Il neige sur Encelade de Olivier MOYANO

Il neige sur Encelade
de Olivier MOYANO
Editions du Chat Noir,
2014, p. 200
Première Publication : 2014
Pour l’acheter : sur la boutique de l’éditeur !
Il est des parcours de vie qui ne se lassent pas d’imposer leurs méandres à celui qui, confiant en l’avenir, décide de les suivre sans broncher, quelles qu’en soient les issues (parfois des impasses) vers où il se trouve expédié. « Autant chercher à faire jaillir une flamme en frottant ses phalanges contre un savon de Marseille » ironisait Herman Melville dans Bartleby le scribe.
Ainsi, Olivier Moyano, tout à tour aquitain, puis lorrain, puis à nouveau aquitain, français puis (et) espagnol, psychomotricien et psychologue, puis Docteur en Psychopathologie Clinique, lecteur fou de Philip K Dick alors qu’il n’aime pas (du moins le croit-il encore…) la Science Fiction ; amoureux inconditionnel de la prose d’Haruki Murakami, fasciné par Franz Kafka et John Irving (quel grand écart), bédéphile et bédévore (Tardi, Léo, Rosinski & Van Hamme, Loisel, Larcenet, Corbeyran), l’écriture le saisit en un endroit pour tenter d’exporter ce qu’il a cru comprendre de la question du rêve, du double en psychopathologie (une sinécure)… Tandis que, de l’autre bord, il est passé, tout en douceur, de la transmission dite scientifique à la création littéraire… et il compte bien que cela dure. Non mais. Le XXI° siècle sera fantastique ou ne sera pas.
(Le site de l’auteur)
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Après avoir survécu au meurtre de sa mère, Steven est placé en institution et confié aux bons soins de Sylvère Murat. Une relation particulière s’établit peu à peu entre le psychologue et son patient de quatre ans, obsédé par le mystère du « chat qui s’allume », dernières paroles de sa défunte mère. Cependant, au fil des sessions, le thérapeute décèle dans l’ombre du garçon un énigmatique inconnu qui parle au nom du petit. L’étrangeté de ce phénomène atteint un point de non-retour le jour où l’enfant disparaît sans laisser de traces.
Pour Sylvère, le lien n’est pas pour autant rompu. Au contraire, une série d’inexplicables coïncidences vient le renforcer, poussant le psychologue à mettre sa vie routinière entre parenthèses afin de partir à la recherche de Steven.
Mais ce qu’il trouvera au terme de son voyage sera au-delà de toute imagination…
Avec ce roman aux accents Murakamiens, Olivier Moyano nous offre une fiction empreinte d’onirisme où l’on apprend qu’il n’est jamais trop tard pour trouver sa place.
Je commence à connaître un petit peu les éditions du Chat Noir puisque j’ai lu – et possède surtout – une grande partie de leurs titres. Il neige sur Encelade est véritablement un ovni dans la ligne éditoriale de la maison, mais un ovni qui a largement sa place aux côtés des autres publications de l’éditeur. C’est un court roman difficile à cerner et de ce fait difficile à mettre dans des cases prédéfinies. On peut dès lors difficilement le comparer à d’autres ouvrages – même si la référence à Murakami n’est pas usurpée – et j’ai apprécié cette originalité étrange.
Je n’ai pas adhéré d’un bout à l’autre et certaines petits choses m’ont un peu chagrinée mais je garde malgré tout un bon souvenir général de cette lecture et surtout, je salue la prise de risque, non seulement de l’auteur mais aussi de l’éditeur car tous les deux ont osé aller au bout de l’aventure… et ça valait le coup !
On peut grossièrement couper le texte en deux parties. La première, qui s’attarde sur la relation se nouant entre le petit Steven et Sylvère le psychiatre, m’a véritablement passionnée. Je tournais les pages, avide de connaître la suite des événements pour le petit garçon ayant été témoin du meurtre de sa mère (par son père violent). Je voulais comprendre ce qu’était cette histoire de « chat qui s’allume » et d’où venait cette voix d’adulte prenant parfois possession de lui. Schizophrénie ? Possession ? Je voulais savoir !
Et puis, l’histoire prend un tournant radicalement différent lorsque Steven disparaît. Sylvère part à sa recherche sur un coup de tête, lui-même atteint par une étrange tâche blanche grandissant sur sa tempe. C’est le début d’une sorte de road-trip bizarre pendant lequel le psychiatre découvre un village a priori hors d’atteinte et fait des rencontres particulièrement… étonnantes. C’est bien simple, on a l’impression que Sylvère a pris un peu trop de LSD et vit un voyage psychique un peu loufoque. Alice au pays des merveilles ou Las Vegas Parano, au choix ! Et en fait, j’ai peiné à adhérer à cette deuxième partie.

Je crois que je n’ai jamais vraiment réussi à intégrer les touches de fantastique, je n’y ai jamais cru. Je m’attendais à ce que, justement, le héros se réveille après une bonne cuite ou, que l’auteur mette en place un retournement de situation grâce à une métaphore ou truc qui expliquerait tout de façon rationnelle. Genre Shutter Island, par exemple. Mais en fait non, le « merveilleux » est bel et bien admis. La tâche a une signification, le village étrange ne recueille que des gens bien particuliers, la voix d’adulte parfois empruntée par Steven est bien réelle et tout est arrivé pour une raison…
Je suis la première à aimer les histoires dites « imaginaires ». Mes lectures sont majoritairement des textes SFFF (Science-Fiction, Fantastique et Fantasy) mais là, je n’ai pas réussi à intégrer les éléments fantastiques. Peut-être que la première partie, terriblement dramatique et ancrée dans le réel, était trop en décalage avec la suite ? Ou peut-être que je ne m’attendais juste pas à ça et souhaitais une conclusion différente, tout simplement.
Ce n’est pas pour autant négatif puisque Il neige sur Encelade a vraiment été surprenant. Pour le coup, je n’avais aucune idée du chemin que Olivier Moyano allait emprunter, je ne pouvais vraiment pas me douter de là où il souhaitait emmener ses lecteurs… la surprise est totale, ça fonctionne parfaitement !
Le lecteur parcoure donc les paragraphes très vite et ces quelques 200 pages se dévorent. Il faut dire aussi que le texte est agréablement écrit. Les premiers chapitres laissent la parole au petit Steven (4 ans au départ) qui, avec ses mots, nous raconte ce qu’il a vécu. Le discours change ensuite puisque le point de vue suit ensuite la voix de Sylvère, le psychiatre. Ces chapitres-là ne sont pas mal écrits ou inintéressants, loin de là, mais… c’est différent. Et l’intrigue prenant un tournant qui me parlait moins, j’ai moins apprécié la lecture de la deuxième partie.
Il neige sur Encelade a été une lecture surprenante. Captivante, étonnante et finalement déroutante. Je n’ai pas adoré parce que je suis passée un peu à côté de l’aspect fantastique et m’attendais surtout à une chute bien différente, mais j’ai apprécié ce voyage étrange… qui sort vraiment des sentiers battus. Un bel ovni aux éditions du Chat Noir !
J’aime beaucoup les « chat noir » mais celui là n’est pas dans ma pàl . il y viendra… *Marie*
Coucou. J’avais repéré ce titre mais l’aspect étrange ne me donne pas tellement envie de m’y plonger. Merci pour ton avis éclairant.