Le Combat d’hiver de Jean-Claude MOURLEVAT

Le Combat d’hiver
de Jean-Claude MOURLEVAT
Gallimard Jeunesse,
2006, p. 331
Première Publication : 2006
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Jean-Claude Mourlevat est un auteur français né à Ambert (Puy-de-Dôme) le 22 mars 1952. Il est particulièrement connu pour ses romans destinés à la jeunesse.
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Le combat d’hiver est celui de quatre adolescents, évadés de leur orphelinat-prison, pour reprendre la lutte perdue par leurs parents, quinze ans plus tôt.
Ont-ils la moindre chance d’échapper aux terribles « hommes-chiens » lancés à leur poursuite dans les montagnes glacées? Pourront-ils compter sur l’aide généreuse du « peuple-cheval »? Survivront-ils à la barbarie des jeux du cirque réinventés par la Phalange?
Leur combat, hymne grandiose au courage et à la liberté, est de ceux qu’on dit perdus d’avance. Et pourtant.
C’est avec Le Combat d’hiver que j’ai terminé – avec succès – mon challenge Cold Winter 2015 et, par la même occasion, que je découvre la plume de Jean-Claude Mourlevat. Et c’est une réussite ! J’ai été très emballée par ce roman estampillé « jeunesse » qui s’est révélé plus mature que je le pensais et qui m’a offert de beaux moments d’émotions.
Il s’agit d’un one-shot qui se suffit à lui-même, se contentant de ces 300 et quelques pages pour offrir un univers travaillé, une intrigue qui tient la route et des personnages agréables à suivre… de quoi vivement m’encourager à découvrir un autre titre de Jean-Claude Mourlevat, certainement Le Chagrin du roi mort qui m’a plusieurs fois été conseillé !
Le lecteur est plongé dans l’univers dès les premières lignes, sans réelle explication, chaque pièce du puzzle se mettra en place au fil des pages. Ce n’est pas gênant de ne pas avoir une notice d’utilisation en ouvrant le roman, on trouve bien vite sa place auprès des héros et on intègre les informations comme elles viennent.
C’est auprès d’Helen que tout commence. Adolescente dans un orphelinat, la jeune fille demande l’autorisation d’aller voir sa consoleuse et elle choisit son amie Milena pour l’accompagner sur le chemin. Orphelines, les deux héroïnes (comme toutes les autres pensionnaires de l’orphelinat) ont la possibilité de rendre visite à leur consoleuse attitrée – sorte de maman de substitution – seulement trois fois par an. Seules « permissions » et seules libertés accordées, il vaut mieux les utiliser avec parcimonie. Ce soir-là, les deux amies rencontrent deux orphelins – Milos et Bartolomeo – et ces quelques paroles échangées changeront tout.
Milena et Bartolomeo s’enfuient tous les deux ce jour-là et c’est l’effet boule de neige. Helen et Milos s’associent à leur tour et partent sur les traces de leurs deux amis dans la montagne… mais c’est sans compter sur la Phalange – le « gouvernement » – qui compte bien retrouver les fuyards coûte que coûte, quitte à envoyer les cruels hommes-chiens, pisteurs hors pair.

Le rythme est soutenu, le lecteur ne s’ennuie pas et court lui aussi sur les traces des adolescents, apprenant en même temps qu’eux leurs origines, l’explication de leur enfermement dans ces orphelinats-prisons et surtout la raison qui pousse toute une délégation d’hommes à leur courir après, eux, petits adolescents « lambdas ».
On le comprend au cours du roman, Helen, Milena, Milos et Bartolomeo sont les enfants d’anciens rebelles tués quelques années plus tôt par la Phalange. Ils n’ont été sauvés que dans l’idée de les rééduquer dans des orphelinats très stricts. Or, Milena et Bartolomeo, les enfants des deux rebelles les plus célèbres, souhaitent reprendre le flambeau et continuer la lutte. Pour cela, rien de tel que rappeler aux foules le souvenir des défunts… en utilisant la belle voie de Milena – copie quasi conforme de sa courageuse mère – par exemple !
J’ai aimé les messages que contient Le Combat d’hiver. Il s’agit de science-fiction, plus précisément d’une dystopie – je pense qu’on peut aller jusque là – donc mettant en place une société très stricte, privant de libertés ses citoyens dans un contexte proche du totalitarisme. Malgré tout, malgré leurs différences, les hommes et les femmes savent se rassembler et se soulever contre l’oppression, quand il le faut. Et la simple évocation d’un souvenir, une simple voix permet tout ça. J’ai trouvé que c’était profondément beau et humain et ça m’a énormément touché.
Il y a beaucoup d’amour et de fraternité dans cette histoire et malgré les difficultés, les barrières et le dénouement assez triste, il y a également beaucoup d’espoir. C’est un livre très intense en émotions qui devrait séduire de nombreux lecteurs et qui n’est pas sans me rappeler le dyptique Nalki de Alice Adenot-Meyer qui mettait aussi en avant la musique comme vecteur d’espoir et de communion. C’est beau !
Le seul petit bémol à mon goût – mais c’est vraiment une appréciation très personnelle – réside dans le choix des points de vue multiples. C’est certes très intéressant de pouvoir découvrir chaque personnage et avoir un point de vue omniscient sur l’ensemble mais malheureusement, en ayant l’oeil sur tout, on l’a moins précisément sur une seule personne et donc on peut plus difficilement s’attacher, sidentifier et vivre pleinement l’aventure.
Encore une fois, il s’agit d’un ressenti très personnel. J’aime pouvoir être au plus proche d’un héros, apprendre à le connaître comme s’il devenait un ami et parfois pouvoir me retrouver un peu en lui… avoir autant de personnages principaux à suivre (les quatre adolescents) installe une certaine distance, comme une petite barrière entre eux et moi. J’ai eu plaisir à les voir, à les regarder évoluer mais je n’ai pas poussé l’expérience plus loin, je n’ai pas vraiment vécu l’aventure en même temps qu’eux. Et c’est un peu mon petit regret.
Alors que je pensais trouver un énième titre pour la jeunesse sans réelle originalité, j’ai eu plaisir à me plonger dans ce Combat d’hiver, mature, riche, parfois violent mais souvent plein d’émotions et toujours rempli d’espoir. Une belle leçon de vie dans un monde fictif pas si éloigné du nôtre…
J’ai trouvé ce roman un peu inabouti. J’ai plus accroché à l’intrigue annexe, sur « les jeux du cirque », moins à la principale. Je regrette notamment le manque de détails sur l’aspect dictature et le manque de charisme des « méchants ». La base est bonne, mais elle aurait pu être mieux développée je pense.
J’ai un très bon souvenir de ce livre. Mourlevat fait partie de mes belles découvertes faites grace aux blogs !
ça fait des années que je le vois passer et pourtant je n’ai jamais pris le temps de m’y attarder, je devrais 🙂