Sur la route de La Grande Vadrouille de Vincent CHAPEAU
Sur la route de
La Grande Vadrouille
de Vincent CHAPEAU
Editions Hors Collection,
2016, p. 144
Première Publication : 2004
Pour l’acheter : Sur la route de La Grande Vadrouille
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A l’occasion des 50 ans du film le plus célèbre de Gérard Oury, une nouvelle édition enrichie et augmentée.
Gérard Oury, Bourvil et Louis de Funès peuvent être fiers, leur Vadrouille est devenue Grande et fait maintenant partie de notre mémoire collective. Ce monument de la comédie a rempli les salles du monde entier, les rediffusions à la télévision explosent encore l’audimat régulièrement. Peu de films connaissent une pareille adhésion du public.
Robert Chazal, biographe de Bourvil et de De Funès écrit à propos de La Grande Vadrouille : « Le type de film sur lequel on aurait aimé qu’un reportage fut fait de A à Z pour en montrer les circonstances du tournage. »
C’est cette histoire que Vincent Chapeau nous propose. En revenant, tel un pélerin, sur les différents lieux, il a pu recueillir des témoignages pittoresques : un fermier qui a prêté sa grange, un gendarme qui a tenu son propre rôle en tant que figurant, un jeune journaliste qui a séché les épreuves du baccalauréat afin d’assister aux prises de vues et croiser le regard de ses idoles, l’hôtelier de Beaune, l’aubergiste de Meursault… Les techniciens, les photographes de plateau, mais aussi Marcel Jullian (co-scénariste), Danièle Thompson et Gérard Oury, tous se souviennent de ces moments inoubliables. Gérard Oury qualifie lui-même de « colonie de vacances » l’ambiance qui règnait alors dans l’équipe.
La relecture du film vu des coulisses suit chronologiquement les étapes du tournage. Chaque chapitre regroupe les meilleurs extraits de dialogues, des anecdotes, les photos de repérages, des planches de décor, les images du film mais surtout des clichés amateurs inédits : Bourvil en train de prendre le soleil sur un transat au milieu d’un champ de blé entre deux prises de vues, Michèle Morgan en solex venant rendre visite à Gérard Oury, Louis de Funès en train de déguster du vin dans les caves des fameux hospices de Beaune, et bien évidemment Gérard Oury dirigeant ses acteurs.
Un voyage inédit, ému et nostalgique dans les coulisses d’un chef-d’oeuvre.
Reçu grâce à une des dernières opérations Masse Critique de Babelio et aux éditions Hors Collection – que je remercie – j’ai surtout sélectionné ce titre dans l’idée de l’offrir ensuite à ma soeur, grande admiratrice de Louis de Funès et Bourvil.
Même si La Grande Vadrouille est un film que j’apprécie et que je revois toujours avec plaisir, je ne pensais pas aimer autant cette plongée dans les coulisses du film et surtout, je ne pensais pas être si émue par l’expérience !
Vincent Chapeau retrace l’aventure du film, de sa création dans la tête de Gérard Oury et sur papier au jour de la grande première en décembre 1966, en passant par les longues semaines de tournage.
Les anecdotes sont nombreuses et savoureuses (apparemment, l’acteur anglais Terry Thomas – alias Big Moustache – appréciait particulièrement le bon vin français et les tournées dans les caves de Bourgogne…) et le tout est magnifiquement illustré par de nombreuses photos généralement inédites, appartenant à des journalistes ou à des particuliers…
Ces 144 pages sont une mine d’informations et de détails amusants (et souvent passionnants) qui révèle un nouveau visage de La Grande Vadrouille. Si plusieurs scènes ont été tournées en extérieur dans des lieux réels (sur les toits de l’opéra de Paris par exemple pour lesquels Oury a dû se démener et particulièrement bien s’organiser…), saviez-vous qu’un grand nombre avaient été filmées dans des studios parisiens, dans des décors entièrement reconstitués ? Je n’aurais jamais cru !
C’est par exemple le cas de la scène en barque dans les soi-disant égouts de Paris (l’illusion de longueur est donnée par des miroirs !) et des nombreux passages qui se déroulent dans l’Hôtel du Globe : la soirée d’anniversaire avec les allemands, les ronflements, l’entracte gustatif… ou encore la rencontre dans le « fog » des bains turcs (grosse difficulté pour créer ce brouillard qui s’arrête à un niveau précis et dans lequel les acteurs ne s’étouffaient pas) et la scène de l’attentat dans l’opéra (les balcons ont été reconstitués en studio pour ne pas risquer d’endommager les originaux !).
Toutes ces anecdotes sont aussi l’occasion de (re)découvrir toute la machinerie qui se cache derrière le tournage d’un film, toute l’organisation et la ruse dont il faut parfois faire preuve pour que tout fonctionne comme sur le papier.
Pendant plusieurs mois, les acteurs sont sur les routes et sont accompagnés de centaines d’autres personnes, du cuisinier au costumier en passant par les cascadeurs. C’est une grande famille qui se forme et, semble-t-il pour La Grande Vadrouille, qui passe de merveilleux moments.
J’ai été souvent touchée par les témoignages plein de simplicité de ceux qui avaient croisé, de près ou de loin, Bourvil et Louis De Funès et qui rappellent tantôt la bonhomie de l’un, tantôt la réserve polie et attentive de l’autre. Le passage du film dans tous les lieux de tournage a marqué durablement les esprits et suivre à notre tour l’aventure à travers ces pages, c’est comme si on en faisait nous aussi un peu partie.
Outre tous ces passages dédiés aux longues semaines de tournage, j’ai également aussi beaucoup apprécié découvrir les dernières pages, consacrées à la diffusion du film et aux retours dans la presse. C’est aussi l’occasion de jeter un œil aux différentes affiches internationales qui ont pu être créer pour accompagner la sortie de La Grande Vadrouille et autant dire que certains pays étaient un peu à côté de la plaque (cela dit, on retrouve bien l’idéologie contemporaine de certains dans les graphismes/illustrations choisis).
De façon générale, ce beau livre bien fourni est à la fois passionnant et émouvant. Je redoutais un peu le côté « reportage » qui peut refroidir et alourdir la lecture mais non, c’est très fluide et j’ai dévoré chacune des pages !
Je ne sais pas ce qui a été ajouté/modifié dans cette version spéciale pour les 50 ans du film (la première édition date de 2004) mais je ne peux que conseiller aux fans de vous plonger dans une des deux ! Pendant quelques heures, vous aurez l’impression de faire partie, vous aussi, de la famille créée par Gérard Oury et vous revivrez avec émotion, entre le sourire et les larmes, toutes les scènes aujourd’hui devenues cultes !