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Récits du Demi-Loup, Tome 1 : Véridienne de Chloé CHEVALIER

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Récits du Demi-Loup,

Tome 1 : Véridienne
de Chloé CHEVALIER
Les Moutons électriques,
2015, p. 384

 

Première Publication : 2015

Pour l’acheter : sur le site de la maison !

 

Scénariste dans le domaine du cinéma, gérante d’une petite maison de production de courts métrages, les Films d’Argile, Chloé Chevalier est une jeune parisienne qui fait ses débuts dans le roman avec un cycle ambitieux, Les Récits du Demi-Loup. Si l’on pourra rapprocher son inspiration d’un Alexandre Dumas et d’un G.R.R. Martin, l’auteur pour sa part revendique surtout Robin Hobb comme influence de son envie d’écrire.

 

♣ ♣ ♣

 

Au bord de l’implosion, le royaume du Demi-Loup oscille dangereusement entre l’épidémie foudroyante qui le ravage, la Preste Mort, les prémisses d’une guerre civile, et l’apparente indifférence de son roi. Les princesses Malvane et Calvina, insouciantes des menaces qui pèsent sur le monde qui les entoure, grandissent dans la plus complète indolence auprès de leurs Suivantes. Nées un jour plus tard que les futures souveraines auxquelles une règle stricte les attache pour leur existence entière, les Suivantes auraient dû être deux. Elles sont trois. Et que songer de la réapparition inopinée du prince héritier, Aldemor, qu’une guerre lointaine avait emporté bien des années auparavant ? Avec lui, une effroyable réalité rattrape le château de Véridienne, et le temps arrive, pour les Suivantes et leurs princesses, d’apprendre quels devoirs sont les leurs.

 

Nouvelle auteure des Moutons électriques, Chloé Chevalier signe ici le premier tome d’une nouvelle saga de fantasy qui prend place dans un univers à tendance médiévale. Royauté, peuple de paysans et artisans, forteresses, campagnes guerrières lancées contre les autres royaumes, chevaliers portant l’épée et maladie étrange et inconnue décimant la population ; voilà de quoi ravir les amateurs du genre. La référence à Robin Hobb n’est pas usurpée et nul doute que les tomes suivants nous réserveront également de belles surprises.

C’est dans un contexte somme toute assez classique pour le genre que nous faisons connaissance avec les différents personnages, notamment les cinq « héroïnes ». Trois Suivantes pour deux Princesses, un déséquilibre qui ne fera que se confirmer au fil des années. Malvane, la princesse de Véridienne, fille du roi Aldemar, possède deux suivantes qui doivent se plier à ses caprices : Nersès (qui romp avec la tradition car est née le surlendemain – et non le lendemain) et Cathelle (qui remet les choses en ordre car est bien née le bon jour) ; Calvina sa cousine, la princesse des Eponas vit, de son côté, une relation privilégiée avec sa seule et unique Suivante, la jolie Lufthilde. A cause des caprices du destin et surtout à cause des ambitions des Hommes, les parents de Calvina meurent. La Princesse des Eponas et sa Suivante trouvent refuge – après des jours difficiles – à Véridienne, auprès des trois autres demoiselles du même âge. Les cinq petites filles grandissent ensemble, partageant jeux, joies et peines… mais bien vite, la compétition se met en place et avec l’arrivée de l’adolescence, les conflits se multiplient.
Il est vrai que les chamailleries des cinq demoiselles prennent beaucoup de place dans le récit, ce qui peut déstabiliser. Cependant, derrière ces coups bas d’enfants, d’adolescentes puis de femmes, c’est tout un jeu de pouvoir qui transparaît. D’ailleurs, le concept de Prince-Suivant implique bien plus qu’un simple lien de naissance mais met en avant des valeurs telles que la loyauté et la confiance… et se révèle finalement bien plus fort qu’un amour filial ou fraternel. Malgré tout, l’être humain étant ce qu’il est, teinté d’envies, de jalousies, de faiblesses en tout genre et bien évidemment à l’origine de complots, la relation annoncée si belle en théorie est souvent mise à mal. Les deux Princesses et leurs trois Suivantes en sont de parfaits témoins… de même que les autres membres de la royauté : Aldemar, son fils Aldemor ou encore son frère Caldamir.

