Fleurs au creux des ruines de Chloé CHEVALIER

Fleurs au creux des ruines
de Chloé CHEVALIER

Les Moutons électriques (Hélios)
2016, p. 120

Première Publication : 2016


Pour l’acheter : sur le site de la maison !


Scénariste dans le domaine du cinéma, gérante d’une petite maison de production de courts métrages, les Films d’Argile, Chloé Chevalier est une jeune parisienne qui fait ses débuts dans le roman avec un cycle ambitieux, Les Récits du Demi-Loup. Si l’on pourra rapprocher son inspiration d’un Alexandre Dumas et d’un G.R.R. Martin, l’auteur pour sa part revendique surtout Robin Hobb comme influence de son envie d’écrire.

Tome 1 ♣ Tome 2 ♣


♣ ♣ ♣


Sur le futur royaume du Demi-Loup, au cours des siècles précédant les Récits… que l’on connaît, peuples et cultures se succèdent, au gré des événements politiques et des caprices de la nature. Des terres encore sauvages, les premières pierres que l’on y pose, une nouvelle guerre, un dernier exil et un ultime espoir : Notre première graine. L’Art ou la Viande, désamour épistolaire, reflet d’une civilisation trop raffinée pour garder l’équilibre, qui n’attend que de choir.
Quand vint la fin des temps, quand le sol trembla et les montagnes crachèrent leur souffre, ruinant tout ce qui fut, Lors chantèrent les bêtes. La tour sous le Gris ou un monde de cendres, qui ne demande qu’à renaître, grâce à l’amitié de Varelle et Jojo, deux adolescents fort différents.


Fleurs au creux des ruines est un tout petit recueil de 4 nouvelles qui s’inscrit dans le cycle des Récits du Demi-Loup. Après deux premiers tomes vraiment excellents et en attendant la sortie prochaine du troisième opus, voilà l’occasion de replonger un peu dans cet univers en collectant de nouvelles informations au sujet de l’Histoire du Royaume.
Encore une fois, c’est brillant. Très court, sans aucun doute trop court quand on apprécie mais brillamment conté. Ce recueil est un petit amuse-bouche à savourer entre deux plats-volumes plus consistants… mais ça ne fait pas vraiment patienter ! Vivement la suite !

Un royaume sur le déclin, d’anciens dirigeants bientôt remplacés par de jeunes princes et princesses pas toujours taillés pour le rôle et une maladie foudroyante et contagieuse. Voilà le contexte des Récits du Demi-Loup.
Les quatre nouvelles proposées ici par Chloé Chevalier s’inscrivent dans des temps plus anciens, différents mais tout autant bercés par les passions et erreurs des humains qui y vivent. La guerre est déjà au centre de toutes les attentions et le monde est sur le chemin de la transformation, du changement. Comment le perçoivent les personnages touchés de plein fouet ? C’est ce que l’on découvre dans les quatre nouvelles.

Quatre textes qui mettent en scène quatre personnages – ou groupes de personnages – qui évoluent à des époques et dans des sphères différentes. Un peu sur le modèle de Jean-Philippe Jaworski et de son Janua Vera, recueil de textes qui là aussi, vient enrichir son Vieux Royaume, univers hyper développé. Si vous aimez les histoires et le travail de construction de l’un, vous aimerez sans doute les œuvres de l’autre.
En revanche, là où Jean-Philippe Jaworski nous donne pas mal d’indices sur la chronologie et la géographie du monde qu’il a créé, c’est un peu plus abstrait du côté de Chloé Chevalier et j’ai eu un peu plus de mal à replacer les événements sur une frise ; mais peut-être n’ai-je pas été assez attentive pour déceler les indices.

Entre les souvenirs du chef d’un peuple envahi par le roi Aldemar (tiens donc !) qui raconte sa défaite et son chagrin de père dans Notre première graine ; la correspondance de deux amoureux séparés par leurs choix de vie dans L’Art ou la viande et les morceaux de journaux intimes racontant une sorte d’apocalypse dans Lors chantèrent les bêtes ; le lecteur se rend aisément compte que Chloé Chevalier aime la narration interne. Et moi aussi, j’aime beaucoup être au plus près des personnages que je suis, les lettres et journaux intimes sont donc généralement des formes de récit que j’apprécie… quand l’exercice est maîtrisé.

Chloé CHEVALIER, portrait trouvé sur le site des Moutons électriques.

Ici, c’est plus que maîtrisé, c’est brillamment exécuté. L’auteure parvient en quelques lignes seulement, à nous plonger dans la tête d’un personnage. Très vite et grâce à des bribes d’informations éparpillées intelligemment, on comprend à qui l’on a affaire, quelle est sa situation présente et où l’histoire va le mener. Tout est très clair, on entre donc très vite dans le récit – merci le style très visuel de l’auteure – et c’est passionnant. Bien sûr, ce sont des nouvelles alors ça reste assez court et quand on aime, on aimerait que ça dure plus longtemps… mais ce n’est pas un manque lié à des problèmes de narration – malgré la brièveté des histoires, c’est complet – mais bien à une envie de plus.
La dernière nouvelle du recueil – baptisée La Tour sous le Gris – est peut-être la plus « classique » de toutes. J’y ai perçu comme un petit quelque chose du conte avec une narration à la troisième personne du singulier et l’emploi du passé simple. Et puis cette tour dans laquelle vivent des personnages importants qui semblent attendre leur heure. Bon, sur fond de paysage dévasté par l’apocalypse (racontée dans le texte précédent) mais quand même… C’est peut-être, aussi, le texte qui offre le plus d’espoir dans sa conclusion. On en est pas à un « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » mais on s’en approche.

Malgré la brièveté de ce recueil, on perçoit parfaitement la richesse de l’univers mis en place par Chloé Chevalier. Je ne vous ai pas décrit en détails toutes les informations que l’on attrape au vol au cours de la lecture mais elles sont là, et nombreuses. J’ai, de ce fait, particulièrement aimé la deuxième – L’Art ou la viande – qui nous apprend, entre autres, le système des maisons/castes choisies par les étudiants, sorte de fraternités/sororités à l’ancienne qui mêlent art et religion. PASSIONNANT, je vous dis.

Vous avez lu les Récits du Demi-Loup ? Vous aimerez la richesse de ce recueil qui nous fait patienter avant la sortie du troisième opus. Vous n’avez pas encore découvert l’imaginaire de Chloé Chevalier ? Pourquoi ne pas commencer avec ces quatre petites nouvelles qui vous donneront, je pense, un bel aperçu de son talent de conteuse !


Merci aux Moutons électriques pour cette nouvelle lecture passionnante !


2 réflexions sur “Fleurs au creux des ruines de Chloé CHEVALIER

  • 21 mai 2017 à 9 h 59 min
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    J’ai également adoré ce petit recueil de nouvelles. En effet, elles sont trop courtes! Ma préférée est L’Art ou la Viande. C’est une nouvelle qui m’a beaucoup émue. J’ai aussi beaucoup aimé la tour sous le Gris. J’ai hâte de me plonger dans ce troisième tome!

    Répondre
  • 13 mars 2017 à 21 h 34 min
    Permalien

    J’ai bien aimé plonger dans ce recueil – certes, petit – mais j’ai trouvé qu’une certaine tristesse s’en dégageait.

    Répondre

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