Phobos, Tome 1 de Victor DIXEN

Phobos,
Tome 1
de Victor DIXEN

 

France Loisirs,
2016, p. 431

Première Publication : 2015

 

Pour l’acheter : Phobos, Tome 1

 

Victor Dixen, né en 1979, est écrivain français. Né d’un père danois et d’une mère française. Il vit, en compagnie de ses parents et de sa sœur, une jeunesse de globe-trotter, avant d’atterrir finalement à Rørvig, au bord de la mer Cattégat, dans le Danemark septentrional. Victor Dixen découvre alors les auteurs scandinaves, dont Hans Christian Andersen et Tove Jansson. (Wikipédia)

 

♣ ♣ ♣

 

Six prétendantes d’un côté. Six prétendants de l’autre. Six minutes pour se rencontrer. L’éternité pour s’aimer. Ils sont six filles et six garçons, dans les deux compartiments séparés d’un même vaisseau spatial. Ils ont six minutes chaque semaine pour se séduire et se choisir, sous l’œil des caméras embarquées. Ils sont les prétendants du programme Genesis, l’émission de speed-dating la plus folle de l’Histoire, destinée à créer la première colonie humaine sur Mars. Léonor, orpheline de dix-huit ans, est l’une des six élues. Elle a signé pour la gloire. Elle a signé pour l’amour. Elle a signé pour un aller sans retour. Même si le rêve vire au cauchemar, il est trop tard pour regretter.


Saga adulée par les jeunes lecteurs et les blogueurs, Phobos m’intrigue depuis sa sortie. Ce n’est que récemment que j’ai pu me procurer les premiers tomes et j’ai profité de la venue de Victor Dixen aux Imaginales pour enfin me lancer.
Si les idées de base de l’auteur sont excellentes et que son style est entraînant, je trouve en revanche que l’ensemble manque de profondeur et reste un peu trop dans les clichés. C’est malheureusement ce que je reproche souvent à la littérature Young Adult, innovante et originale dans le fond mais qui reste beaucoup trop en surface.

Surfant sur les émissions de télé-réalité, Victor Dixen invente un concept inédit : une émission dans l’espace ! Outre ce voyeurisme dans l’air du temps, l’auteur ajoute un autre enjeu : la conquête de Mars et sa colonisation par de jeunes couples fertiles et en bonne santé. Pour ce faire, rien de tel qu’un speed dating bien orchestré par une production qui ne vise qu’à faire un maximum d’audience et donc d’argent !
La réflexion liée à ce voyeurisme poussé à l’extrême n’est pas inintéressante, loin de là. Et l’idée d’un huis-clos dans l’espace promettait de belles interactions entres les protagonistes. J’imaginais qu’on se placerait presque dans la peau d’anthropologues observant 12 humains enfermés dans une situation inédite et sous-tension… mais finalement, les personnalités et les sentiments de tous ces jeunes héros ne sont qu’effleurés. Quel dommage !

Victor DIXEN, portrait trouvé sur le site de la Librairie Mollat.

Seule l’héroïne, Léonor, obtient un développement digne de ce nom. On apprend à la connaître au fil des pages et on découvre petit à petit son passé et ce à quoi elle aspire. Sans être un personnage pour lequel j’ai eu beaucoup d’empathie, c’est tout de même une figure qui a su assez m’accrocher pour que j’ai envie de la suivre tout au long de ce premier tome. Léonor est une jeune femme que la vie n’a pas épargnée et qui compose avec ses forces et ses faiblesses. En retrait au début de l’aventure, elle prend de plus en plus d’assurance et donc de place et si, au début, elle rejetait assez férocement l’idée-même du speed dating prônant la logique et le pragmatisme aux émotions, elle est finalement rattrapée par la réalité de ce qu’elle vit. Son évolution est intéressante et surtout, crédible.
En revanche, on ne voit qu’assez peu les interactions qu’elle peut connaître avec les cinq autres jeunes filles avec lesquelles elle cohabite pourtant H-24, dans un espace assez réduit. On se dit que dans une telle promiscuité et dans un tel contexte, les tensions devraient créer des situations plus explosives… mais à part une ou deux scènes qui sortent de l’ordinaire, leur quotidien reste banal et n’est que très (trop) peu relaté par l’auteur.

