La Voie des Oracles, Tome 3 : Aylus de Estelle FAYE
La Voie des Oracles,
Tome 3 : Aylus
de Estelle FAYE
Scrineo,
2016, p. 316
Première Publication : 2016
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Estelle Faye a été comédienne et metteur en scène de théâtre. Aujourd’hui, elle travaille surtout comme auteur et scénariste. À l’aise dans les mondes de l’Imaginaire et la littérature d’aventures, elle écrit aussi bien de l’anticipation, du fantastique, de la fantasy historique (Porcelaine, édité aux Moutons Électriques, Prix Elbakin.net 2013) que du Young Adult (La Dernière Lame, éditions Pré Aux Clercs).
L’intervention de Thya a changé l’Histoire. Vingt ans après, guidé par Thya, Aylus est devenu Empereur. Il règne à Rome en basant toutes ses décisions sur la divination et s’entoure d’oracles plutôt que de conseillers. Tout cela, il en est persuadé, est pour le plus grand bien de son peuple. Ayant créé une théocratie redoutable, il n’hésite pas à sacrifier des centaines de vies humaines au nom d’un avenir meilleur promis par les oracles. La ville de Rome elle-même a changé. Les statues de Tirésias, d’Apollon, de Cassandre ornent désormais le forum, et le symbole d’Aylus, un grand œil pourpre, qui pleure des larmes de peinture, recouvre les murs et les stèles des rues.
Pour avoir perpétré une tentative d’assassinat sur son frère, Gnaeus Sertor, le père de Thya, a été démis de toutes ses fonctions dans l’armée, privé de son statut de sénateur, et exilé dans la plaine du Pô, dans une latifundia dont il ne sort plus, rongé par la culpabilité.
/!\ SPOILERS /!\
Qu’il m’est difficile de parler de ce troisième tome ! Parce que je l’ai aimé, ainsi que toute cette merveilleuse trilogie et j’ai toujours plus de mal à vanter les mérites d’un titre qu’à revenir sur ses défauts… mais aussi et surtout parce qu’il est impossible de vous raconter ma rencontre avec ce dernier tome sans spoiler tous les précédents.
Un conseil d’ailleurs, évitez de lire la quatrième de couverture qui en dit beaucoup trop. Je vais pour ma part tenter de rester évasive, mais je ne promets rien. Ou alors autant se contenter d’un : « C’est trop bien, lisez vite cette trilogie ! »
Les dernières pages du deuxième tome – baptisé Aedon – nous laissaient nous lecteurs, ébahis, stupéfaits, ébaubis… en bref, comme deux ronds de flan. Quelle suite allait bien pouvoir donner Estelle Faye à ce retournement de situation surprenant ? Imaginez que toute cette histoire tienne sur un plateau, retournez celui-ci à 180°, et vous voilà de l’autre côté.
Dans ce monde alternatif, Aylus l’oncle de Thya est devenu empereur et soutient la religion polythéiste et les oracles (dont il fait partie). Notre héroïne vit donc au grand jour son quotidien d’héritière, dans l’opulence et l’oisiveté. Malgré tout, certains rêves prennent l’aspect de réminiscences : elle se voit, différente, en fuite à travers la Gaule, dans une vie qui lui est complètement étrangère… à moins que ?
C’est le retour de l’Oracle brûlée (la « vraie » Thya) qui est l’élément déclencheur de cette nouvelle aventure. Ayant connaissance du passé et du futur, de ce qui a été, de ce qui aurait pu être et de ce qui sera, la « vieille » femme pousse Thya la Jeune sur les routes, à la recherche d’Enoch qui a disparu. Notre nouvelle héroïne se retrouve donc à nouveau sur terres et sur mers, différente mais finalement tout aussi déterminée que la Thya précédente. Ses pas vont la conduire au Nord, au-delà du mur d’Hadrien, dans les anciennes tribus Pictes. Là-bas elle retrouvera un Enoch très étrange et découvrira des us et coutumes surprenants.
De son côté, malgré un changement de contexte, Aedon « continue » à comploter et à manipuler, encore et toujours pour le pouvoir.
Si la face du monde change, certaines choses restent les mêmes. C’est ainsi que le frère aîné (Aedon donc) présentera d’autres traits de sa personnalité qui nous le rendront plus humain mais il restera foncièrement le même. Séparés par les événements et par leur environnement, Thya et Enoch finiront tout de même par se retrouver et s’aimer, parce que c’est écrit et c’est ainsi, peu importe le chemin emprunté pour en arriver à cette conclusion. Seul Aylus me semble révéler un visage complètement opposé à ce qu’il était auparavant (ou disons qu’il nous surprend), c’est là la marque du Dieu Janus (les aficionados de Buffy contre les vampires aimeront la référence).
