-il de l’Etat providence lorsque nous, les humains, serons évincés du marché de l’emploi par des ordinateurs plus performants ? Quelle utilisation certaines religions feront-elles de la manipulation génétique ? Homo Deus nous dévoile ce que sera le monde d’aujourd’hui lorsque, à nos mythes collectifs tels que les dieux, l’argent, l’égalité et la liberté, s’allieront de nouvelles technologies démiurgiques. Et que les algorithmes, de plus en plus intelligents, pourront se passer de notre pouvoir de décision. Car, tandis que l’Homo Sapiens devient un Homo Deus, nous nous forgeons un nouveau destin.
Comme beaucoup, j’ai adoré Sapiens, une brève histoire de l’humanité. Alors comme beaucoup, j’étais curieuse de découvrir le deuxième « volume » (mais que l’on peut lire indépendamment) concocté par Yuval Noah Harari. Mais, et je ne suis a priori pas la seule, j’ai été un peu moins emballée par cette suite que j’ai trouvé un petit peu moins claire dans les explications… et assez sombre dans les hypothèses.
Alors que Sapiens offrait une vue d’ensemble des 70 000 ans de l’humanité – des prémisses du Sapiens au début du XXIe siècle – et s’appuyait donc sur des faits archéologiques et historiques ; Homo Deus propose des futurs hypothétiques à cette humanité qui continue d’évoluer. Yuval Noah Harari se base sur le passé pour « prédire » l’avenir plus ou moins proche (les 100 prochaines années et pas bien plus) et le moins que l’on puisse dire, c’est que ce n’est pas très joyeux.

L’auteur – enseignant à la base – part du constat que le Sapiens est parvenu ces dernières dizaines d’années, à combattre la grande majorité des maladies (ou est en passe de le faire) et à réduire la mortalité liée aux guerres et à la famine (ou en tout cas, il sait comment faire mais s’il n’applique pas la solution, c’est qu’elle n’a pas d’intérêt – économique notamment – direct). La prochaine étape logique est l’obtention de l’immortalité. Les progrès scientifiques ne cessent de s’accélérer, la vie éternelle est à nos portes. Mais comment l’atteindre ? Qui y aura droit ? Et finalement, à quoi bon ? L’autre hypothèse de Yuval Noah Harari étant que l’Homme mènera une quête effrénée du Bonheur.
Les deux cheminements étant intimement lié à l’utilisation de plus en plus systématisée et massive des algorithmes. L’intelligence artificielle est déjà plus que performante dans bien des domaines, mais qu’en sera-t-il dans quelques dizaines d’années. Si les algorithmes intelligents – mais non conscients, c’est ce qui les différencie de nous – dépassent les capacités de tous les Sapiens, qu’allons-nous devenir ?
La force de Yuval Noah Harari est dans sa facilité à vulgariser les théories les plus complexes. Par des termes simples – mais non simplistes – l’auteur offre un texte abordable bien qu’un peu moins évident tout de même que Sapiens, à mon avis. Pour parvenir à ses fins et appuyer ses hypothèses, il fait intervenir de nombreux exemples et démonstrations. Si vous avez lu Sapiens, vous retrouverez peut-être quelques réflexions et sentirez donc peut-être légèrement une redondance. Mais ce n’est pas inutile à mon avis, il faut ce qu’il faut pour digérer toutes les idées proposées par l’enseignant.
Alors finalement, pourquoi ai-je pris moins de plaisir à l’écoute de Homo Deus ? Peut-être parce que là, dans Sapiens, où j’avais senti de l’espoir, je n’ai pas vu beaucoup de lumière dans Homo Deus. Les auteurs de science-fiction et d’anticipation ne vont pas chercher leurs idées bien loin, il suffit de compulser quelques travaux scientifiques pour imaginer un futur hypothétique qui ne sera pas loin de la réalité.
Des disparités toujours plus fortes entre milliards de pauvres hères et riches nantis que l’on compte sur les doigts d’une main ; compétitivité toujours plus accrue ; algorithmes toujours de plus en plus présents dans notre intimité, capables de mieux nous connaître (grâce aux réseaux sociaux) que ne le font nos plus proches parents et amis ; quête quasi impossible du Bonheur puisque le Sapiens repousse ses désirs toujours plus loin, entretenant l’insatisfaction ; déclin de l’humanisme pour une religion dataïste où les données auront tous les pouvoirs (n’est-ce pas déjà le cas?)… Bref, ça ne fait pas rêver.
Mais Yuval Noah Harari le répète, ce ne sont que des hypothèses et il ne tient qu’à nous, Sapiens, de prendre les bonnes décisions et d’infléchir notre avenir, en toute conscience.
Si j’ai préféré Sapiens, l’écoute de Homo Deus n’aura pas été vaine. Grâce à Yuval Noah Harari, j’ai pris conscience de quelques réalités, j’ai retiré mes œillères et je suis dorénavant mieux armée pour affronter et peut-être changer, je l’espère, l’avenir qui me tend les bras.
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