Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur de Harper LEE

Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur
de Harper LEE,
lu par Cachou Kirsch
Audiolib,
2015, 11h35
Première Publication : 1960
Pour l’acheter : Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur
Harper Lee est née en 1926 à Monroeville, dans l’Alabama. Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, qui sera resté pendant plus d’un demi-siècle son unique roman, a été couronné par le prix Pulitzer et s’est vendu à ce jour à près de 40millions d’exemplaires à travers le monde. En 2015, après plus d’un demi-siècle de silence, Harper Lee publie son deuxième roman, Va et poste une sentinelle (Grasset), où l’on retrouve Scout Finch, vingt ans plus tard.
♣ ♣ ♣
Dans une petite ville d’Alabama, au moment de la Grande Dépression, Atticus Finch élève seul ses deux enfants, Jem et Scout. Homme intègre et rigoureux, cet avocat est commis d’office pour défendre un Noir accusé d’avoir violé une Blanche. Celui-ci risque la peine de mort.
Grand classique de la littérature américaine, Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur offre un témoignage du quotidien dans une petite ville de l’Alabama dans les années 30. Si j’ai apprécié ce livre, je n’en reste pas moins assez surprise par son contenu.
Ayant toute confiance en la quatrième de couverture qui nous annonce un procès difficile, j’ai été déstabilisée par les premières pages et ai du me rendre à l’évidence : cet élément de l’histoire n’est qu’un petit passage parmi d’autres. L’ensemble n’en reste pas moins agréable et émouvant mais mes attentes n’ont pas été véritablement comblées. Et finalement, cette découverte a été un peu freinée par le support audio qui, pour la deuxième fois, ne me convainc pas totalement ; je vous en parle plus en détail dans le dernier paragraphe.
Toute l’histoire nous est contée du point de vue unique de la petite Jean Louise Finch alias Scout, pas tout à fait 6 ans au début du livre, pas tout à fait 9 ans à la dernière page. Cette petite fille intelligente, débrouillarde, curieuse, à l’imagination débordante et un poil « garçon manqué » va nous dépeindre son quotidien dans le détail. De son premier jour d’école auprès d’une institutrice bornée et peu aimable, aux jeux qu’elle partage avec son grand frère – Jeremy alias Jem – et leur meilleur ami Dill. Les journées se ressemblent et se déroulent toutes entre l’école, la maison des Radley dont le mystère de la disparition de Boo Radley occupe fréquemment les enfants, et la maison des Finch où Atticus, le père avocat, lit son journal et tente d’inculquer les valeurs à ses rejetons et où Calpurnia, la gouvernante noire, tente tant bien que mal de faire régner l’ordre.
Les semaines et les mois passent, rythmés par les découvertes et déconvenus de Scout et de ses proches. La petite grandit, ses réflexions s’affûtent mais son regard reste celui d’une enfant. Jusqu’au jour où Tom Robinson, un jeune travailleur noir, est accusé d’avoir violé une adolescente blanche (Mayella Ewell). C’est Atticus Finch qui défend l’accusé au tribunal. Scout et Jem vont découvrir les lois qui régissent leur pays et vont comprendre que malgré celles-ci, le conflit racial domine dans la ville, il n’est pas question de justice.
J’ai aimé suivre le point de vue de cette enfant sur trois années. C’est à la fois naïf, humain et terriblement authentique. La réflexion apportée par Scout n’en est que plus poignante et percutante. Je retiens notamment celle qu’elle fait au sujet d’Hitler lorsque son enseignante lui assène que là-bas, en Allemagne, c’est un dictateur qui règne, alors qu’ici dans leur pays, c’est la démocratie où tous ont donc les mêmes droits, où l’égalité est reine.
Harper Lee met en place un contexte fort en nous faisant découvrir le quotidien de ses personnages. On se croirait dans cette petite ville de l’Alabama dans les années 30. On sent les liens entre les voisins, la place de la Femme qui se modifie petit à petit, et surtout ces relations délicates avec les travailleurs noirs qui vivent plus loin, dans un autre quartier… J’ai aimé réussir à me plonger si facilement dans le décor, comme si je faisais moi aussi partie de l’histoire.

