L’éternel retour de Sylvain TESSON

L’éternel retour
de Sylvain TESSON

Folio 2€,
2014, 89 p.

Première Publication : 2009

 

Pour l’acheter : L’éternel retour

 

Sylvain Tesson est un écrivain et voyageur français né le  à Paris. Il est le fils de Marie-Claude et Philippe Tesson et le frère de la comédienne Stéphanie Tesson et de la journaliste d’art Daphné Tesson. Géographe de formation, il effectue en 1991 sa première expédition en Islande, suivie en 1993 d’un tour du monde à vélo avec Alexandre Poussin. C’est là le début de sa vie d’aventurier. Il traverse également les steppes d’Asie centrale à cheval avec l’exploratrice Priscilla Telmon, dont il fut le compagnon pendant de nombreuses années, sur plus de 3000 km du Kazakhstan à l’Ouzbekistan. En 2004, il reprend l’itinéraire des évadés du goulag en suivant le récit de Slavomir Rawicz : The Long Walk (1955). Ce périple l’emmène de la Sibérie jusqu’en Inde à pied…

 

♣ ♣ ♣

 

En Sibérie, dans le Dorset anglais ou au cœur des montagnes de Géorgie, les lois du destin et les forces de la nature sont plus puissantes que les désirs et les espérances : les héros de ces nouvelles ne devraient jamais l’oublier. 
Cinq nouvelles, cinq gifles étourdissantes et toniques, cinq invitations à méditer sur l’homme et la nature.


Sylvain Tesson, quel grand nom de la littérature de voyage ! Ne sachant pas par quel roman commencer la découverte de cet auteur, j’ai pris un chemin détourné en me plongeant dans un court recueil de nouvelles. Format bref difficile à appréhender, je trouve qu’il est un bon indicateur et permet de se faire une idée du style et de l’imaginaire des écrivains.
Et alors que je n’étais pas très friande des nouvelles voilà 10 ans, c’est aujourd’hui un genre que j’affectionne particulièrement… et ce n’est pas Sylvain Tesson qui va me faire changer d’avis !

Sylvain TESSON, portrait trouvé sur A/R Magazine (2011).

Moins de 100 pages dans lesquelles se succèdent 5 courtes histoires qui, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne parlent pas de voyages… mais font tout de même voyager puisqu’elles prennent chacune place dans des contrées plus ou moins lointaines et plus ou moins exotiques. De la Géorgie rurale aux plages d’une île déserte en passant par la vue fracassante d’un phare en Bretagne, Sylvain Tesson nous livre les péripéties d’une poignée de personnages et, à la manière d’un conteur, il nous offre des histoires atemporelles et puissantes.

  • La première nouvelle – L’Asphalte – m’a tout de suite fait penser à un conte et m’a donné envie de la comparer aux courtes histoires de Luis Sepulveda et John Steinbeck, respectivement les auteurs du Vieux qui lisait des romans d’amour et de La Perle. Avec Sylvain Tesson point d’Amérique latine mais la Géorgie et ses chemins de terre peu praticables. L’avenir d’un village va se trouver complètement transformé par l’arrivée d’une route goudronnée qui le relie efficacement à la grande ville. La chute est brillante. Un petit coup de poing.
  • Un peu moins surprenante dans sa conclusion mais très forte dans le discours, la nouvelle Les Porcs offre le témoignage d’un exploitant de porcs qui ouvre les yeux sur l’horreur qu’est devenu son élevage en se « modernisant ». La première personne du singulier permet une assez grande empathie et donc pas mal d’émotions.
  • Le Lac est sans doute le texte que j’ai préféré. C’est la nouvelle centrale. On y découvre, à la troisième personne du singulier, la vie quotidienne d’un homme – Piotr – qui vit seul au monde au milieu d’une forêt enneigée. Loin de tout (à part des bêtes sauvages) depuis des années, il décompte pourtant le nombre de jours qui lui reste avant de retrouver la vie civilisée. Ce sera dans 20 jours exactement. Pourquoi cette date ? Et qui est cet homme ? Chaque jour un court paragraphe nous résume ce qu’il s’est passé… jusqu’au jour -J. J’ai ressenti comme une sorte d’urgence, une accélération. Et surtout l’idée que le destin nous rattrape toujours. Inexorable.
  • La quatrième nouvelle – baptisée L’Ile – est elle aussi assez passionnante. Je ne sais pas trop à quelle époque on peut dater les faits, ni même dans quel endroit exact ils prennent place… mais cela participe au côté atemporel du récit, typique du conte. Un bateau fait naufrage, à peine une dizaine de matelots survivent. La vie s’organise au fil des jours sur l’île déserte, chacun apporte sa spécialité. L’ennui pointe malgré tout le bout de son nez mais un homme trouve la solution : chaque soir il raconte une histoire et devient comme une sorte de dieu pour ses camarades jusqu’au jour où… la chute est assez étonnante. D’une simplicité qui frise le ridicule. Mais très percutante.
  • Le Phare ferme le recueil et c’est peut-être l’histoire qui m’a le moins séduite, malheureusement. Dans un phare, la veille de Noël, deux cultures différentes s’apprivoisent à travers deux hommes : un Breton et un Russe. Malgré la chute qui est la seule « positive » du recueil (qui apporte un peu d’espoir) et qui donne d’ailleurs son titre à celui-ci, c’est le texte que j’ai trouvé le moins marquant.

Comme vous pouvez le constater, cinq textes qui n’ont pas grand chose en commun si ce n’est le talent de conteur de Sylvain Tesson. Le style est simple mais toujours percutant, les descriptions sont hyper efficaces… c’est immersif dès la première phrase, un régal !

100 pages, 5 nouvelles, 5 contes qui nous rappellent l’inexorabilité du destin, la cruauté de certaines situations, la bêtise de certains hommes mais aussi le possible rapprochement de cultures que tout oppose. Sylvain Tesson, je suis conquise.

 

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