[INTERVIEW] Une libraire à Limoges
La collaboration avec la revue PAGE des libraires ce n’est pas seulement des exemplaires de la revue à gagner à l’occasion de chaque nouvelle sortie, mais également des interviews afin de vous faire découvrir quelques acteurs de la chaîne du livre.
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Pour cette première, c’est Aurélie Janssens de la librairie Page et plume située à Limoges qui se prête au jeu des questions… et on la remercie !
1) Comment êtes-vous devenu libraire ?
J’étais étudiante en Master 2 de Lettres à l’université de Limoges. Comme chaque été, je cherchais un job pour payer mes études. J’avais déjà fait tout un tas de choses qui avait peu de rapport avec les lettres (factrice à la Poste, employée à la SNCF, aux impôts, dans une piscine…). Là, j’ai fait une candidature spontanée à Page et Plume, librairie généraliste de centre-ville. J’ai été embauchée pour la reprise des manuels scolaires l’été, puis sur un temps partiel pour la rentrée et les fêtes. Un emploi s’est libéré, on m’a proposé le poste à plein temps. Je ne voulais pas être prof. C’est bien tombé.
2) Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce métier ?
Il y a deux choses qui me plaisent. Tout d’abord, l’échange. On ne fait pas ce métier si l’on ne possède pas cette motivation. On lit un livre, on l’aime tellement qu’on a envie qu’il soit lu par d’autres personnes. Les lecteurs nous nourrissent aussi, nous font découvrir des livres, des auteurs qu’on ne connaissait pas. Comme dans tout échange il y a une part de confiance, d’honnêteté, deux valeurs rares de nos jours et qu’il faut préserver. La seconde chose, c’est la découverte. Le métier de libraire, c’est comme être une enfant le matin de Noël, mais trois ou quatre fois par semaines, lorsque l’on ouvre les cartons de nouveautés. Il n’est pas rare de nous entendre couiner de joie, voire danser lorsque l’on découvre dans les nouveautés, un livre d’un auteur qu’on attendait, ça fait d’ailleurs beaucoup rire les clients qui assistent à ces scènes !
3) Quelle dernière lecture vous a le plus marqué ?
L’un l’autre de Peter Stamm. Parce que c’est un roman d’une fluidité incroyable, dès le début l’auteur nous prend par la main et nous emmène, sans que l’on puisse résister ou protester. Il y a une forme de douceur, de mélancolie, de beauté, dans ce roman de la fuite. Un temps suspendu et pourtant en mouvement. Et c’est un roman sur l’amour et la fidélité remarquable.
4) Quel livre de l’actualité littéraire conseillerez-vous pour se faire du bien ?
Un dernier verre au bar sans nom de Don Carpenter chez 10-18. C’est un roman solaire. Déjà parce qu’il se passe sur la côte Ouest des Etats-Unis, dans les années 50-60. On y suit une bande d’amis, apprentis écrivains, leurs doutes, leurs angoisses, leurs ambitions, leurs rêves. On a l’impression de faire un peu partie de cette bande, de les accompagner dans leur vie. C’est une période fascinante car les auteurs commencent aussi à écrire pour le cinéma, et cela les divise d’ailleurs. C’est un roman qui est édité posthume et qu’on a bien fait de sortir de l’oubli car c’est une pépite.
5) De quelle manière participez-vous à la revue (PAGE des libraires) et pourquoi ?
J’écris des articles pour Page des libraires depuis à peu près six ans maintenant. Je prépare aussi la réunion de présentation de la rentrée littéraire qui a lieu chaque année à la Bnf pour les libraires et les bibliothécaires. Cela me permet de poursuivre cet échange dont je parlais en dehors des murs de ma librairie, continuer de conseiller des ouvrages de manière différente. L’idée de se dire que les libraires de France forment un réseau, une sorte de phare dans chaque coin de l’Hexagone, prêts à vous accueillir, comme un refuge bienveillant, un chez-soi un peu partout.
6) Le livre que vous lisez en ce moment …
Le code de la route, parce que j’ai enfin décidé de passer mon permis. L’histoire est fouillée mais les personnages peu intéressants ! Plus sérieusement, le métier de libraires c’est aussi découvrir des pépites à côté desquels on était passé. Après avoir lu La Porte de Magda Szabo (qui vient de sortir au Livre de poche), j’ai eu envie de poursuivre ma découverte de la littérature hongroise et je suis tombée sur un recueil de nouvelles Le traducteur cleptomane de Dezsö Kosztolànyi, publié chez Viviane Hamy, un vrai petit bijou dont je me délecte avec beaucoup de plaisir de ces nouvelles décalées, drôles et intelligente.
Vous habitez près de Limoges ?
Vous n’avez plus qu’à faire un tour dans la librairie Page et Plume !
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Rendez-vous le lundi 10 avril pour le lancement du concours qui vous permettra de gagner des exemplaires du nouveau numéro de la revue PAGE des libraires… mon petit doigt me dit que le polar sera mis en avant !
Merci pour cet accueil chaleureux sur le blog. Si vous êtes de passage à Limoges, n’hésitez à venir me faire un coucou. Merci pour vos mots à tous et j’espère que vous réserverez un accueil aussi sympathique à mes consoeurs et confrères. Des bises
Très chouette interview ! C’est une excellente idée ce type d’articles 🙂
Trop chouette !! super idée d’article, merci 🙂
Coucou
Intéressante cette petite interview 🙂
Haha le code de la route… Pour avoir lu ce cher livre en septembre, je confirme les personnages sont à revoir x) Nous devrions peut-être souffler l’idée au ministère ^^
En tout cas c’est très agréable de voir une libraire qui a l’air aussi passionnée ! Entant que documentaliste, je peux malheureusement dire que ce n’est pas le cas de tous 🙁 Je partage d’ailleurs son avis sur le bonheur d’échanger sur nos lectures (ahh cette joie mêlé d’une légère appréhension quand quelqu’un choisi un livre que l’on a adoré…) et de découvrir de nouvelles pépites ! Je ne connais aucun des livres mentionnés mais j’irais voir tout ça. Peut-être découvrirais-je un peu de nouveauté au milieu de ma SFFF 😉
Bises
Merci pour cette belle interview ! J’aurai adoré être libraire ! La joie de découvrir les livres avant les autres et de pouvoir conseiller les lecteurs ! Une librairie devrait toujours être un lieu d’échange ! 🙂
Joli parcours 🙂 Ah, le code de la route… il fait partie des rares livres qu’on ne devrait pas abandonner en cours de lecture.
Merci pour l’interview, c’est une super initiative et c’est toujours super intéressant à lire !
Sa description des découvertes des nouveautés, sa volonté d’échange, sa vision des librairies, tout ça fait forcément d’Aurélie Janssen quelqu’un de bien ^^.
En tout cas ça donnerait presque envie de faire la route jusqu’à Limoges pour découvrir Page et Plume.
Tant mieux si ce genre d’articles va se réitérer ici, j’ai hâte de découvrir les suivantes.