Les Sentiers des Astres, Tome 1 : Manesh de Stefan PLATTEAU

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Les Sentiers des Astres,

Tome 1 : Manesh
de Stefan PLATTEAU
Les Moutons électriques,
2014, p. 464


Première Publication : 2014

Pour l’acheter : sur le site des Moutons !


Historien de formation, Stefan Platteau aime s’abreuver à la source des mythes. Quand il n’est pas en train de réciter l’Iliade ou le Kalevala à voix haute en compagnie de harpistes ou de vagabonder sur les routes d’Inde avec le Ramayana sous le bras, il partage son temps entre l’écriture, la musique et son emploi d’entrepreneur en économie sociale. Pédagogue, il est également auteur de plusieurs spectacles d’histoire vivante, un genre auquel il s’efforce de donner une vraie puissance d’évocation, des thèmes originaux et des personnages forts, en collaboration avec des professionnels du théâtre et des compagnies de reconstitution historique.


♣ ♣ ♣


Quelque part dans la nordique forêt du Vyanthryr, les gabarres du capitaine Rana remontent le fleuve vers les sources sacrées où réside le Roi-diseur, l’oracle dont le savoir pourrait inverser le cours de la guerre civile. À bord, une poignée de guerriers prêts à tout pour sauver leur patrie. Mais qui, parmi eux, connaît vraiment le dessein du capitaine ? Même le Barde, son homme de confiance, n’a pas exploré tous les replis de son âme. Et lorsque les bateliers recueillent un moribond qui dérive au fil de l’eau, à des milles et des milles de toute civilisation, de nouvelles questions surgissent. Qui est Le Bâtard ? Que faisait-il dans la forêt ? Est-il un danger potentiel, ou au contraire le formidable allié qui pourrait sauver l’expédition de l’anéantissement pur et simple ?


Prix des Imaginales l’année dernière, coup de coeur cette année… on n’arrête plus Stefan Platteau ! Curieuse comme je suis, il fallait que je tente la lecture de ce fameux Manesh qui semble remporter tous les suffrages…
Eh bien moi aussi je suis tombée sous le charme ! Un beau voyage inspiré des mythologies celtiques et hindoues, servi par une plume poétique et travaillée… les tomes 0 et 2 sont d’ores et déjà dans ma bibliothèque et il me tarde de me replonger dans l’univers mystique et brumeux créé par le belge.

Manesh est construit sous la forme d’un récit à deux voix. Premier point de vue : celui, au présent, nous contant les aventures d’un groupe de guerriers dérivant sur un fleuve, allant vers le Nord, à la recherche d’un oracle. Alors qu’ils naviguent, les hommes repèrent un pauvre malheureux flottant sur un bout de bois au milieu de nulle part, seul au monde. Mal en point, le jeune homme est repêché et soigné à bord, malgré la méfiance des guerriers. Entre deux accès de fièvre, Manesh – parce que c’est son nom – dévoile petit à petit son identité en revenant sur ses souvenirs… et il remonte loin ! C’est le deuxième récit, enchâssé dans le premier et cette fois le conteur utilise les temps du passé.
Evidemment, les deux histoires se rejoignent finalement mais je ne vous explique pas comment, ce serait vous gâcher la surprise… mieux vaut vous plonger petit à petit dans ces récits et vous imprégner de l’atmosphère qui se dégage de l’un comme de l’autre.

J’ai vraiment été sensible aux ambiances créées par Stefan Platteau. J’imaginais ce fleuve, comme une bande d’eau serpentant entre deux morceaux de terre couverts de forêts mystérieuses… De la brume, un silence pesant seulement troublé par le clapotis de l’eau et la respiration des hommes inquiets sur les bateaux et puis soudain, retentissant à la fois si proches et si éloignées, des sortes de cornes de brume à glacer le sang. Je m’y croyais. VRAIMENT. J’ai encore en tête quelques scènes bien présentes et donc bien marquantes, notamment celles se déroulant sur la mystérieuse île anciennement habitée… et évidemment celles, finales, au fond de la grotte ! Quelle angoisse !

Stefan PLATTEAU, portrait trouvé sur Babelio.
Stefan PLATTEAU, portrait trouvé sur Babelio.

Stefan Platteau a un réel talent de conteur, les images apparaissent sous nos yeux, des sons arrivent dans nos oreilles, l’humidité de l’eau n’est jamais bien loin… Ce premier tome, bien qu’un peu contemplatif, offre une immersion complète. Alors oui, certains y trouveront quelques longueurs, mais moi c’est justement ce côté foisonnant de détails et donc permettant une immersion totale, qui me plaît. Rassurez-vous, si les descriptions sont de la partie, je ne les ai jamais trouvées trop lourdes, bien au contraire ! Les seules petites longueurs que j’ai pu relever arrivent au moment de la poursuite du Semeur de feu, j’ai peut-être ressenti un peu de lassitude face à ces chapitres qui semblent ne pas avoir de fin (disons qu’on sent une petite répétition qui aurait peut-être mérité d’être un tout petit peu allégée)… mais c’est bien le seul moment où j’ai pu constater une baisse de rythme dans ma lecture. Tout le reste m’a absolument enchantée et entraînée dans une course folle !

