Eros Automaton de Clémence GODEFROY

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Eros Automaton

de Clémence GODEFROY
Editions du Chat Noir,
2016, p. 282


Première Publication : 2016

Pour l’acheter : sur le site de l’éditeur !


Clémence Godefroy est née en 1983 à Paris. Elle partage son enfance entre sa ville natale et les grandes plaines des États-Unis avant de retourner définitivement en France pour entrer au lycée. Elle poursuit ensuite des études d’histoire et d’ethnologie. Ses années aux États-Unis lui ont laissé l’amour de l’anglais, sa deuxième langue maternelle, qu’elle enseigne désormais aux plus jeunes et qu’elle aime également écrire à l’occasion. Mais c’est en se lançant dans la fantasy en français qu’elle a commencé à créer des histoires qui regroupent ses passions : le XIXe siècle, le folklore, les croyances religieuses et philosophiques et les représentations sociales des femmes.

Le Toquant (nouvelle) 


♣ ♣ ♣


Quand le Palais des Expositions de Parisore accueille le Salon Galien d’Automatie, c’est toute la capitale qui vit à l’heure des automates, quitte à chambouler quelques destins au passage.
Un attentat en plein concours de modélisation met l’inspecteur Balthazar Bouquet sur la piste d’une mystérieuse organisation pro-humaine alors même que sa sœur Adélaïde devient une célébrité dans le monde de l’automatie. Quant à Agathe Lepique, couturière timide et amie de toujours des Bouquet, elle voit sa vie transformée lorsqu’elle est embauchée dans l’atelier d’Edgar Weyland, un ingénieur de génie aussi énigmatique que séduisant. Son projet: créer la femme parfaite pour jouer le premier rôle dans un opéra romantique…
Des salles de bal étincelantes aux bas-fonds de la ville, Balthazar et Agathe vont découvrir à leurs dépens que l’amour, la vengeance et la haine ne sont pas réservés qu’aux êtres de chair et de sang.


Lorsque j’ai lu le recueil Montres enchantées (aux éditions du Chat Noir également), la nouvelle Le Toquant m’avait sauté aux yeux. Lorsque l’éditeur a annoncé qu’il publierait un roman de Clémence Godefroy dans le même univers, j’étais très enthousiaste ! C’est ainsi qu’Eros Automaton a atterri dans ma bibliothèque dès sa sortie et je n’ai pas tardé à l’en extirper, pressée de retrouver les automates et leur « humanité » dans un XIXe siècle revisité.
Encore une fois, le voyage fût excellent, la réflexion en toile de fond et l’émotion carrément au rendez-vous ! J’ai posé la question à Clémence Godefroy : oui, elle a d’autres idées d’histoires dans cet univers… il me tarde de les découvrir !

Fin du XIXe siècle. Nous ne sommes pas à Paris mais à Parisore. La Grande Exposition a lieu comme on peut l’imaginer, si ce n’est qu’au milieu des êtres humains se promènent des automates, généralement domestiques des grandes familles bourgeoises de la ville.
Au milieu des inventions témoignant de l’industrialisation du monde, Adélaïde trépigne, elle attend de pouvoir défiler avec l’automate qu’elle a créé. Malgré les restrictions liées à sa condition de femme du XIXe siècle, la demoiselle est assez libre de ses mouvements et peut passer ses journées à assouvir sa passion pour l’ingénierie et le modélisme.
Malheureusement, ce n’est pas le cas de sa meilleur amie Agathe, de condition plus modeste et surtout surveillée par des parents très traditionalistes. Réservée et plutôt respectueuse des codes que lui impose la société, la petite couturière pose tout de même des yeux curieux sur le monde dans lequel évolue son amie Adélaïde. A la fois dégoûtée et fascinée par les automates, Agathe garde ses distances… mais jusqu’à quand ?
Alors que le défilé d’automates bat son plein, un homme tire sur l’un d’eux et l’abat d’une balle dans son toquant (son « cœur »). C’est la panique. Balthazar Bouquet, frère aîné d’Adélaïde, prend l’enquête en main, inspecteur de son état. Il part bien vite sur les traces d’une organisation (d’un parti ?) anti-automates, pro-vivants qui multiplie les attentats en ville… Adélaïde et Agathe ne sont plus en sécurité, il va devoir veiller sur elles (encore plus qu’avant !).

