Lizzie Martin, Tome 1 : Un Intérêt particulier pour les morts de Ann GRANGER

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Lizzie Martin, Tome 1 :
Un Intérêt particulier pour les morts
de Ann GRANGER

10/18 (Grands détectives)
2013, p. 379

Première Publication (vo) : 2006


Pour l’acheter : Un Intérêt particulier pour les morts


Ann Granger, née le à Portsmouth, est une romancière britannique, auteur de nombreux romans policiers. (Wikipedia)


♣ ♣ ♣


Nous sommes en 1864 et Lizzie Martin accepte un poste de dame de compagnie à Londres auprès d’une riche veuve qui est aussi une propriétaire de taudis. Lizzie est intriguée d’apprendre que la précédente dame de compagnie a disparu, apparemment après s’être enfuie avec un inconnu. Mais quand le corps de la jeune fille est retrouvée dans les décombres de l’un des bidonvilles démolis récemment autour de la nouvelle gare de St Pancras, Lizzie commence à se demander ce qui s’est passé. Elle renoue avec un ami d’enfance, devenu l’inspecteur Benjamin Ross, et commence à enquêter avec son aide, au péril de sa vie, pour découvrir la vérité sur la mort de la jeune fille dont le sort semble étroitement lié au sien.


Voilà quelques temps, j’ai lu le premier tome de la série de polars victoriens de Anne Perry – L’Etrangleur de Cater Street – que j’avais bien aimé, séduite par l’héroïne un peu décalée, par le contexte bien décrit et convaincue par l’intrigue policière, simple mais efficace. Ayant cette agréable découverte en tête et suivant les nombreux avis positifs glanés çà et là, j’avais envie de tenter une autre auteure spécialisée dans le roman policier victorien : Ann Granger.
Je n’irai pas jusqu’à dire que je me suis ennuyée, ce qui serait exagéré, mais j’ai tout de même trouvé quelques longueurs à cet Intérêt particulier pour les morts… et pour le coup, aucun intérêt pour (ni utilité à) la romance qui se lie entre l’héroïne et l’inspecteur du coin ! Je ne sais pas encore si je laisserai une deuxième chance à cette série avec le tome 2, ce qui est certain c’est que je n’en fais pas une priorité !

Lizzie Martin, 29 ans, provinciale débarquée en ville après la mort de son père, médecin de son état, si généreux avec ses patients qu’il n’a rien légué à sa fille unique. Célibataire à presque 30 ans et qui plus est sans le sou, dans l’Angleterre du XIXe siècle, c’était plutôt mal engagé pour notre héroïne. Heureusement pour elle, la riche femme de son parrain décide de la prendre sous son aile en lui offrant la place de dame de compagnie. Difficile de refuser cet élan de générosité étant donné sa situation, la jeune femme accepte et vient donc s’installer dans les beaux quartiers de la capitale.
Sur le chemin qui doit la mener chez sa tante, Lizzie croise une charrette dans laquelle un cadavre, trouvé sur le futur site de construction de la gare, repose sous un drap. Le lecteur l’apprend vite, il s’agit du corps de l’ancienne dame de compagnie de la tante Parry qui a disparu un beau matin et a prévenu ensuite de sa fuite amoureuse par une lettre scandaleuse. Que s’est-il réellement passé pour cette jeune fille réservée, lisant peut-être un peu trop de romans à l’eau de rose mais semblant pourtant sérieuse ? Lizzie va évidemment se retrouver mêler à l’affaire et va mener l’enquête de son côté, peu soutenue par Mrs Parry – qui voit d’un très mauvais œil cette publicité malvenue sur sa maisonnée – mais aidée par Benjamin Ross, un jeune inspecteur londonien aux façons de faire peu orthodoxes pour l’époque.

L’enquête ne m’a pas déplu et je l’ai suivie avec intérêt. J’ai beau lire régulièrement des thrillers et des polars, je tombe toujours dans le panneau et je suis incapable de découvrir qui est le coupable avant que l’auteur l’écrive noir sur blanc. L’affaire reste ici assez simple mais plutôt convaincante. Cela dit, étant donné l’épaisseur du livre, je m’attendais à une énigme plus complexe avec des fils plus enchevêtrés. Si vous êtes des lecteurs habitués du genre et que vous avez souvent le nez fin, vous risquez de vous ennuyer un peu.

