Les Ecossais, pieds sur terre ! de Etienne DUVAL

Les Ecossais,
pieds sur terre !
de Etienne DUVAL
Ateliers Henry Dougier
(Lignes de vie d’un peuple),
2015, p. 143
Première Publication : 2015
Pour l’acheter : Les Ecossais : pieds sur terre !
Dans la même collection : Les Irlandais
Étienne Duval est un journaliste franco-écossais basé à Londres et à Édimbourg. Après des études en sciences politiques à Oxford, il a travaillé à la BBC, puis a été correspondant à Londres de nombreux médias, dont le Matin de Paris, Europe 1, Arte, TV5, la RTBF et la RTS. Il est aujourd’hui journaliste et consultant indépendant.
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Personne n’avait vu venir la lame de fond indépendantiste qui a déferlé sur l’Écosse lors du référendum du 18 septembre 2014. Pas assez soutenue pour balayer la Grande Bretagne, sa force – 45 pour cent de “oui” – n’en a pas moins sérieusement ébranlé les fondations de l’édifice commun. Unis volontairement aux Anglais depuis trois siècles (quatre si on remonte à la double monarchie), les Écossais continuent à marquer leur différence. Qu’est ce qui taraude donc ce peuple? Pourquoi, alors qu’il est mieux loti que beaucoup d’autres, avec son parlement, ses universités, sa justice, sa police, ses hôpitaux, et même ses billets de banque, continue-t-il à vouloir plus ?
Au siècle de la mondialisation, ce petit peuple continue en fait à se voir comme une nation. C’est une conviction calme, sourde et puissante comme un orage sur les Highlands. Ceux qui en doutent n’ont qu’à s’asseoir dans le stade de Murrayfield, un jour de match de rugby contre l’Angleterre, l’Irlande ou la France. Ou, mieux encore, partir à sa rencontre dans ses banlieues, ses châteaux et ses îles.
C’est cette enquête hors des sentiers battus que vous propose ce récit.
Dans la même collection Lignes de vie d’un peuple, le titre sur les Irlandais (proposé par Agnès Maillot) m’avait enchantée. J’en avais fait un coup de coeur et l’avais cité dans mes plus belles lectures 2015. Ainsi, lorsque les Ateliers Henry Dougier m’ont proposé de recevoir un autre titre, j’ai accepté illico. Plusieurs peuples m’intriguaient mais c’est bien le titre sur les Ecossais qui me tentait le plus.
Sur le même modèle que le précédent, cet essai rédigé par Etienne Duval nous offre un éclairage passionnant sur les Ecossais, leur Histoire, leurs coutumes, leurs relations à leur pays et à l’Angleterre… On apprend beaucoup de choses, encore une fois de façon fluide et abordable et encore une fois, on en redemande !
Si j’avais quelques connaissances de base au sujet de l’Irlande, je n’en avais en revanche aucune en ouvrant ce titre sur les Ecossais. C’est donc avec beaucoup de curiosité et d’intérêt que je me suis plongée dans les quatre parties que compte cet ouvrage.
Qui dit auteur différent, dit forcément construction différente. Pour le coup, j’ai trouvé le découpage (en quatre parties également) de Agnès Maillot peut-être plus simple (par grandes thématiques) et donc plus clair. Ici, je suis bien incapable de vous résumer chaque chapitre (Pourquoi tant d’histoires ? – Balade écossaise – Portraits de famille – C’est loin l’Ecosse ? Comment le monde a changé les écossais et vice versa) en quelques mots ; tout se mélange dans ma tête. La lecture a donc été un peu plus brouillonne bien que tout aussi intéressante.
Etienne Duval revient notamment sur le référendum du 18 septembre 2014 qui a révélé que 45% des écossais étaient pour l’indépendance. La question a passionné le pays entier pendant des mois et jamais autant de votants ne s’étaient rendus aux urnes. Si l’Ecosse est toujours intimement liée à l’Angleterre, il n’en reste pas moins que les choses ont changé depuis l’annonce de ce résultat et les partisans du « OUI », de moins en moins discrets, ne s’avouent pas vaincus.
Le journaliste interviewe de nombreux écossais, de toutes les strates de la société, chacun ayant son idée et ses convictions sur son pays et son alliance avec l’Angleterre. Les témoignages sont très différents les uns des autres mais on sent quand même que tous – qu’ils soient pour l’indépendance ou non – sont fiers d’être écossais et de leur identité bien marquée. C’est souvent émouvant et toujours très intéressant.
J’ai appris plusieurs choses entre ces pages, à commencer par l’invention du kilt qui date… du XIXe siècle ! Eh oui ! Invention romantique pour accentuer l’image du Highlander rebelle et indépendant, le kilt n’est pas vraiment celui que l’on croit.
J’ai été également surprise de constater qu’une partie de l’Ecosse vivait les mêmes conflits et affrontements que l’Irlande. En effet, les Hébrides Extérieures (îles à l’ouest du pays) sont coupées en deux : au Nord une tradition protestante très stricte (même si les choses changent petit à petit avec l’ouverture sur l’extérieure et donc l’arrivée « d’étrangers ») et au Sud, une tradition catholique un peu plus « souple ». C’est au Nord que l’on retrouve le noyau dur du gaélique écossais même si, là encore, comme pour l’Irlande, la langue perd un peu de son importance au fil des décennies. Malgré tout, des écoles offrent encore l’enseignement uniquement dans cette langue et des effets de mode permettent son expansion au reste du pays (notamment à Edimbourg et Glasgow).
Quant aux habitants des Iles Shetland (tout au Nord), ils se sentent plus norvégiens qu’écossais et vivent un quotidien légèrement différent. Cela dit, l’arrivée massive de touristes et de nouveaux habitants séduits par la tranquillité des lieux, tendent à changer un peu la donne.
Je ne vous dévoile pas toutes les informations et tous les secrets contenus dans ce court essai, je vous invite plutôt à y jeter un oeil et même à vous y plonger sérieusement, ça vaut le coup !
Le seul regret que je pourrais apporter à ma lecture réside dans un petit détail : l’absence d’annexes à la fin. Une liste de livres, films ou encore musiciens écossais, aurait largement été la bienvenue à mon goût. Histoire de prolonger un peu le voyage et de gratter un peu plus du côté de cette fascinante nation écossaise…
Un peu moins de 150 pages pour (re)découvrir l’Ecosse et ses sympathiques écossais. Généralement soumis à l’image des Highlanders en kilt, le pays joue des préjugés et les entretient, fier d’être une nation grande et forte, bien différenciée de l’Angleterre malgré les liens intimes entretenus avec elle. J’ai appris de nombreuses choses et ai été surprise par bien d’autres… et j’en redemande ! Il ne me reste plus qu’à aller fouler les berges des lacs embrumés !
Merci aux Ateliers Henry Dougier pour cette belle collection !
Ping : Les Doreurs de pilule de Mathias DAVAL, illustré par Philippe CRUYT ⋆ BAZAR DE LA LITTERATURE
J’ai de plus en plus envie de l’offrir à ma meilleure amie avec qui je suis parti en Écosse et qui y a vécu plusieurs mois.
Et de me prendre pour moi un sur les peuples nordiques, surtout les Inuits mais aussi sur les Islandais et les Norvégiens.
Merci pour la découverte de cette collection qui semble des plus intéressantes et que tu pousses autant en avant.