La Passe-Miroir, Tome 1 : Les Fiancés de l’Hiver de Christelle DABOS

La Passe-Miroir, Tome 1 :
Les Fiancés de l’Hiver
de Christelle DABOS
Gallimard Jeunesse,
2013, p. 519
Première Publication : 2013
Pour l’acheter : La Passe-miroir, Tome 1
Christelle Dabos est née en 1980 sur la Côte d’Azur et a grandi dans un foyer empli de musique classique et d’énigmes historiques. Plus imaginative que cérébrale, elle commence à gribouiller ses premiers textes sur les bancs de la faculté. Installée en Belgique, elle se destine à être bibliothécaire quand la maladie survient. L’écriture devient alors une évasion hors de la machinerie médicale, puis une lente reconstruction et enfin une seconde nature. Elle bénéficie pendant ce temps de l’émulation de « Plume d’Argent », une communauté d’auteurs sur Internet. C’est grâce à leurs encouragements qu’elle décide de relever son tout premier défi littéraire : s’inscrire au « Concours du Premier roman jeunesse ».
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Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’Arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. À quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.
En ouvrant Les Fiancés de l’Hiver, j’avais de grandes attentes. Non seulement parce que c’est un titre pour la jeunesse (et la Young Adult ne me convainc que trop rarement) et surtout parce qu’il a été le coup de coeur de centaines (au moins !) de lecteurs/blogueurs/booktubeurs. Autant dire que je l’attendais au tournant ce premier tome et que la déception aurait été terrible si je n’avais pas accroché… Eh bien contre toute attente, et je suis la première surprise, j’ai pris énormément de plaisir à cette lecture !
Là où j’imaginais un énième titre jeunesse un peu bancal, superficiel et sans saveur, j’ai trouvé une plume travaillée, un univers riche, des personnages complexes et une intrigue qui n’a pas cessé de me surprendre ! Le coup de coeur aurait pu être au rendez-vous si la lecture n’avait pas traîné en longueur… mais je ne regrette absolument pas de l’avoir étalée dans le temps pour mener à bien une lecture commune avec d’autres lecteurs ; partager en live ses impressions avec d’autres est toujours enrichissant ! En tout cas, je me procurerai la suite dès que possible, c’est sûr !
Dans ce premier tome, le lecteur suit la discrète Ophélie (à laquelle j’ai peiné à donner un âge mais qui a apparemment 17 ans… je lui aurais donné un peu plus personnellement !), jeune fille myope portant de grosses lunettes dont la particularité est de pouvoir « lire » les objets et retracer toute leur histoire, jusqu’à leurs origines. Très brillante dans son domaine, elle tient les rênes d’un musée et parvient sans trop de problèmes à faire fi des remarques de sa mère sur sa tenue et son non-désir de se marier… jusqu’au jour où on la contraint à des fiançailles bien particulières. Hors de question de se défiler, elle a ordre de devenir l’épouse de Thorn et de le suivre à la Citacielle, capitale du Pôle.
Accompagnée de sa tante qui lui sert aussi bien de chaperon que de soutien, Ophélie fait ses premiers pas dans sa nouvelle vie et découvre qu’au Pôle, rien n’est vraiment ce qu’il semble être. La famille du fiancé cache bien des secrets et sous leurs airs charmants, ce sont de féroces dragons qui sommeillent… Et les autres habitants de la capitale, tout aussi cachotiers et manipulateurs, sont eux aussi indignes de confiance. Notre héroïne ne peut compter que sur son courage et sa discrétion pour survivre face aux intrigues et complots qui sévissent… et il semblerait qu’elle soit la pièce principale d’une manipulation encore plus énorme, mais laquelle ?

Comme vous pouvez le constater, on est bien loin d’une petite historiette sans relief. J’ai compris au fil des pages que Christelle Dabos en avait sous la pédale et qu’elle ne manquait pas d’idées. Plus important encore, non seulement elle a de la matière mais elle la traite bien, surtout. On n’a pas encore toutes les clefs de l’univers – bien au contraire – mais on peut déjà s’apercevoir que celui-ci est riche et bien pensé. Des « arches » différentes, des pouvoirs particuliers selon les castes… et évidemment des conflits et des secrets au milieu de tout ça.
De leurs côtés, les différents personnages peuvent donner une impression de simplicité et presque de clichés, de prime abord, mais se révèlent bien vite beaucoup plus complexes et passionnants. J’avais par exemple des doutes au sujet de Thorn qu’on nous présente comme un ours mal léché, peu causant et carrément déplaisant ; je voyais venir le cliché du bad boy mystérieux un peu grognon… et en fait non. Ce personnage a réussi à me surprendre et à m’intriguer assez pour que j’ai envie de le connaître mieux, ce que j’espère pouvoir faire grâce au tome suivant.
