Du feu de l’enfer de SIRE CEDRIC
Du feu de l’enfer
de SIRE CEDRIC
France Loisirs,
2018, 682 p.
Première Publication : 2017
Pour l’acheter : Du feu de l’enfer
SIRE CEDRIC, né le à Saint-Gaudens, est un écrivain français auteur de thriller. Après des études d’anglais, il travaille quelques années dans le milieu de l’édition, du journalisme et de la traduction, tout en publiant dans les pages de magazines des nouvelles fantastiques et policières, fortement inspirées par des auteurs tels que Stephen King, Clive Barker ou encore Edgar Allan Poe. (Wikipédia)
♣ De fièvre et de sang ♣
♣ L’Enfant des cimetières ♣
♣ Le Jeu de l’ombre ♣
♣ ♣ ♣
Manon maquille les cadavres, Ariel maquille les voitures. Elle est thanatopractrice, il est délinquant. Ils sont frère et soeur. Un jour, l’une des combines d’Ariel tourne mal et Manon se retrouve complice malgré elle. Lorsque les assassinats les plus sordides s’accumulent autour d’eux, traçant un jeu de piste sanglant vers une secte satanique, le capitaine Raynal s’intéresse à leur cas. Commence alors une traque qui brouillera les limites entre alliés et prédateurs et mettra à l’épreuve les liens du sang.
Sire Cédric est sans doute un des premiers auteurs de thriller français que j’ai eu l’occasion de découvrir. Je n’ai pas lu tous ces titres, mais tout de même quelques-uns. De son tout premier titre horrifique Angemort à ce Feu de l’enfer, une dizaine d’années s’est écoulée et l’auteur a su profiter de l’expérience accumulée.
Assez classique dans l’intrigue mais terriblement efficace, Du feu de l’enfer est un page-turner difficile à lâcher. Peut-être le meilleur de Sire Cédric. A mon avis.
Deux héros dans ce roman. Un frère et une sœur que tout oppose. Elle, Manon, l’aînée de quelques mois, est une travailleuse responsable et sans histoire. Lui, Ariel, le cadet, multiplie les petits coups foireux, mêlé à des petits trafics sans conséquence jusqu’au jour où… il croise le chemin d’individus qu’il vaudrait mieux ne jamais contrarier.
Ariel tambourine un soir à la porte de sa sœur, à la recherche d’un refuge. Il vient de se disputer avec sa petite-amie (une fois de plus) et n’a aucun endroit où dormir. Manon voudrait refuser mais elle n’y parvient pas, alors elle autorise finalement cet insupportable frère à dormir sur son canapé. Elle est réveillée quelques heures plus tard par du sang qui dégouline de son plafond et atterrit directement sur son lit ! Son voisin du dessus et ami, semble s’être donné la mort pendant la nuit. Ariel s’enfuit en courant, ne voulant surtout pas avoir à faire à la police venue constater le décès. Et tout s’accélère.
Témoins des agissements d’une secte rassemblant de puissantes personnalités, Manon et Ariel s’enfoncent toujours un peu plus loin dans les intrigues, les délits et les ennuis. Plus de retour en arrière possible, mais comment échapper aux menaces de ces fous que rien ne semble pouvoir arrêter ?

Comme je le disais en introduction, l’intrigue reste assez classique mais diablement efficace. Le rythme monte crescendo et le roman devient rapidement addictif. Difficile de le lâcher, le lecteur veut connaître la suite de l’aventure et le dénouement de celle-ci. La faute sans doute à un style simple mais immersif et percutant ; et surtout, la faute à des chapitres très courts qu’on ne peut s’empêcher de dévorer (« Allez, encore un petit dernier avant de dormir !… »).
On se retrouve pris dans cette histoire et on essaye, comme Manon et Ariel, auprès des deux héros, de s’extraire des embrouilles. Mais malheureusement pour le lecteur que nous sommes, le frère et la sœur semblent toujours prendre les pires décisions… mais heureusement sans doute, l’aventure n’en est que plus intense.
Plus que l’intrigue, rondement menée, ce sont peut-être les personnages que j’ai le plus appréciés ici. Manon notamment, qui connaît une évolution particulièrement intéressante. De la jeune adulte responsable avec la tête sur les épaules, elle glisse petit à petit vers des zones un peu plus sombres. La fin justifie les moyens ? Peut-être.
Ariel est peut-être un peu plus banal. C’est une figure qui est exactement là où on l’attend… même dans ses tentatives de retournements de veste. Mais sa présence est indispensable à la bonne marche de l’histoire, c’est l’autre versant de Manon, son exact contraire (ou peut-être pas).
Les autres personnages me semblent aussi assez classiques dans leur traitement et leur utilisation même si le lecteur peut douter très longtemps de ce qu’ils ont vraiment dans le ventre. Des lecteurs habitués au thriller percevront peut-être quelques ficelles avant les révélations finales mais je me suis facilement laissée prendre au jeu.
Si j’ai un tout petit bémol à apporter à ma lecture, c’est peut-être l’utilisation d’un élément narratif qui ne m’a pas paru très justifiée. Pendant une bonne partie du roman, Sire Cédric insiste sur un événement survenu dans l’enfance de nos deux héros. Événement qui semble d’une importance capitale. Je m’attendais à une révélation assez cataclysmique mais j’ai été déçue par la teneur de ce souvenir marquant. Je trouve même qu’il n’a pas forcément beaucoup d’intérêt (en tout cas bien moins que ce que l’on peut imaginer). Bien sûr, je suis consciente que les traumatismes de notre enfance nous construisent en tant qu’adultes et sont une part de nous que l’on ne peut sans doute pas effacer… mais je m’attendais à autre chose.
Sire Cédric s’éloigne ici de l’horreur surnaturelle que l’on pouvait trouver dans ses précédents titres. Oui, on peut en conclure que la touche d’originalité propre à l’auteur est effacée mais le résultat est à mon goût, plus efficace. En se tournant davantage vers le réalisme et la vraisemblance, Sire Cédric devient peut-être un auteur de thriller plus « classique » mais il touche ainsi un public plus large et gagne en force et en intensité. Une intrigue efficace + une plume bien affûtée = un page-turner que l’on dévore en quelques heures !
Ayant l’âme sensible, j’ai un peu peur que ce soit un peu trop « dur » pour moi
Il y a 2 ou 3 scènes assez difficiles (du sang, d’autres fluides ou des situations angoissantes de courses-poursuites) mais dans l’ensemble ça va, c’est supportable je trouve. 🙂