Clémence Godefroy met en place un Paris parallèle qui ressemble en tout point à notre capitale de la fin du XIXe siècle, automates mis à part. Même si elle baptise sa vie Parisore, j’ai aimé que le lien avec notre ville réelle soit fort, parce qu’il nous permet de mettre des images assez précises sur les scènes que l’on découvre dans ces pages. En pensant au Paris de la toute fin du XIXe siècle, j’ai tout un tas de choses qui me viennent en tête : les vêtements (féminins notamment), le style « Belle époque », les fiacres remplacés petit à petit par des voitures pétaradant, l’intérieur des demeures, les gares décorées avec beaucoup de fer… bref, tout un visuel qui m’a permis d’entrer dans l’histoire avec énormément de facilité.

Clémence GODEFROY, portrait trouvé sur le site du Chat Noir.
Clémence GODEFROY, portrait trouvé sur le site du Chat Noir.

Dans cette histoire assez brève (un peu moins de 300 pages), la jeune auteure amène également quelques réflexions sur « l’humanité » des automates. Ont-ils des sentiments ? Y a-t-il une trace d’humanité en eux ? Et si oui, le meurtre de l’un d’entre eux doit-il être jugé de la même façon que celui d’un être humain ? Peut-on s’attacher à eux ? Les aimer ? Est-ce contre nature ?
Bien sûr, avec si peu de pages, difficile d’entrer vraiment au cœur de la réflexion mais il y a déjà quelques pistes qui peuvent donner matière à penser à ceux qui le souhaitent. Je n’ai pas les réponses à ces questions (et à d’autres), mais j’ai aimé me les poser pendant ma lecture parce que ça met en perspective une situation qui pourra peut-être nous arriver à nous aussi dans quelques (dizaines) d’années. Les machines et robots sont de plus en plus sophistiquées et développent une intelligence particulière (l’intelligence artificielle)… et s’ils prenaient bientôt vie, et s’ils commençaient à s’humaniser un peu plus, comment on réagirait nous ? Plutôt pro ou anti ? Comment est-ce que l’on adapterait nos lois ? C’est un sujet très vaste qui pourrait occuper de nombreuses heures de réflexion et qui peut servir de base à de nombreuses histoires…

Dans Eros Automaton, Clémence Godefroy choisit de se pencher sur les trois personnages que je vous ai cités plus haut, avec une focalisation un peu plus importante sur la figure d’Agathe qui est sans doute celle qui évolue le plus dans cette aventure.
Car sur le devant de la scène, plus présente que la réflexion sur les automates, il y a l’intrigue policière (Balthazar poursuit les commanditaires des attentats) et surtout une (enfin plusieurs) romance(s). Moi qui ne suis pas toujours très intéressée par les relations amoureuses des héros, j’ai apprécié ce que j’ai lu ici et j’y ai cru. C’est aussi l’occasion pour l’auteure de revenir sur les codes de la société de cette époque où les femmes n’existaient que par leur père/frère et ensuite leur mari donc leur préoccupation majeure était de trouver un bon parti ; pas de place pour la passion, tout était histoire d’intérêt et de profit. La pauvre Agathe doit se plier aux ordres de ses parents… en tout cas au début car elle va ensuite vivre des événements qui vont faire évoluer ses convictions les plus profondes ! Mention spéciale pour les derniers chapitres qui renferment un retournement de situation que je n’avais absolument pas vu venir et qui fonctionne vraiment très bien !

Énormément de positif dans cette lecture qui aurait mérité d’être plus longue et plus développée à mon goût. J’aurais aimé encore plus de pages, encore plus de descriptions car vraiment, j’avais envie de rester plus longtemps dans ce Parisore qui me plaît beaucoup. C’est un univers très riche qui pose les bases de belles réflexions et qui donc, appelle beaucoup d’autres intrigues… qui verront le jour un jour, je l’espère !



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3 réflexions sur “Eros Automaton de Clémence GODEFROY

  • 20 juin 2016 à 10 h 14 min
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    La couverture est sublime et ton avis me tente beaucoup ! Flute, j’ai manqué le concours à un jour près 🙂

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  • 15 juin 2016 à 22 h 56 min
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    Ton avis en vidéo me tentait terriblement, cet article confirme mon envie ! Je croise les doigts pour le concours 😉

    Répondre
  • 15 juin 2016 à 10 h 03 min
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    Ce livre me tente depuis que tu l’as montré dans un book haul! Ta critique me donne encore plus envie de le lire 😉

    Répondre

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