Ann GRANGER, portrait par Christopher Hulme.
Ann GRANGER, portrait par Christopher Hulme.

L’intérêt de ce premier tome réside ailleurs : dans son contexte. L’Angleterre victorienne avec ses codes, ses convictions, ses gros chamboulements aussi bien scientifiques que religieux… L’industrialisation fait son entrée, Darwin a lancé un boulet de canon dans la société très pieuse avec sa théorie sur l’évolution. Bref, c’est une époque qui bouge et Ann Granger tend ici à nous le démontrer, notamment en plaçant son intrigue dans un quartier en pleine démolition/reconstruction. On ne peut pas reprocher l’ambiance de ce premier tome, très bien rendue, entre la grisaille de la ville et l’oppression du brouillard londonien. J’aime assez les descriptions de façon générale, alors en trouver ici n’a pas été une gêne. A mon avis, le rythme un peu trop lent du récit ne vient pas forcément de sa structure descriptive mais plutôt de la relative simplicité de l’enquête. Il y a un petit truc qui manque entre les deux, quelque chose qui ne se connecte pas.

Mais plus que tout, ce qui m’a finalement un peu déçue dans cette première aventure de Lizzie Martin… c’est justement elle, l’héroïne. Pourtant ça commençait carrément bien : une jeune femme affirmée, un peu décalée pour son époque, souvent irrévérencieuse dans ses rapports avec les autres, ne cachant pas ses pensées et convictions en société… Bref, une nana plutôt intelligente, pas potiche et plutôt maîtresse de son destin malgré les difficultés de sa situation. Et voilà pas que l’auteure nous balance un bel inspecteur – qui en fait n’est autre qu’un jeune garçon qui vient du même village qu’elle et qu’elle avait rencontré une fois pendant son enfance – et que forcément, il y a une romance. Mais pourquoi ? Et surtout, pourquoi de cette façon ? On le sent à 10 kilomètres.
Si encore cette amourette apportait un plus au caractère de Lizzie et à l’intrigue générale… mais non, c’est juste là, comme ça et ce n’est pas crédible pour un sou. Je veux bien que l’apparition de cet inspecteur lui rappelle son enfance heureuse et soit donc un élément auquel se raccrocher dans cette nouvelle vie londonienne mouvementée… et je veux bien qu’à l’époque, les demoiselles ne voyaient pas énormément d’hommes dans leur quotidien – et jamais sans chaperon – et que le moindre frôlement de main devait être assez intense… mais bon, j’ai parfois l’impression dans ces histoires, qu’il suffit qu’un type un tant soit peu jeune et beau gosse se pointe et c’est bon, c’est l’amour fou, on se fiance et hop le tour est joué. (A croire qu’on a trop le choix en 2016 et qu’on a quand même un peu moins de pression sur les épaules – 29 ans, pas mariée tout ça tout ça…)
Bref. Avec moi les romances ça ne marche qu’une fois sur dix et quand j’ouvre un livre pour lire un polar victorien, je ne m’attends pas à y voir apparaître une histoire d’amour (surtout si elle ne sert à rien ou pire, dessert la personnalité d’une héroïne qui avait pourtant tout pour me plaire).

Lizzie Martin est finalement bien loin de l’espièglerie et de l’irrévérence de Miss Lizzie Bennet et l’enquête ne vaut pas un bon Agatha Christie. Reste le contexte bouleversé de la deuxième moitié du XIXe siècle, bien dépeint par une Ann Granger qui maîtrise son sujet. Pas sûre de lire la suite… mais qui sait !


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2 réflexions sur “Lizzie Martin, Tome 1 : Un Intérêt particulier pour les morts de Ann GRANGER

  • 22 novembre 2016 à 8 h 54 min
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    Je suis quasiment toujours déçue par la collection grands détectives… Pas sûre que je tente celui-ci un jour

    Répondre

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