Les Eveilleurs, Tome 1 : Salicande de Pauline ALPHEN
Les Eveilleurs,
Tome 1 : Salicande
de Pauline ALPHEN
Hachette,
2010, 516 p.
Première Publication : 2009
Pour l’acheter : Les Eveilleurs, Tome 1
Pauline Alphen est une auteur franco-brésilienne, née à Rio de Janeiro au Brésil en 1961. Elle a remporté le prix Imaginales des collégiens et le prix Elbakin.net du meilleur roman fantasy français jeunesse, en 2010, pour Salicande, tome 1 de sa série Les Éveilleurs. (Wikipédia)
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Claris a 12 ans et vit avec son père, Eben, et son frère jumeau, Jad, dans une vallée reculée et protégée par des montagnes d’accès difficile. Malgré la disparition précoce de leur mère et la mélancolie de leur père, malgré le handicap de son jumeau, Claris est une jeune fille enjouée, téméraire, qui rêve d’aventures. Des aventures comme celles qu’elle lit dans les livres de la tour interdite où s’est réfugié son père depuis la disparition de sa femme, des aventures comme celle que lui lisait sa mère, des aventures comme celles que son jumeau, handicapé, ne peut pas vivre. Mais Claris est persuadée que les aventures n’arrivent jamais aux filles. L’avenir va lui montrer qu’elle ne peut pas se tromper davantage…
Sorti voilà quasiment 10 ans, le premier tome des Eveilleurs a mis du temps pour arriver jusqu’à moi. Mais mieux vaut tard que jamais. Vous l’avez sélectionné lors du lancement du dernier numéro de mon challenge Wild PAL et j’en ai profité pour en faire une petite lecture commune. Salicande est un tome d’ouverture surprenant sur bien des points et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il appelle urgemment la suite (que je n’ai pas, pas de bol !).
En me plongeant dans cette série, je m’attendais à trouver de la littérature jeunesse fantasy classique. C’est à dire un monde imaginaire dans lequel un ou des jeunes héros seraient choisis pour remplir une mission et combattre le Mal. En gros. Mais alors PAS DU TOUT.
Pour commencer, et c’est un des points forts du récit, il ne s’agit pas de fantasy. Au fil des pages, le lecteur comprend avec surprise – et horreur peut-être un peu – que l’univers qu’il découvre est en fait une projection de notre futur. La planète a quasiment été détruite par la folie des Hommes, incapables d’en prendre soin en protégeant la faune et la flore. Plusieurs périodes de catastrophes écologiques et humaines se sont succédé (apparemment on accorde pas… ce qui est très moche !), jusqu’à l’établissement d’une société presque médiévale (toute la technologie a disparu) où la magie n’a pas bonne presse mais est malgré tout présente, notamment grâce à des dons parapsychiques.
Alors, science-fiction, fantasy ou bien… science fantasy ? Inutile de vouloir à tout prix coller des étiquettes à chaque roman mais vous risquez d’être surpris.

Pauline Alphen aborde donc le thème de l’écologie. Pas d’une manière très subtile, c’est certain, mais de façon assez crédible et presqu’effrayante. Les éléments du passé nous sont livrés au compte goutte grâce à l’apprentissage de nos deux héros qui commencent à se questionner sur leur monde et son évolution. Ce n’est pas linéaire, tout n’est pas offert sur un plateau, les pièces du puzzle s’emboîtent petit à petit et c’est assez passionnant à découvrir.
Malgré tout, de très nombreuses questions restent encore en suspens alors que l’on tourne la dernière page. Je dirais même – étant donné les scènes finales – que l’autrice nous laisse avec bien peu de réponses et encore plus de questionnements !
C’est un petit bémol que certains lecteurs ont relevé. Finalement, alors que ce premier volet s’étale sur plus de 500 pages, qu’en est-il vraiment de l’avancée de l’histoire ? Il est vrai que si plusieurs mois se sont écoulés entre la rencontre des jumeaux à la première ligne et les difficultés qu’ils rencontrent dans les dernières pages, on n’est finalement pas bien plus avancé sur leur rôle et leur destin… on ne sait toujours pas où Pauline Alphen veut en venir ? Qu’est-il arrivé à leur mère ? Pourquoi possèdent-ils quelques talents ? Pourquoi sont-ils importants pour la suite des événements ? On ne sait… pas grand chose. Et pourtant, j’ai adoré ce premier tome et je n’ai pas vu passer ces 500 pages !
Pourquoi ? Parce que nous, lecteurs, nous nous retrouvons auprès des personnages et nous les voyons évoluer sous nos yeux. Ils sont crédibles, palpables, vivants. Ils sont pourtant nombreux à défiler devant nous et pourtant, chacun possède des traits de caractère bien précis, une personnalité complexe et finalement bien assez de relief pour qu’ils nous paraissent réels. Et quand je me plonge dans un livre, la proximité avec les personnages, c’est vraiment ce qui compte le plus pour moi. J’ai besoin de les matérialiser, j’ai besoin d’y croire. C’est parfaitement le cas ici et je ne doute pas que les tomes suivants apporteront encore plus de nuances à chacune des figures créées par Pauline Alphen. J’ai hâte !
Au début effacé, Jad est un jeune garçon à la santé fragile qui va pourtant prendre beaucoup d’assurance et passer sur le devant de la scène. Il récolte ma préférence haut la main. Et pourtant, au début, c’est bien Claris sa sœur jumelle, qui me séduisait le plus grâce à sa détermination et sa vivacité. Mais au fil du récit, elle se renferme et devient une gamine capricieuse assez imbuvable. Les rôles s’inversent. La gémellité, la dualité, voilà quelques-uns des thèmes abordés par Pauline Alphen. Que nous réserve la suite ? Les jumeaux vont-ils se rapprocher ou au contraire continuer à se dissocier… et peut-être s’affronter ?
Tous les autres personnages, plus ou moins secondaires, apportent leur pierre à l’édifice et possèdent tous un je-ne-sais-quoi d’attachant voire de passionnant. Blaise l’instructeur, vieux sage pince sans rire, Chandra la nourrice maternelle, Eben le père dépassé et noyé dans son chagrin, Ugh le frère de lait réservé mais plein de ressources (oh oui !) et toute la famille Borges, si forte, si chaleureuse, si bienveillante ! Le couple formé par Maya et Bahir est à la fois étonnant et plein de tendresse. On perçoit si bien l’attachement qui les lie… Seules les filles Borges m’ont paru un peu plus difficiles à matérialiser et je crois même que je les ai souvent confondues pendant ma lecture. Mais j’espère que ce petit couac sera réparé dans les tomes suivants.
Avec ce premier tome, Pauline Alphen pose des bases solides. Un monde à la fois futuriste et qui s’appuie sur les critères de la fantasy, dans lequel évoluent des personnages particulièrement bien croqués et qui, on le comprend parfaitement, ont tous un rôle primordial à jouer. L’autrice ne fait ici qu’effleurer son intrigue et l’univers qu’elle a construit mais elle nous en offre bien assez. Je lirai la suite, c’est obligé ! Et vite !
Ping : [BILAN] Juin 2018 ⋆ BAZAR DE LA LITTERATURE
Merci ! Je te conseille « La vie des sœurs Brontë », parue l’année dernière.
Bonne semaine, Maureen !
Tu me donnes vraiment envie d’en savoir plus. Je n’avais jamais entendu parler de ce livre, mais je vais me pencher dessus car tu m’as vraiment intéressée avec ta chronique ! ^^
Merci pour la découverte 🙂
J’avais eu beaucoup de mal avec ce bouquin…