La Dernière Fée de Bourbon de Ophélie BRUNEAU

la dernière fée de bourbon de ophélie bruneau éditions du chat noir


La Dernière Fée de Bourbon

de Ophélie BRUNEAU
Le Chat Noir,
2015, p. 339


Première Publication : 2015

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Ophélie Bruneau, née le  à Gien, est une romancière et nouvelliste française. Ses genres de prédilection sont la science-fiction, la fantasy et le fantastique. Elle vit aujourd’hui en région parisienne, après avoir passé l’essentiel de son enfance dans le Nord, près de Bondues, le plus gros de son adolescence à Saint-Paul de la Réunion, et suivi des études d’ingénieur à Nantes.
Depuis 2004, elle contribue au monde du Donjon de Naheulbeuk : encyclopédie en ligne, voix invitées, jeu de rôles… Elle a notamment créé le personnage de Nak’hua Thorp.
En 2013, elle a rejoint le groupe The Deep Ones, un collectif de musiciens et d’auteurs de l’imaginaire proposant des lectures de textes en live avec accompagnement musical. Auteurs-lecteurs lors du concert donné le 15 décembre 2013 au Dernier bar avant la fin du monde : Sire Cedric, Nathalie Dau, Mélanie Fazi, Ophélie Bruneau, Patrick Eris, Lionel Davoust,Ghislain Morel. Musiciens : Ophélie Bruneau (chant, flûtes irlandaises), Nathalie Dau (chant, percussions), Shan Millan(harpe), Ghislain Morel (percussions), Christophe Thill (sitar, lap-steel, viole de gambe). (Wikipedia)


 L’Ouroboros d’argent 



 La chronique d’Elodie ! (à venir) 





Empire Britannique, 1873, sur l’île Bourbon hantée par les diwas, des créatures magiques, imprévisibles et dangereuses. Lisha Payet, retirée toute petite à sa famille, a grandi sur l’île Maurice voisine. Quatorze ans plus tard, elle revient à Bourbon pour y devenir une parfaite épouse victorienne, sous l’œil critique de la bonne société saint-pauloise. C’est sans compter le conflit qui éclate sur l’île. Prise malgré elle dans ce soulèvement, Lisha devra choisir son camp. Famille adoptive ou liens du sang ? Obéissance ou transgression ? Ami d’enfance ou officier à la beauté troublante ? Si encore elle ne jouait que sa propre vie ! Mais l’île Bourbon, à travers sa dernière fée, lui a confié son destin et celui de toutes les créatures qui l’habitent. Du battant des lames au sommet des montagnes, Lisha en apprendra plus qu’elle ne l’aurait souhaité sur les diwas, les hommes et sur elle-même.


C’est avant tout l’illustration de couverture offerte par Nicolas Jamonneau qui m’a attirée vers cette histoire. Après avoir vu le nom d’Ophélie Bruneau en haut de la première page et après avoir pris connaissance du thème, le doute n’était plus permis : La Dernière Fée de Bourbon devait absolument aterrir dans ma bibliothèque.
Elodie l’ayant aussi en sa possession, nous nous sommes donc lancées dans une lecture commune pendant laquelle nous avons tenté d’échanger sur nos impressions. Bien vite, nos discussions ont fait ressortir la richesse du contexte (très imagé), la densité de l’intrigue (il s’en passe des choses) et la beauté du style (très agréable à lire) mais il nous a manqué, à toutes les deux, un peu d’empathie envers l’héroïne. Un beau roman qui fait voyager mais qui a manqué un tout petit peu d’émotions, à mon goût.

Le moins que l’on puisse dire c’est que ces 300 et quelques pages nous font voyager au coeur de l’île Bourbon (actuellement l’île de la Réunion). L’auteure maîtrise son sujet et elle sait nous dépeindre les couleurs, les senteurs et le climat des lieux qu’elle affectionne tant. Je m’y serais cru alors que je n’y ai jamais mis les pieds et j’ai vraiment apprécié cette sensation. J’imaginais parfaitement les scènes, les montagnes, le volcan, la verdure… et les habitations un peu perdues au bout des chemins discrets. Un vrai dépaysement.
Mais Ophélie Bruneau ne nous amène pas seulement sur une île lointaine, elle nous entraîne également dans une époque reculée : le dernier quart du XIXe siècle, 1873 exactement. Son postulat de départ est simple et relève de l’uchronie : l’île Bourbon est restée aux mains de l’empire britannique (et non de la France). Ainsi, les colons anglais tentent de convertir les habitants locaux à leurs us et coutumes, et cela passe, par exemple, par les tenues très victoriennes de l’époque. Une nouvelle fois, je n’ai pas eu grand mal à m’imaginer les figures féminines dans ces robes cintrées et peu pratiques. Apparemment le corset était de plus en plus abandonné dans le quotidien à partir des années 1870 et la crinoline n’était plus vraiment à la mode, mais je pense que vous pouvez vous faire une assez bonne idée des silhouettes. Quant aux hommes, notamment les soldats, là aussi, je n’ai pas eu de mal à rassembler quelques images au cours de ma lecture.