Ophélie est peut-être la figure qui m’a le moins séduite lors de ma lecture, finalement. J’ai bien compris que l’auteure avait voulu mettre en scène une anti-héroïne un peu fade et effacée… mais j’ai eu un peu de mal à m’attacher à la jeune fille, au début. Un peu trop molle et subissant un peu trop ce qui l’entoure à mon goût, Ophélie me donnait envie de la secouer. Et puis, petit à petit au fil des pages et de son aventure, elle prend un peu d’assurance, se rebelle (un tout petit peu), donne de la voix (pas très fort mais c’est déjà mieux)… et j’ai aimé cette évolution qui promet de belles choses pour la suite.
Globalement, j’ai été surprise de trouver un univers et une intrigue beaucoup plus matures et beaucoup moins jeunesses que ce à quoi je m’attendais en ouvrant ce premier tome. Certaines scènes et certains passages sont assez sombres, parfois violents et même un peu glauques sur les bords ; en tout cas pas si naïfs et simplistes que ça.
Et cette sensation passe avant tout par le style employé pour la narration. Christelle Dabos possède une plume bien particulière qui peut dérouter dans les premières pages mais dans laquelle on finit par se perdre totalement. J’ai aimé le vocabulaire un peu plus soutenu que d’habitude, les descriptions précises et bien dosées et toutes les images qu’elles permettent de créer. La forme des Fiancés de l’Hiver est définitivement pour moi un des gros points positifs du texte.
Si je regrette un tout petit peu le manque de références au froid et à l’hiver (que l’on peut s’attendre à trouver du fait du titre et des couleurs utilisées pour l’illustration de la couverture), cette lecture a été une très heureuse surprise sur bien des points. De l’univers complexe aux personnages travaillés en passant par le style riche, c’est une réussite ! Il ne me reste qu’à me procurer le deuxième tome qui est sorti très récemment !
J’ai une petite question,
Je voudrai savoir ce qu’il y a de réaliste et de surnaturel.
Merci
J’ai été pour ma part assez déçu par ce roman. Certes c’est bien écrit, mais il y a trop de descriptions, et paradoxalement pas assez d’immersion dans cet univers si prometteur. Les intrigues de la cour m’ont aussi ennuyé… Bref, je n’ai pas été bouleversé, dommage.
Je suis totalement d’accord avec toi.
Malheureusement, ce roman m’a beaucoup déplu.
Ou plutôt ennuyé.
Bon avec cet article il faut vraiment que je me le procure pour le lire !! 🙂
aaaah ça fait toujours plaisir de voir que l’un des ses coups de coeur est apprécié à sa juste valeur ! Et oui, tu le verra sans doute, le tome 2 est encore mieux et l’évolution des personnages est juste géniale ! (oui je suis totalement en mode fangirl quand il s’agit de la Passe-Miroir ^^)
C’est honteux de tenter ainsi les lectrices qui essayent d’être raisonnables dans leurs achats impuslsifs 😀
Encore un bel article bien argumenté !
Moi aussi je l’attendais au tournant, et… ah bonheur ! Je n’avais pas lu un roman jeunesse aussi complexe, plein de mystère, mature et tout et tout depuis longtemps. Pour l’âge d’Ophélie, je mise plutôt sur 19 ans, suite à des infos laissés par l’auteur : « Ophélie se situe à califourchon entre l’adolescence et l’âge adulte. Thorn est l’aîné d’Ophélie de quelques années. Archibald appartient à la même génération que Thorn. Berenilde n’est ni jeune ni vieille. La Mère Hildegarde a l’âge d’une tortue de mer et les esprits de famille celui d’un séquoia. Quel est l’âge du capitaine ? »
Pour Thorn, du coup, 25 ans ? 😛
J’ai beaucoup apprécié cette lecture aussi ! Je l’ai lu il y a quelques temps déjà (après le salon de Montreuil 2013 ou 2014, je ne sais plus, mais il me semble qu’il était sorti récemment), mais je suis surprise de lire qu’Ophélie a 17 ans, elle est bien plus vieille dans mon souvenir !
En tout cas, je compte me replonger dans le tome 1 afin de lire le tome 2, afin de bien me le remémorer, et cette chronique ne fait que me donner envie de le faire prochainement !