J’ai aimé ce retournement de situation qui permet à Estelle Faye de jouer avec ses personnages, aux lecteurs de redécouvrir ceux-ci autrement et donc d’être surpris plus d’une fois par les chemins empruntés. Ma préférence reste tout de même à l’Oracle brûlée, dont le rôle est d’une grande justesse, à mon avis. Je n’ai pas retrouvé l’attachement que j’avais pu avoir précédemment (dans le tome 1 notamment) pour Thya et Enoch et c’est un petit peu ma déception. J’ai malgré tout eu énormément de plaisir à suivre leurs traces, de Rome à Carthage et surtout au-delà du mur d’Hadrien.
Parce que si j’avais été un peu perdue dans les contrées foulées dans le deuxième tome, je me suis sentie en terrain connu dans ce dernier opus. Les tribus Pictes, voilà qui m’est déjà beaucoup plus familier. J’ai d’ailleurs adoré passer quelques dizaines de minutes dans le Sidh (dans l’Autre-Monde des Celtes) où la temporalité n’est pas la même et où je me suis sentie bien.
De façon générale, je me suis sentie particulièrement à mon aise et dépaysée dans ces trois tomes offerts par Estelle Faye parce que j’ai complètement adhéré à son savant mélange de fantasy (merveilleux) et d’historique. Et si j’avais ressenti quelques réserves lors de ma lecture du tome 2, j’ai à nouveau grandement apprécié l’insertion du surnaturel (mythologique/mystique/mythique) qui m’a semblé beaucoup plus subtile, plus mystérieuse et donc plus « naturelle » que dans le tome précédent (ces éclairs lumineux au bout des doigts, c’était trop pour moi et j’ai eu du mal à m’en remettre).

Estelle Faye nous prouve une nouvelle fois qu’elle a effectué un beau travail de recherches avant la rédaction de cette trilogie. On sent l’importance du détail, les nombreuses références aux différentes mythologies (je ne me lasse pas de croiser un faune, des ondines… et même un kelpie !) et à l’Histoire antique… lors d’une petite discussion aux Imaginales en mai dernier, l’auteure m’expliquait qu’elle adorait se rendre sur place pour voir les choses en « vrai » et donc était une fervente visiteuse de musées et d’expositions en tout genre. Et franchement, ça se sent !
Parce que tout est très visuel dans cette trilogie – et ce dernier tome ne fait pas exception -, on arrive parfaitement à s’imaginer les scènes décrites, les décors, les objets, les vêtements alors je ne suis pas surprise d’apprendre qu’Estelle Faye a pu avoir quelques exemplaires sous les yeux avant de si bien les décrire sur le papier.
Le tome 1 – Thya – reste définitivement mon préféré. La rencontre avec Thya et son environnement m’avait alors complètement envoûtée et transportée dans un autre temps et un autre espace. Si le deuxième tome – Enoch – m’avait un peu moins séduite – principalement à cause de son intrigue un peu emmêlée – j’ai à nouveau pris beaucoup de plaisir à parcourir les pages qui composent ce troisième et dernier opus. Estelle Faye possède un réel talent de conteuse car elle parvient à tisser un univers complet sous nos yeux et sait aussi bien le rendre accessible aux « jeunes » lecteurs qu’aux dévoreurs plus aguerris.
La Voie des Oracles fait partie de ces rares livres (sagas pour le coup) que je relirai, c’est une certitude. En attendant, je vais m’empresser de découvrir les autres titres écrits par Estelle Faye, une auteure définitivement à suivre !
A noter que Aurélien Police est à nouveau celui qui signe la belle illustration de couverture. Une illustration différente, plus sombre… qui me plaît peut-être un peu moins que les précédentes mais qui correspond bien au fond. Un très bel écrin (les 3 livres-objets) pour une trilogie très marquante !
Un beau petit coeur mérité pour l’ensemble de la trilogie !
Je suis en train de lire Thya en ce moment et pour l’instant j’aime beaucoup l’ambiance et l’histoire … mais la romance bien bien forcée bien bien sous entendue entre Thya et Enoch m’insupporte… je la trouve vraiment cliché … du coup ca m’a vraiment freiné et j’hésite à le continuer (j’en suis à la moitié)
Je n’aime pourtant pas du tout les romances mais ce n’est vraiment pas l’élément que j’ai retenu de cette trilogie, je l’ai même complètement oubliée alors que tout le reste (l’univers, la mythologie, l’Histoire…) m’a beaucoup marquée et énormément plu. Je pense qu’on perçoit un livre différemment selon son passif. Je ne sais donc pas quoi te dire pour la suite. Pour moi la trilogie est un coup de cœur et la romance ne m’a pas gênée (je l’ai même complètement zappée) mais je ne peux pas te dire si la suite te satisfera. 🙂
mon préféré de la saga 🙂
J’ai moi aussi trouvé que cette couverture est différente, en harmonie avec le récit ; mais aussi esthétique que les deux précédentes. Une trilogie intéressante !
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