Difficile de vous parler davantage de l’intrigue sans vous révéler quelques informations clefs… j’ai même l’impression d’en avoir déjà trop dit. Sachez seulement que dans cet univers à tendance nordique, vous trouverez quelques habitants assez étranges : des divinités sous forme de géants arpentant sans cesse les forêts (et ils ne sont pas forcément très sympathiques), des « demi-dieux » à la recherche de leur identité et même une sorte de petit peuple invisible (et là encore, il vaut mieux s’en tenir éloigné)…
C’est le genre de contexte, d’atmosphère mythique/magique/mystique qui me parle énormément et dans lequel je me retrouve beaucoup. Alors forcément, je m’y sens comme chez moi et j’apprécie. Ce premier tome ne donne que quelques éléments contextuels alors j’ai hâte de me plonger dans les tomes suivants (ou spin-off avec Dévoreur) pour en apprendre un peu plus et m’en imprégner davantage.

Stefan Platteau l’a rappelé, il n’y a pas vraiment de héros dans ses Sentiers des Astres, plutôt des personnages qui prennent tour à tour le pas sur les autres au fil des tomes. Ici, le sous-titre l’indique parfaitement, c’est Manesh qui est mis en avant, mais les autres personnages, bien qu’un peu en retrait, ne manquent pas non plus d’intérêt. Le barde – celui qui est à l’origine du récit au présent, sur le fleuve – est lui aussi une figure attrayante. Et finalement, je me rends compte après avoir parcouru toutes ces pages, qu’on ne sait finalement pas grand chose de lui… pas plus que sur le personnage de la Courtisane, qui habite pourtant la grande majorité des lignes mais qui reste très mystérieuse… raison de plus de lire le tome suivant (Shakti) qui lui est consacré !

L’auteur parvient par un sacré tour de force à nous tisser tout un contexte mythico-politico-fantasy et à mettre en scène quelques personnages… tout en restant dans le mystère, dans une sorte de brouillard ambiant… et ça fonctionne super bien !
Plus ou moins protégé sur le bateau, remontant le fleuve, le lecteur perçoit les dangers que contient la forêt qui l’entoure et qui semble aussi profonde qu’insondable… Manesh est un premier tome envoûtant à bien des égards et je ne peux que vous conseiller de vous perdre dans les deux récits qui le composent !


10 réflexions sur “Les Sentiers des Astres, Tome 1 : Manesh de Stefan PLATTEAU

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  • 10 août 2016 à 18 h 12 min
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    Un bien merveilleux périple que voilà.
    C’est dense, touffu, comme les gigantesques forêts boréales au nord du Vyanthryr. Ça serpente, sinue et coule comme les eaux du fleuve que les gabarres remontent.
    La narration se fait lente, en récits imbriqués à deux voix, s’attardant sur les paysages sauvages, l’atmosphère magique, la mythologie et mystique qui règnent encore à certains endroits sur cette terre, comme pour mieux nous envoûter.
    L’univers mélange inspirations nordiques, hindoues, européennes de manière harmonieuse et originale, dépaysante et en même temps un brin familière.
    Les personnages, en tout cas concernant les principaux, s’avèrent emplis de mystères et de secrets, peu à peu dévoilés pour Manesh, bien gardés mine de rien pour le Barde alors que la narration est à la première personne, ou pour Shakti et sa fille dont on se doute qu’elles prendront de l’importance par la suite. J’ai donc hâte de lire le second tome où on devrait en apprendre plus. J’aurais même aimé en découvrir plus sur certains personnages secondaires, tant ils sont esquissés de façon intéressantes.
    La quatrième de couverture évoque Robin Hobb, et il y a du vrai dedans, dans le passé de Manesh. Robert Holdstock est également cité, et là encore il y a du vrai, dans la magie, les mythes et créatures que recèlent des pans de forêts. On retrouve également un véritable côté naturaliste et contemplatif, avec ces descriptions magnifiques de paysages souvent parcourus par d’autres que les hommes, ou sauvages ou à l’abandon. La nature domine, est prépondérante.
    L’écriture travaillée mais fluide se fait sensuelle/sensorielle, fait appel à tous les sens, et souvent d’une grande poésie. Le récit s’avère immersif, prenant, et réserve son lot de scènes proprement saisissantes.

    A croire que, comme son Barde, Stefan Platteau maîtrise la magie du Vrai-Dire. Un Envoûtement.

    P.S : Les Moutons ont encore sorti un très bon livre, servi en un bel objet, mais contenant de nombreuses coquilles typographiques, qui ne gênent certes pas la lecture mais c’est dommage qu’avec une telle lecture l’ensemble ne soit pas parfait jusqu’au bout.
    Je crois que je vais laisser passer quelques livres (plus légers, moins denses) entre celui-ci et sa suite ou son spin-off, mais j’ai en même temps extrêmement hâte de retrouver cet univers, son ambiance et ses personnages.

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  • 6 juin 2016 à 20 h 37 min
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    Waouw ! Comme tu le vends bien ! Je me réjouis de le lire 🙂 (mais j’ai trop envie d’avoir les 3 tomes avant de commencer, histoire de pouvoir les enfiler).

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  • 5 juin 2016 à 9 h 50 min
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    Merci de m’avoir fait découvrir cet auteur !
    Ondine

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  • 2 juin 2016 à 21 h 56 min
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    Je viens justement de me l’acheter au format poche! Il me fait terriblement envie!!!

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  • 2 juin 2016 à 0 h 58 min
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    Il me tarde de le lire, celui-ci !
    En tout cas super chronique, qui donne vraiment envie de découvrir l’œuvre.

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  • 1 juin 2016 à 22 h 47 min
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    Les premiers mots de ta chronique et ta description des mythologies qui ont inspiré ce livre auraient suffi à eux seuls à me faire l’ajouter à ma wish list… Alors avec le reste de l’article aussi dithyrambique, comment y résister? Merci pour cette jolie découverte!

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