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Mille femmes blanches de Jim FERGUS

 

Mille femmes blanches
de Jim FERGUS

 

Pocket,
2002, p. 506

Première Publication (vo) : 2000

Pour l’acheter : Mille femmes blanches

 

Jim Fergus, né le à Chicago, est un auteur américain. Né de mère française et de père américain, Jim Fergus se passionne dès l’enfance pour la culture Cheyenne alors qu’il visite l’ouest du pays en voiture avec son père pendant l’été. Ses parents décèdent alors qu’il a 16 ans et il part vivre dans le Colorado où il poursuit ses études. Il vivra ensuite en Floride où il est professeur de tennis avant de revenir dans le Colorado en 1980. Il s’installe dans la petite ville de Rand, qui compte treize habitants, pour se consacrer exclusivement à l’écriture. Il publie en tant que journaliste de nombreux articles, essais ou interviews dans la presse magazine et collabore à des journaux. Son premier livre, A Hunter’s Road, mémoire de voyage et de sport, paraît en 1992. Son premier roman, One Thousand White Women, l’histoire de femmes blanches livrées aux indiens par le gouvernement américain pour partager leur vie, est publié aux États-Unis en 1998 et rencontre le succès. Son second roman The Wild Girl, paraît en 2005, celui-ci raconte cette fois l’histoire d’une Apache enlevée à sa tribu en 1932. (Wikipedia)

 

En 1874, à Washington, le président américain Grant accepte dans le plus grand secret la proposition incroyable du chef indien Little Wolf : troquer mille femmes blanches contre chevaux et bisons pour favoriser l’intégration du périple indien. Si quelques femmes se portent volontaires, la plupart des « Mille femmes » viennent en réalité des pénitenciers et des asiles de tous les États-Unis d’Amérique… Parvenue dans les contrées reculées du Nebraska, l’une d’entre elles, May Dodd, apprend alors sa nouvelle vie de squaw et les rites inconnus des Indiens. Mariée à un puissant guerrier, elle découvre les combats violents entre tribus et les ravages provoqués par l’alcool. Aux côtés de femmes de toutes origines, May Dodd assiste alors à la lente agonie de son peuple d’adoption…


Offert par Elo Melo (merci encore !) il y a quelques mois, Mille femmes blanches est un titre que je souhaite lire depuis des années. Ces derniers temps, je délaisse un peu la littérature de l’Imaginaire pour me consacrer davantage à des témoignages forts et globalement, c’est une bonne idée puisque l’émotion est très souvent au rendez-vous.
Ce célèbre titre de Jim Fergus ne fait pas exception à la règle : j’étais hors de moi dès le premier chapitre, j’ai été émue tout au long de ma découverte et j’ai tourné la dernière page infiniment triste et comme terrassée par ces nombreuses heures d’émotions.
Mille femmes blanches est un livre à lire au moins une fois, que vous vous intéressiez ou non à l’histoire des Amérindiens, parce qu’il témoigne des agissements des Hommes, parce qu’il est tout simplement humainement fort.

Tout commence à Washington, en 1874. Little Wolf, le chef d’une tribu Cheyenne propose un marché au président des Etats-Unis : 1000 femmes blanches contre 1000 chevaux et bisons. Ces femmes deviendraient des épouses puis des mères et la nouvelle génération métissée permettrait aux deux peuples – blancs et indiens – de se rapprocher et de pactiser durablement. Juger scandaleuse, la proposition est rejetée et huée, le chef et ses guerriers quittent Washington lynchés par les Américains.
Après réflexion, le président et ses conseillers acceptent, mais tout devra se passer dans le plus grand secret et les femmes devront être choisies parmi des volontaires. Difficile de trouver 1000 participantes enthousiastes alors on va les chercher dans les prisons et dans les asiles américains. Le seul critère de sélection est celui de la bonne santé et de la fertilité, peu importe le passé et la santé mentale de ces femmes. Parmi elle se trouve May Dodd, notre narratrice, celle avec qui le lecteur va passer plus de 95% de sa lecture.

Jeune femme d’une vingtaine d’années, May Dodd a été envoyée à l’asile par ses riches parents. Suspectée d’hystérie sexuelle car elle avait choisi de vivre et d’avoir des enfants avec l’homme qu’elle aimait, tout cela en dehors du mariage, notre héroïne saute sur l’occasion de fuir l’abrutissement et l’ennui, quel que soit l’époux auquel elle est promise.
Au fil des pages, elle va nous raconter son périple, ses impressions, ses émotions et ses réflexions. A travers ses yeux, nous rencontrons les autres femmes qui font partie du voyage – une naturaliste spécialiste des oiseaux et du tir au fusil, une mauvaise langue attachée à son roquet, une très jeune fille tellement timide qu’elle n’ouvre jamais la bouche, une ancienne esclave noire, une des membres du personnel de l’asile qui a elle aussi décidé de quitter sa vie passée pour tenter de trouver l’amour auprès d’un Indien, deux jumelles irlandaises aux cheveux de feu tout droit sorties de prison et d’autres, toutes avec leur histoire personnelle – nous vivons les premiers jours dans un train puis ensuite à cheval pour rejoindre la tribu dans les plaines désertes de l’Amérique… et puis c’est la rencontre tant attendue et redoutée avec les futurs époux, la découverte du clan Cheyenne et la façon de vivre de ses membres ; c’est l’apprentissage d’une nouvelle culture, d’une nouvelle langue.

