Les Substituts, Tome 1 de Johan HELIOT
Les Substituts,
Tome 1
de Johan HELIOT
Editions Seuil,
2014, p. 324
Première publication : 2014
Pour l’acheter : Les Substituts, Tome 1
Johan Heliot, né le à Besançon, de son vrai nom Stéphane Boillot-Cousin, est un écrivain français de science-fiction également professeur de français et d’histoire-géographie dans la Haute-Saône. Il utilise aussi les pseudonymes suivants : Edgar Delaist, George Profond ainsi que Wayne Barrow (pseudonyme collectif partagé avec Xavier Mauméjean), Luc Dutour (pseudonyme collectif partagé avec Xavier Mauméjean). (Wikipédia)
♣ Involution ♣ CIEL, Tome 1 ♣
♣ ♣ ♣
Dans ce monde-là, la plupart des humains ont été réduits à l’état d’esclaves simples d’esprit. On les appelle les Substituts.
Tya est l’une d’entre eux. Et rien ne la prédisposait à se distinguer.
Mais Tya a découvert en elle une force étrange qu’aucun autre Sub ne possède.
Une force, faite de mots et de phrases, qui pourrait se répandre et devenir une arme redoutable au service de la liberté.
Cette force, c’est la connaissance.
Le temps de la révolte est venu.
Après ma lecture du premier tome de CIEL qui m’a beaucoup plu, j’avais envie de découvrir Johan Heliot dans un autre univers et là encore, c’est réussi.
Les Substituts, en deux tomes – initialement prévue en 3 – est une série que l’on peut elle aussi (comme CIEL) classer en science-fiction et qui est également destinée à un public d’adolescents ou de jeunes adultes. Johan Heliot surfe ici sur la mode de la dystopie avec, comme base, cette idée que la plus grande partie de la population doit rester ignorante et abêtie. Car moins les gens en savent, moins ils prennent conscience de leur situation, donc moins ils ont de raison de se plaindre et par extension, de se rebeller. J’ai aimé retrouver cette idée que j’avais déjà pu approcher à plusieurs reprises et notamment chez Pierre Bordage récemment, avec son titre Ceux qui sauront.
Evidemment, notre héroïne – Tya – fait partie de cette population transformée en « esclaves » (les substituts) mais, suite à un bug dans la puce qu’elle porte, son abêtissement va disparaître petit à petit. Elle va progressivement reprendre le contrôle de son cerveau et, de ce fait, ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure, la situation qu’elle vit au quotidien et toutes les injustices qu’elle présente ! C’est le début de la prise de conscience, les premiers pas sur le chemin de la rébellion mais finalement, ce n’est peut-être pas la liberté qui se trouve au bout car plus Tya prend conscience de la réalité, plus elle réfléchit à sa vie et son futur, plus elle se rend compte qu’elle sera toujours emprisonnée par quelque chose… « Heureux les imbéciles« , non ?

J’ai aimé que la transformation de Tya se ressente dans la narration de Johan Heliot. En effet, à la façon de Charlie dans Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes (un de mes plus gros coups de cœur), le discours de notre héroïne se modifie et s’enrichit au fur et à mesure que son cerveau va se libérer des contraintes et emmagasiner de nouvelles informations.
La narration à la première personne du singulier est au début très simpliste, le vocabulaire est pauvre, les phrases sont courtes et sur le modèle « sujet + verbe + complément », les chapitres sont donc très brefs… et puis l’évolution se fait et se voit dans la forme employée par Johan Heliot. De nouveaux mots, des constructions plus complexes, un discours plus approfondi et donc plus étendu… J’aime vraiment beaucoup lorsque la forme d’un livre est au service du fond.
Ce premier tome pose les bases du monde créé par Johan Heliot : sous forme pyramidale, la masse des substituts abêtis en bas de la société et plus l’on monte les strates – au sens propre comme au figuré – les représentants sont de moins en moins nombreux et de plus en plus au fait des secrets qui entourent ce monde dystopique.
Ce premier volume c’est aussi et surtout l’occasion de faire la connaissance de l’héroïne-narratrice et de suivre son évolution lorsqu’elle ouvre les yeux sur ce qui l’entoure depuis sa naissance. Sa révolte est en cours, elle fouille, trouve des alliés, met un plan en place et commence à agir. De l’action et de la réflexion, c’est justement dosé, il n’y a pas de déséquilibre entre les deux.
Par contre, une romance se met forcément en place entre la jeune adolescente de 14 ans et un jeune « Haut » dans la famille duquel elle va travailler. Je comprends l’utilité de cette relation naissante pour expliquer les agissements et les prises de conscience de l’héroïne mais c’est toujours beaucoup trop facile et rapide pour moi.
Je sais qu’à 14 ans, on s’enflamme rapidement et que l’on vit tout passionnément… donc c’est compréhensible mais tout de même pas assez crédible pour moi. Cela dit, cet aspect « romantique » ne prend pas non plus trop de place dans l’intrigue, dans l’évolution de Tya et dans l’exploitation de l’univers par Johan Heliot donc c’est tout à fait supportable.
Je n’avais pas lu de dystopie depuis plusieurs années, j’ai aimé me replonger dans le genre grâce aux Substituts de Johan Heliot. J’y ai trouvé des références – que je serai peut-être la seule à voir – à Ceux qui sauront de Pierre Bordage et à Des Fleurs pour Algernon de Daniel Keyes, deux œuvres qui ne m’ont pas laissé insensible (loin de là) alors j’ai tout naturellement beaucoup aimé ce premier volume de la duologie. Le deuxième sera lu dès que possible !