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Tiré à quatre épingles de Pascal MARMET

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Tiré à quatre épingles

de Pascal MARMET
Michalon,
2015, p. 270

 

Première Publication : 2015

Pour l’acheter : Tiré à quatre épingles

 

Pascal Marmet a dirigé une entreprise pendant de nombreuses années. Aujourd’hui il se consacre entièrement à l’écriture et parallèlement il continue chaque mois à organiser des soirées littéraires avec des invités de marque.

Le Roman du café Le Roman du Parfum A la folie 

 

♣ ♣ ♣

 

Parmi les milliers de voyageurs, Laurent erre seul dans le hall de la gare de Lyon, l’air paumé. Il vient de rater son CAP boulangerie et sa mère l’a mis dehors. Samy, escroc à la grande gueule, le repère rapidement. Il a bien l’intention de profiter de la naïveté de ce gamin aux chaussures vertes et l’entraîne dans un cambriolage. L’appartement dans lequel ils pénètrent est une sorte d’antichambre du musée des Arts premiers et regorge de trésors africains. Mais ils tombent nez à nez avec la propriétaire et collectionneuse. Comme elle s’est blessée en tombant dans les escaliers, ils lui viennent en aide avant de s’enfuir. Pourtant, quelques heures plus tard, elle est retrouvée morte, abattue de cinq balles tirées à bout portant. Le commandant Chanel, chargé de l’enquête, s’enfonce alors dans l’étrange passé de cette victime, épouse d’un ex-préfet assassiné quai de Conti peu de temps auparavant. Un polar haletant sur fond de sorcellerie qui nous dévoile les coulisses de la gare de Lyon et nous ouvre les portes du célèbre 36 quai des Orfèvres.

 

Avec Tiré à quatre épingles, c’est la quatrième fois que je rencontre la plume de Pascal Marmet. L’auteur avait auparavant su me convaincre et me faire voyager avec son Roman du Parfum et m’avait fait passer d’agréables moments grâce à son autre étude romancée autour du café et grâce à son petit polar baptisé A la folie.
Ce dernier-né, classé du côté de l’enquête policière, m’a divertie à son tour. Court et rythmé, il a su m’intriguer jusqu’au bout et sa construction m’a convaincue. J’aurais en revanche apprécié que l’ensemble soit plus développé, notamment les personnages qui sont loin d’être inintéressants mais que l’on rencontre un peu trop superficiellement à mon goût. Ce n’est pas une intrigue inoubliable mais une histoire qui fonctionne bien sur le moment.

Le tout se déroule dans les rues de Paris, entre le Louvre, quelques appartements plus ou moins habitables (on passe d’un intérieur luxueux de collectionneur d’art à un quasi squat) et le 36 quais des Orfèvres. J’ai bien aimé cette petite touche française qui change agréablement.
On est plus habitué à suivre des intrigues policières qui se déroulent aux Etats-Unis alors un petit décor parisien et des habitudes francophones n’étaient pas pour me déplaire. On ne peut pas dire qu’on est totalement transporté dans la ville car les descriptions ne s’appesantissent pas tellement sur ces détails mais on s’y croit sans trop de mal.

En revanche, là où j’ai ressenti un petit manque de crédibilité, c’est dans le langage des personnages. Les dialogues sont trop peu naturels la plupart du temps et on bute dessus. Je pense notamment aux répliques du commandant Chanel, l’un des personnages principaux – si ce n’est le principal -, qui utilise un vocabulaire et des tournures de phrases qui, à mon goût, ne correspondent pas vraiment à son quotidien, à son métier et tout simplement à sa personnalité. C’est un peu exagéré et artificiel pour la plupart des personnages et c’est sans doute ce qu’il faudrait retravailler en priorité si retouches il y avait dans l’avenir.

L’autre amélioration qui pourrait être apportée à cette histoire, à mon sens, c’est tout simplement le développement et l’enrichissement des différents personnages, notamment. Les bases sont bonnes et fonctionnent bien. Les figures proposées par Pascal Marmet sont nombreuses, hautes en couleurs et particulièrement intéressantes. On aurait pu verser dans le cliché et la caricature mais l’auteur sait s’arrêter juste où il faut. Malgré tout, tout ce petit monde donne finalement l’impression de belles ébauches qui auraient largement pu être enrichies pour devenir carrément charismatiques et inoubliables. Il y a un beau potentiel.

Pascal Marmet
Pascal Marmet

L’intrigue quant à elle, si elle verse parfois un peu dans les coïncidences faciles – mais après tout, on les accepte bien régulièrement dans les films, alors pourquoi pas dans la littérature ? C’est de la fiction, autant se faire plaisir ! – tient la route. On a envie de connaître le fin mot de l’histoire, de comprendre qui a tué la victime et pourquoi ? Qui était cette femme apparemment veuve noire mais jamais inquiétée car toujours loin des accidents de ses précédents maris ? Et surtout quel rapport avec l’art africain et les statuettes collectionnées dans l’appartement ?
Le suspense est là, les indices sont assez bien distribués et la résolution de l’enquête est bien amenée. Finalement, c’est peut-être encore une fois un petit manque de développement que l’on peut remarquer. Il y avait matière à écrire une bonne centaine de pages supplémentaires, je pense. 270 c’est trop court. C’est bien pour un scénario – Tiré à quatre épingles en ferait d’ailleurs un excellent – mais c’est un peu trop en surface pour en faire un inoubliable roman policier.

Pascal Marmet nous offre, avec Tiré à quatre épingles, une enquête que l’on prend plaisir à suivre et dans laquelle on s’amuse à démêler les nombreux noeuds. L’ensemble tient la route, le suspense est là, la résolution de l’intrigue n’est pas décevante et les personnages ajoutent un peu de peps et de couleurs. En revanche, ceux-ci avaient un énorme potentiel et il est dommage qu’ils n’aient pas été plus développés. Mettre l’accent sur leur personnalité aurait sans doute ajouter plus d’empathie à la lecture et l’aurait donc rendue à la fois plus savoureuse et surtout plus marquante dans le temps.

 

Merci à Pascal Marmet pour sa confiance !

 

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