Jim FERGUS, portrait trouvé sur le site du Cherche-Midi.

Au début c’est l’incompréhension, l’étonnement voire l’horreur face à leurs coutumes étranges et puis, petit à petit, c’est le partage et l’adoption partielle ou totale de ce style de vie pour certaines femmes. Les liens se créent au milieu des plaines, le respect, l’amitié, la fraternité, la tendresse et même l’amour.
Toutes ces femmes – et notamment notre narratrice – vont vivre des situations inattendues, surprenantes et souvent violentes. La vie au milieu des Cheyennes n’est pas de tout repos, entre le travail quotidien pour subvenir aux besoins de chacun et les frictions de plus en plus nombreuses avec les Blancs venus chercher de l’or sur le territoire, ce sont aussi et surtout des combats fréquents et extrêmement violents entre les différentes tribus indiennes, les Cheyennes étant alliés aux Arapahos mais ennemis des Crows, par exemple.
Ce sont grâce à des événements dramatiques que les épouses blanches vont se rapprocher les unes des autres malgré les animosités originelles et surtout que des liens véritables vont se créer avec leur famille d’adoption.

La plupart des Cheyennes restent assez distants, assez froids pour le lecteur. Ce n’est pas un peuple très causant ou très démonstratif et pourtant, petit à petit, à l’instar des femmes blanches, on va finir par s’attacher à eux, à leur détermination, à leur intégrité et à leur profond respect pour le sol qu’ils foulent et la nature qui les entoure.
Celui qui se détache du lot est évidemment le chef Little Wolf, car c’est celui que l’on côtoie le plus. Sauvage, très digne, presqu’intouchable, on le découvre sensible à sa façon et j’ai été très émue par ce qui lui arrive. Les dernières pages m’ont presque tiré des larmes de tristesse et de frustration. Une vraie âme de chef.

May Dodd est une narratrice que j’ai adorée suivre. Sensible mais en même temps capable de réflexions et d’un discours assez objectifs, j’ai aimé lire ses mémoires. J’ai adoré voir son évolution au fil des pages, sa force de caractère, sa détermination et la place qu’elle apprend petit à petit à occuper dans sa nouvelle tribu. Intelligente, May sait voir le bon dans chacun – Américain ou Indien – et sait aussi mettre le doigt sur les erreurs des deux peuples.
A travers ce point de vue, Jim Fergus revient effectivement sur la folie des Blancs et leur responsabilité dans le génocide Indien, mais il met aussi en avant la naïveté et les faux pas des différentes tribus qui, liguées les unes contre les autres, n’ont pas su s’allier contre leur véritable ennemi. Les décisions prises par les Cheyennes – et les autres – n’ont pas toujours été bonnes et ont mené – au moins un peu – les Amérindiens à leur perte. Tout n’est pas blanc ou noir, rien n’est manichéen dans cette histoire, même si, évidemment, on est tous d’accord pour dire que les Américains ont quand même été les plus gros méchants de cette triste Histoire.

Mille femmes blanches c’est un témoignage intelligent et sensible. En mettant en scène une héroïne de fiction, Jim Fergus revient sur un pan de l’histoire des Etats-Unis trop peu mis en avant et nous rappelle la folie des Hommes. C’est avec une grande émotion que j’ai tourné la dernière page, étourdie par sa violence et marquée au cœur. Jamais je n’oublierai les mots et l’expérience de May Dodd et j’aimerais que plus personne n’oublie cette vérité historique : le génocide des Indiens d’Amérique.

 

 

8 réflexions sur “Mille femmes blanches de Jim FERGUS

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  • Lu il y a quelques semaines également, ce ne fut pas un coup de coeur mais j’ai quand même adoré cette lecture. J’admire notamment les talents de conteur de Jim Fergus. Il sait vraiment transporter ses personnages dans les lieux et époques qu’il dépeint.

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  • Livre dont j’ai largement entendu parler ces dernières semaines et que je dois absolument lire dans les prochains mois (je compte large vu que j’ai tenu ce même genre de promesse pour de nombreux livres) 😉

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  • Jason

    Ça avait été un coup de cœur pour moi aussi, et dont les personnages et les évènements perdurent encore dans la mémoire après la lecture.

    J’ai été très touché par ces portraits de femmes, pas épargnées par la vie mais faisant pourtant souvent preuve de courage, d’adaptation et de respect, travaillés même pour les seconds rôles, chacune avec leur histoire, si crédibles qu’on les croirait ayant réellement existées.
    J’ai aimé le dépaysement dans les plaines indiennes, la philosophie cheyenne en accord avec leur mode de vie, sans pour autant que la narratrice (et l’auteur) ne néglige les travers ou la violence qui peut y régner.
    Des événements tragiques, souvent aberrants, révoltants…
    Un roman riche en émotions, en somme, qui sait nous toucher et nous marquer.

    Après sa lecture, j’ai eu envie de le faire découvrir à tous mes proches.

    J’ai La Fille Sauvage qui attend dans ma PAL, j’espère le lire dans les tous prochains mois ou semaines, et compte bien me procurer la Vengeance des Mères.

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  • J’ai eu envie de le lire après avoir rencontré l’auteur il y a un moment.
    Merci de la piqûre de rappel!

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