Chloé Chevalier met en place une généalogie simple mais bien pensée dans laquelle on entre avec quelques difficultés, du fait des prénoms ; mais qu’on intègre finalement très bien. Dans la tradition du royaume, les enfants doivent gagner un prénom qui ressemblent à celui d’un de leurs parents. Ainsi, Aldemor est le fils d’Aldemar, Calvina la fille de Caldamir, Malvane la fille de Malvamonde… Oui, on peut s’y perdre un peu dans les premiers temps mais rassurez-vous, chaque personnage possède une personnalité propre qui permet de bien les différencier les uns des autres.
Les personnalités complexes et travaillées sont d’ailleurs l’un des points les plus positifs de cette histoire. Ici point de figure manichéenne, de héros surhumains qui réussit tout ce qu’il entreprend, pas de facilités. J’ai tour à tour apprécié puis détesté chacune des jeunes femmes (et leur entourage) parce qu’elles ne sont ni toutes blanches ni toutes noires. Elles ont des qualités et des défauts, elles font beaucoup d’erreurs, se trompent souvent, agissent mal, sont souvent cruelles entre elles… mais font aussi preuve d’empathie, de détermination, d’intelligence et d’amour. Même les figures secondaires gagnent à être connues car possèdent une personnalité intéressante. Seul peut-être le roi Aldemar manque de profondeur puisqu’il nous apparaît uniquement comme un homme qui a baissé les bras… mais peut-être en apprendrons-nous plus un peu plus tard ?
Qu’on les déteste ou qu’on réussisse à avoir de la sympathie pour eux, les personnages ne nous laissent pas indifférents. On s’attache à eux, d’une façon ou d’une autre et on a terriblement envie de découvrir ce qu’il advient de chacun d’entre eux car les dernières pages amorcent un sacré tournant dans leur vie.

Chloé CHEVALIER
Chloé CHEVALIER

Une étrange maladie – la Preste Mort – apparaît en toile de fond et avec elle, des conflits d’intérêts. La colère commence à gronder du côté des dirigeants. Certains reprochent son inactivité au roi Aldemar, d’autres encensent le retour du prince Aldemor mais le Demi-Loup ne sera plus jamais le même, un tournant s’amorce : les temps de paix et de grandeur de la royauté de Véridienne touchent à leurs fins…
A côté de ça, le lecteur entraperçoit la grandeur du royaume ennemi qui semble s’étendre sur des centaines et des centaines de kilomètres et qui recèle de nombreux mystères. Le prince Aldemor rapporte quelques informations qu’il révèle au compte-goutte lors de son récit mais de nombreuses questions demeurent… j’espère qu’on en apprendra plus dans les tomes suivants !
Chloé Chevalier ne fait ici qu’effleurer toutes les possibilités offertes par son univers qui me paraît très riche et qui ne manquera pas de nous surprendre, j’en suis sûre !