De ce fait, on ne sait quasiment rien des cinq autres candidates qui restent de simples noms sur un papier agrémentés d’une ou deux caractéristiques physiques ou traits de caractère. Encore une fois, quel dommage !
Et je ne vous parle pas des six candidats masculins, pire qu’effleurés. Alors oui, on se place du point de vue de Léonor qui n’a que très peu l’occasion d’échanger avec les garçons vivant dans l’autre compartiment du vaisseau (seulement pendant les speed dating) donc c’est cohérent avec la narration choisie par Victor Dixen. Mais quand même, ça manque un peu. De ces garçons, nous n’obtenons que ce que l’on peut voir pendant les brèves rencontres journalières… alors autant dire pas grand chose.
Et comme avec les cinq filles qui ne sont pas Léonor, ils semblent tous bien superficiels. Pour le coup, ça ressemble assez aux personnalités que l’on peut rencontrer dans les émissions de télé-réalité diffusées sur la TNT. Si le but était de traiter ironiquement d’une réalité que l’on connaît nous lecteurs-spectateurs, alors oui, c’est hyper réussi.

Je crois que la superficialité des protagonistes trouve son apogée dans les échanges auxquels on assiste pendant les speed dating. J’ai hésité entre lever les yeux au ciel de découragement tant j’ai trouvé ça mauvais et éclater de rire en me demandant si c’était une blague.
Je sais bien que chaque situation entraîne son comportement et des contextes extrêmes peuvent expliquer des agissements tout aussi extrêmes… mais sincèrement, est-ce que des jeunes de 18-20 ans se draguent de cette façon ? Aussi lourdement ? Aussi invraisemblablement ? Je sais bien que j’ai dix ans de plus qu’eux mais même avec quelques années de moins, j’aurais éclaté de rire à la tête du mec qui m’aurait déblatéré des imbécillités pareilles !

Je vous mets un extrait (agrandissable) que vous jugiez par vous-même…

 

Ce qui apporte finalement mystère, profondeur et donc plus d’intérêt à l’intrigue, à mon goût, c’est tout ce qui se passe hors champ, dans les coulisses de la production. On découvre un aspect beaucoup plus politique et économique à cette émission et là pour le coup, ça ne rigole plus trop. Derrière le divertissement, les enjeux sont beaucoup plus grands. Je pense que le tome suivant va gagner en intensité… en tout cas je l’espère !

Plutôt convaincue par les idées de Victor Dixen et par le rythme de son histoire, très cinématographique ; je le suis moins par la superficialité des personnages, ce qui se ressent énormément dans les dialogues, carrément médiocres à mon goût. Je suis malgré tout curieuse de lire la suite, les interactions entres tous ces jeunes gens prendront peut-être une nouvelle dimension !

 

7 réflexions sur “Phobos, Tome 1 de Victor DIXEN

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  • 10 juin 2017 à 11 h 23 min
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    Je suis assez d’accord avec ce que tu en dis. Ça reste une lecture agréable car il y a du rythme et des rebondissements mais les personnages sont très stéréotypés ou effleurés et à part Leonor, effectivement, on ne connaît pas les autres.

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  • 8 juin 2017 à 20 h 23 min
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    J’ai beaucoup aime ce tome 1 qui est riche en rebondissements et remplis de suspens ! 🙂
    Les deux tomes suivants sont dans ma PAL, j’ai hâte de les lires !

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  • 8 juin 2017 à 17 h 50 min
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    J’ai presque le même avie que toi sur cette lecture. J’ai apprécié ce roman mais les speed dating m’ont déçu alors je ne le placerait pas en coup de coeur. Les personnages sont vraiment trop superficiel et au final je ne leurs trouve aucun charme. A part peut être Léonor, Safia et Mozart mais c’est bien les seules que j’ai aimé dans là vaisseaux. J’ai préféré les parties hors champs. Je lirais la suite car je suis bien intrigué à ce qui peut se passer ! Mais je n’ai pas compris ce si grand succès.

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  • 7 juin 2017 à 9 h 32 min
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    J’ai tout à fait le même avis que toi sur ce premier tome. En le refermant, je me suis demandée ce qui avait valu tant de succès. Je n’avais réussi à m’attacher à aucun des personnages, même pas Léonor. Quelques mois après cette lecture, j’ai entamé dernièrement le deuxième tome. J’en suis à la moitié, et en effet, l’intrigue gagne légèrement en intensité, nous avons beaucoup de questionnement, cependant, il y a encore des passages à nous faire lever les yeux au ciel haha! Espérons que cela aille crescendo 🙂

    Gros bisous, Chloé

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  • 7 juin 2017 à 7 h 38 min
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    Merci pour cette chronique! Souvent je ne lis pas les romans young adult dont tout le monde parle pour le problème de superficialité dont tu parles. L’extrait que tu as mis est terrible, je ne le lirais jamais je pense! x)

    C’est la première fois que je commente mais ça fait un moment que je suis ta chaîne youtube et ton blog et c’est juste génial! Merci 🙂

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