Noces d’éternité de Aude RECO
Noces d’éternité
de Aude RECO
Editions du Petit Caveau,
2015, 75 p.
Première Publication : 2015
Pour l’acheter : sur le site de l’éditeur !
29 ans, blogueuse, écrivain fêlée à ses heures et accro au café. Officie dans le milieu de la SFFF. Aime le papier parce qu’on peut jouer avec. Et puis les défis. Et se rendre la vie impossible. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? (Son Site)
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Angleterre, année 1890…Ellen Covert vit dans un manoir victorien sujet à d’étranges manifestations : empreintes de pas mouillés, robe de mariée qui saigne,… L’atmosphère se charge de mystère jusqu’au jour où son futur époux est retrouvé mort au matin de ses noces. En dépit des conventions, Ellen enquête sur le mystère de la demeure et sur celui qui entoure sa propre personne. Dépourvue de droits, elle se heurte aux secrets de son père et à la mort mystérieuse d’une esclave. Perdue entre intimes convictions et troubles, elle s’apercevra que le plus grand danger ne vient pas d’où elle pense…
Attirée par la magnifique couverture – signée Alexandra V. Bach – et par la promesse d’un titre gothique, j’étais assez curieuse de me plonger dans cette novella. J’ai profité du Pumpkin Autumn Challenge pour la sortir de ma bibliothèque.
Plusieurs qualités dans cette publication mais aussi quelques défauts qui gâchent un peu les premières ; dommage. Lue en à peine une heure… et tout aussi vite oubliée, malheureusement.
Si je dois reconnaître une qualité au texte proposé par Aude Réco, c’est son intrigue certes assez classique mais qui a le mérite d’entretenir le suspens et la curiosité du lecteur jusqu’aux dernières lignes. Il est ici question d’apparitions surnaturelles, de cauchemars répétés, de secrets de famille et de malédiction. L’ensemble fonctionne et je n’ai pas été déçue par les révélations que l’autrice nous propose au fil des pages.
L’atmosphère qui se dégage de la lecture est elle aussi un bon point, à mon goût. Un vieux manoir dans la campagne anglaise de la toute fin du XIXe siècle, les falaises, l’océan pas loin, une histoire de mariage, des domestiques un peu louches… j’ai plusieurs fois pensé à La Vénus d’Ille de Prosper Mérimée, un des textes fondateurs de la littérature fantastique en France. La comparaison est plutôt flatteuse mais je trouve qu’elle est assez justifiée. Je n’ai eu aucun mal à m’imaginer dans cette ambiance gothique et ce, dès les premières pages.

En revanche, la comparaison s’arrête là. N’est pas Prosper Mérimée qui veut et j’ai trouvé le style d’Aude Réco assez maladroit. J’ai parfois eu l’impression que l’autrice voulait si bien faire qu’elle avait essayé de travailler sa plume à l’excès ce qui donne un résultat sinon complètement bancal, du moins trop peu naturel. Certains auteurs réussissent très bien l’exercice et réussissent à multiplier les tournures de phrases un peu alambiquées mais j’ai tendance à penser que la simplicité est souvent l’amie du bien.
Ce n’est pas un défaut insurmontable, la preuve en est que j’ai mené ma lecture au bout et que j’ai apprécié l’intrigue donc…
Par contre, les personnages n’ont pas su me séduire. Je ne sais pas si c’est moi qui n’ai pas réussi à comprendre leur personnalité, mais j’ai parfois eu l’impression qu’ils étaient schizophrènes. Le père de l’héroïne notamment. Au début j’ai cru lire que c’était un père aimant, plutôt attentionné et protecteur au sujet de sa fille ; un père célibataire qui lui avait offert une bonne éducation et avait réussi à remplacer une mère absente. Or, à peine quelques pages plus loin, il se transforme en tyran effrayant et presque violent. Je veux bien qu’il y ait une histoire de malédiction/fantôme (et presque de « possession »), ce qui pourrait expliquer les caractères changeants… mais quand même !
J’ai eu le même sentiment pour d’autres personnages (les domestiques) et même l’héroïne m’a parfois semblé avoir une personnalité floue. Comme si l’autrice n’avait elle-même pas vraiment réussi à définir les caractères de ses héros donc ne pouvait donc pas ensuite, les retranscrire à son lectorat. Ce qui donne finalement des personnages trop peu crédibles et des situations difficiles à saisir.
Moins de 80 pages pour une histoire, ce n’est pas un exercice facile. Si j’ai été convaincue par l’intrigue – classique mais efficace – et par l’ambiance gothique bien dépeinte, j’ai en revanche eu plus de mal avec les personnages trop flous et avec le style maladroit. Aude Réco est peut-être plus habile dans la construction de ses héros lorsqu’elle peut étaler son récit sur quelques centaines de pages supplémentaires… cela mériterait de jeter un œil à ses autres publications. A l’occasion pourquoi pas.
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