En revanche, il est vrai que l’on peut être surpris dans un premier temps. Les premières dizaines de pages ne nous apprennent pas grand chose sur la direction que souhaite prendre l’auteure, on ne sait pas trop où l’on va et on ne peut pas dire que l’action soit vraiment au rendez-vous. C’est, et je me répète, le témoignage du quotidien d’une petite fille dans les années 30, de son point de vue d’enfant.
Alors comme beaucoup, je pense, j’attendais cette histoire de procès. J’imaginais que ce serait le coeur du livre et qu’on découvrirait tous les éléments très vite, dans les premières pages. Or, le procès de Tom Robinson n’est qu’un passage dans le texte, comme je le disais en introduction. Il intervient très tardivement dans le texte, à plus de la moitié de l’histoire, il me semble. Sans être déçue, je m’attendais à autre chose, j’ai donc été un peu désapointée. Les chapitres consacrés au jugement du jeune homme noir au tribunal sont excellents car vraiment très prenants, mais l’affaire arrive bien tard et est finalement assez vite jugée, vous vous en doutez.
La ségrégation est là, en toile de fond et est perceptible, mais je m’attendais vraiment à ce qu’elle soit beaucoup plus mise en avant tout au long de l’histoire, ce qui n’est pas le cas. Et ce qui entraîne une légère petite déception pour ce grand classique de la littérature américaine. C’est malgré tout très bien écrit car fluide mais percutant et l’on suit avec plaisir les aventures de cette malicieuse petite Scout.
Et le format audio ? Je pense que l’impact de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur aurait été un peu plus fort si la lecture s’était effectuée « normalement » à savoir à travers un livre papier. C’est la deuxième fois que je tente l’aventure du livre-audio et encore une fois, je ne suis pas totalement convaincue. C’est certes agréable d’écouter la voix d’un conteur – Cachou Kirsch fait ici parfaitement son job – mais je crois que ce n’est pas pour moi. Je manque de concentration et ne retiens donc pas grand chose de ce que j’écoute, malgré toute ma bonne volonté. Impossible pour moi de m’asseoir et de rester là, uniquement à écouter le texte, alors j’essayais d’avancer dans ma « lecture » au moment des tâches ménagères ou des trajets quotidiens pour me rendre au travail. C’était plutôt efficace mais les sessions étant courtes (une vingtaine de minutes à chaque fois) j’avais l’impression de ne pas avancer. Il est clair que je parcoure beaucoup plus rapidement les mots écrits sur une page que je ne peux le faire en écoutant quelqu’un me conter une histoire (et je ne crois pas qu’accélerer la bande soit la solution). Je trouve finalement que c’est trop lent pour moi. Pour que j’apprécie une histoire, je n’aime pas qu’elle traîne sur plusieurs semaines, j’aime avoir la sensation d’avancer et « de voir le bout ». Ce qui n’est définitivement pas le cas avec un livre-audio, surtout lorsque celui-ci dure plus de 11 heures ! Bref, le livre audio pourquoi pas, mais sur des textes très très très courts.
Merci à Babelio et Audiolib pour l’envoi !
J’ai un peu le même avis sur les livres audio. Je n’arrive définitivement pas à me concentrer sur l’histoire. Et le plaisir de lecture est différent, j’ai davantage de mal à accrocher.
Mais surtout, j’ai peur qu’en lisant un livre sur plusieurs semaines, j’oublie les évènements importants de la session précédente (d’autant que ça implique une autre lecture en parallèle pour les moments de lecture classique).
J’ai très envie de lire ce livre, même si je pense que cette histoire de procès risque de me décevoir, comme toi …
Bonnes lectures !
C’est un livre magnifique qui reste un classique de la littérature américaine pas pour rien. Je n’ai jamais essayé de livre audio mais j’avoue que ça ne me tente pas. J’ai hâte de savoir ce que tu as pensé « des fiancés de l’hiver »!!!
Je vois ce livre passer partout sur la blogsphère en ce moment. Il faut vraiment que je le lise.
Je le lirai alors 😉