Outre les tenues, la présence de colons britanniques sur l’île Bourbon entraîne surtout un sentiment d’oppression chez certains locaux. Ainsi, un groupe de rebelles baptisés les Pailles-en-queue (d’après un oiseau fréquent sur l’île), multiplie les manifestations et même les attentats contre le pouvoir anglais.
Marié à un mauricien capitaine de l’armée britannique, Lisha se retrouve coincée entre deux mondes. Doit-elle suivre ses origines et son sang et donc s’allier aux indépendantistes ou au contraire suivre la voie tracée par son mariage et donc soutenir son époux et l’empire britannique ? Au fil des pages, la jeune femme et le lecteur découvrent que le choix n’est finalement pas si simple, car pas si manichéen. Nul rôles de gentils et méchants à distribuer aussi facilement car indépendantistes ou colons, chacun se bat pour une conviction, bien souvent pas si altruiste que ça. Et l’on comprend bien vite que les diwas, ces petites créatures « féeriques » sont au centre des débats. Certains veulent les éradiquer, d’autres les exploiter et heureusement, plusieurs militent pour leur protection.

Ophelie-Bruneau portrait if is dead
Ophélie BRUNEAU, portrait trouvé sur If is dead.

Lisha se retrouve au milieu de cette cacophonie, veuve après seulement 3 mois, sans le sou, reniée par sa famille adoptive et ne pouvant faire confiance à personne…
J’ai trouvé l’intrigue particulièrement dense, travaillée et souvent surprenante car je ne m’attendais pas du tout à certains retournements de situation. Il n’a d’ailleurs pas toujours été facile de suivre – et surtout de se souvenir – de chaque action, tant il se passe de choses ! Mariage, nouvelle vie, attentat, kidnapping, combats, courses-poursuites, plans de bataille… l’héroïne ne chôme pas et les méninges du lecteur non plus ! C’est rythmé et très riche. Finalement peut-être un poil trop, parce qu’on a du mal à tout intégrer. Mais c’est un bémol qui m’est vraiment personnel, moi qui ai du mal à me concentrer et à rassembler mes souvenirs.

J’ai donc apprécié la teneur de l’intrigue et la vivacité narrative de l’ensemble… mais j’ai surtout aimé le contexte. Géographique et historique, oui, je vous en ai déjà parlé précédemment. Plus que ça, c’est cette petite touche de fantastique qui m’a séduite. Les diwas restent discrètes, font partie du décor… et pourtant, elles sont au coeur de l’histoire et du combat et semblent toujours être là, à quelques mètres de l’héroïne, dans l’ombre mais prêtes à l’action.
J’ai aimé comment Ophélie Bruneau à insérer ces créatures à son histoire et la façon dont elle les traite. Les diwas sont intimement liés à l’île de Bourbon et à la dernière fée dont je ne vous révèlerai pas l’identité. Même si ce ne sont pas des créatures de Faerie traditionnelles, pour moi elles possèdent toutes leurs caractéristiques… et ce fut donc un plaisir de les rencontrer sur une si belle île !

Vous allez vous dire, « mais en fait, elle a tout aimé ! »… eh bien oui, mais. Le mais réside pour moi dans l’héroïne. Ne vous inquiétez pas, Lisha est une jeune femme agréable à suivre, courageuse, déterminée, intelligente et qui s’adapte vite aux nouvelles situations… mais il m’a manqué un je-ne-sais-quoi grâce auquel j’aurais pu m’attacher davantage à elle. Je n’ai pas vibré avec elle, je n’ai pas eu cette « identification » qui fait que certaines lectures sont intenses. Pourtant c’est une héroïne plaisante, je me répète, et en laquelle j’aurais pu me reconnaître… mais je crois que le hic a résidé dans l’utilisation de la troisième personne du singulier. Alors parfois ça n’empêche pas de créer un lien fort avec un héros et parfois ça met une petite barrière entre lui et le lecteur et ça a été le cas cette fois.
La Dernière Fée de Bourbon a été une aventure que j’ai eu beaucoup de plaisir à suivre, à regarder sur le côté, mais, même si j’ai réussi à me projeter au coeur de l’île, je n’ai pas réussi à vivre l’histoire en même temps que son héroïne ; j’ai suivi celle-ci de façon un peu détachée et c’est ce qui fait que cette lecture fut agréable et divertissante, mais pas aussi intense en émotions que je l’aurais espéré.

Colonisée par l’empire britannique, l’île Bourbon recèle en son sein, non seulement un groupe d’indépendantistes prêts à tout pour vaincre l’envahisseur mais aussi et surtout des créatures féeriques sur lesquelles tous les regards se tournent. Catapultée au milieu de ces intrigues, la jeune Lisha va découvrir quelques secrets bien gardés et apprendre à faire des choix par elle-même, quelles que soient les conséquences.
La magnifique illustration de couverture offre un bel aperçu de l’univers dans lequel vous allez plonger… attention, n’oubliez pas votre ombrelle et surtout, n’approchez pas trop les salamandres du volcan, elles sont mortelles !


Challenge A la recherche de Faerie





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