Quelques mots, enfin, pour vous parler de la forme du récit qui a son importance et participe à l’originalité de celui-ci. Tout nous est raconté sous forme de journal intime ou de correspondance, la parole étant uniquement laissée aux trois suivantes et au prince Aldemor. Les pensées des deux princesses et des autres protagonistes ne nous sont jamais révélées à travers leurs yeux. Ce qui implique une distance peut-être un peu plus grande avec elles alors qu’on s’attache peut-être un peu plus aux suivantes ? Peut-être. Disons qu’on a plus de détails sur les sentiments de Nersès, Cathelle et Lufthilde alors qu’on ne fait qu’imaginer ce que peuvent ressentir et penser les capricieuses (en tout cas on nous les présente ainsi) Malvane et Calvina. On a que certains points de vue, ce qui dirige notre regarde à nous lecteurs, et donc nos impressions… peut-être que les deux princesses ne sont pas tout à fait celles que l’on croit ?
Bref. Un choix de narration intéressant, qui rythme grandement le récit et permet que l’on ne s’ennuie pas. Le seul petit bémol – qui n’en est pas vraiment un – vient du fait que l’identité de la narratrice n’est jamais précisée noir sur blanc ; c’est au lecteur de faire travailler un peu son cerveau pour mettre en place les pièces du puzzle… on s’y fait vite, pas d’inquiétude ! Les pages se tournent donc sans problème et avec beaucoup d’intérêt. C’est fluide, imagé, riche et percutant.

A noter que, comme d’habitude avec Les Moutons électriques, le livre-objet est magnifique, souple avec des rabats illustrés. J’adore ! En revanche, j’ai relevé quelques coquilles dans le texte, pas assez pour me gâcher ma lecture mais tout de même en nombre suffisant pour que je le remarque. Un peu dommage mais ça n’enlève rien à la qualité de l’ensemble !

Sous des airs assez classiques, Chloé Chevalier réussit le pari de l’originalité et nous entraîne auprès de personnages passionnants et d’intrigues pas si puériles que ça. Je serai bien évidemment au rendez-vous pour le tome suivant !


Merci aux Moutons électriques pour leur confiance !


8 réflexions sur “Récits du Demi-Loup, Tome 1 : Véridienne de Chloé CHEVALIER

  • J adore les livres de L édition les moutons en électriques. Et cette série la me fait de L œil depuis un moment. Et tu m’as encore plus motivée à me le procurer merci !!! :)))

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  • Je l’ai lu ce week-end et j’ai vraiment beaucoup aimé !
    Je l’ai découvert sur ta chaîne donc merci ! =)

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  • Ping : Récits du Demi-Loup, tome 1: Véridienne de Chloé Chevalier | Carolivre

  • Je viens moi-même de lire ce roman et de publier ma chronique et je vois qu’on se rejoint beaucoup dans notre opinion 🙂

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  • Un résumé alléchant, un avis qui donne envie mais, car il y a un mais ^^ je suis contre la lecture de nouvelle saga en ce moment car j’en ai plein qui m’attendent dans ma pàl. Tome 2, 3 ou 4 qui foisonnent dans les étagères de ma bibliothèque. Non je ne craquerais pas ^^. *Marie*

    Répondre
  • Coucou,
    Ton billet élogieux, et l’enthousiasme d’une collègue et amie qui le lit me donne une furieuse envie de découvrir ce titre !

    Répondre
  • Personnellement j’ai eu un avis opposé au tien, les incessantes querelles des demoiselles ont eu raison de ma patience. J’avais plus l’impression d’être au milieu d’un remake de Gossip Girl que dans de la fantasy et cela m’a bien embêtée. Embêtée car l’univers décrit a énormément de potentiel et se concentrer sur ces jeunes filles capricieuses m’a vraiment lassée.
    Néanmoins, la fin semble annoncer que les choses sérieuses vont commencer, à voir donc !

    Mais, ce n’était pas sur ce point que je voulais intervenir, tu disais que l’identité de la narratrice n’est jamais mentionné mais, en fait, un petit détail se cache tout au long du roman. A chaque fois que l’on change de narrateur, la petite « enluminure » à gauche du nouveau paragraphe indique de qui l’on parle et la légende se trouve à la dernière page (ils auraient dû la mettre au début je pense car tu n’es pas la seule à ne pas l’avoir vue, on me l’avait dit avant que je ne commence ma lecture du coup ça a été plus fluide ^^).

    Je te souhaite de nouvelles belles découvertes ! 🙂

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