Les Etoiles de Noss Head, Tome 3 : Accomplissement de Sophie JOMAIN

Les Etoiles de Noss Head,
Tome 3 : Accomplissement
de Sophie JOMAIN
Editions Rebelle,
2012, p. 443
Première Publication : 2012
Pour l’acheter : sur le site de l’éditeur !
Sophie Jomain est écrivain français née en 1975 à Villefranche-sur-Saône de romans fantastiques pour jeunes adultes et adultes.
♣ Les Etoiles de Noss Head, Tome 1 ♣ Tome 2 ♣ Tome 4 ♣ Tome 5 ♣
♣ Felicity Atcock, Tome 1 ♣
♣ ♣ ♣
Je n’avais aucune idée de ce qu’allait devenir ma vie… absolument aucune. J’allais avoir dix-neuf ans dans quelques jours et j’étais devenue ce que je n’aurais jamais dû être. Le destin m’avait surprise, j’étais magnifique, d’une allure renversante. J’aurais pu défier n’importe quelle reine de beauté, mais c’est bien tout ce qu’il me restait… toute une vie dans la peau de quelqu’un que je n’étais pas, que je détestais. Et si je me trompais ? Et si j’étais loin de la vérité et que tout pouvait redevenir comme avant ? Je ne le savais pas encore, mais tout allait être différent.
/!\ Attention, SPOILERS sur les tomes précédents ! /!\
Je garde un excellent souvenir de ma lecture du premier tome que j’avais particulièrement aimé. Tout avait été parfait, ou presque, je m’étais sentie beaucoup d’affinités avec l’héroïne, avais vraiment apprécié le voyage en Ecosse et la présence du surnaturel dans l’intrigue.
Les choses avaient commencé à se dégrader dans le tome suivant qui m’avait beaucoup moins enthousiasmée et avec ce tome 3, c’est la dégringolade. Je ne l’ai pas détesté mais je l’ai trouvé globalement long (je me suis parfois ennuyée), j’y ai trouvé beaucoup de facilités et j’accroche vraiment moins aux états d’âme de Hannah.
Bizarrement, je trouve le premier opus beaucoup plus « mature » que les suivants, comme s’il y avait eu une cassure à la fin du tome 1. Alors est-ce que j’ai mûri entre temps ? Est-ce que ce genre de littérature ne me convient plus ? Peut-être un peu de tout ça. En tout cas, ce troisième tome est une déception et j’en suis la première chagrinée.
Constatation qui fait suite à ce que j’avais déjà pu remarquer dans le tome 2 : le contexte écossais est encore bien faible. J’avais vraiment réussi à me projeter sur les cotes écossaises en découvrant cette histoire et j’avais adoré imaginer ces paysages sauvages verdoyants et escarpés, le parfum iodé, le vent dans les cheveux… mais là, comme pour le deuxième tome, plus rien ou presque. L’auteure a-t-elle réduit le nombre de descriptions au fil des volumes ? Etais-je moi-même dans une optique très particulière lorsque j’ai lu le premier et ai donc réussi à m’imaginer des choses qui n’étaient pas forcément inscrites sur le papier ? Je ne sais pas. En tout cas la magie n’opère plus.
J’ai presque l’impression que Sophie Jomain a appauvri son style, peut-être pour se caler sur la tendance Young Adult qui privilégie l’action et le scénario aux descriptions et développement d’un contexte fort ? Franchement je n’en sais rien. Mais je me rends compte que j’ai dorénavant besoin de textes plus travaillés, plus subtiles parce que sinon, je ne suis pas transportée dans l’histoire et je ne ressens absolument rien – à part peut-être de l’agacement envers les personnages que je ne comprends pas.
A part une réaction incompréhensible dans le premier opus, j’avais eu beaucoup d’empathie pour Hannah et m’étais reconnue en elle-même sur certains points ; j’avais donc vécu son aventure assez intensément. Elle est petit à petit devenue une héroïne parmi tant d’autres, que j’aime suivre à petites doses mais sans plus jamais m’identifier à elle. J’ai grandi, c’est évident, mais la jeune femme suit surtout une évolution qui me parle moins. Ses doutes et son chagrin en réponse à sa transformation sont assez crédibles et c’est assez bien mené.
Malgré tout, je la trouve assez pleurnicharde et le fait qu’elle s’accroche coûte que coûte à Leith, qui ne veut plus d’elle, me fait un peu grincer des dents. Elle se laisse un peu aller à ses états d’âme, s’apitoie sur son sort et compte un peu trop sur les deux « hommes » qui partagent sa vie pour s’en sortir. J’avais le souvenir d’une Hannah un peu plus indépendante et « forte », la voir s’accrocher autant aux héros masculins me chagrine un peu. En même temps, elle est toute jeune (19 ans) et à son âge, on fait toutes les mêmes erreurs. Avec bientôt 10 ans de plus, j’ai besoin d’héroïnes adultes et affirmées dans leur vie de femmes.
J’étais tombée sous le charme de Leith en même temps que l’héroïne lors de leur rencontre. C’était vraiment un personnage masculin que j’appréciais… Or, plus les pages défilent et moins je le trouve aimable. Ses instincts de loup le poussent à être un poil trop possessif/territorialiste/protecteur, et la pauvre Hannah ne semble plus pouvoir faire un pas sans demander l’autorisation. Les hommes impliqués c’est bien, ceux qui écrasent constamment par leur présence, c’est… lourd. Leith ne me fait donc ni chaud ni froid alors autant dire que la relation entre les deux me passe un peu au dessus.
Darius possède lui aussi un côté protecteur un peu trop développé parfois mais son humour et son côté « décontracté » me le rendent déjà beaucoup plus sympathique. J’imagine Leith constamment en train de serrer les dents, sur le qui-vive, le regard noir, alors que Darius aurait un petit sourire en coin et les mains dans les poches. Alors ce deuxième personnage masculin ce n’est pas non plus l’amour fou, mais je le trouve plus complexe que l’autre et donc beaucoup plus intéressant et appréciable.
Finalement, ce sont peut-être les personnages secondaires qui auront davantage retenu mon attention. Les deux petits frères de Darius apportent un peu de fraîcheur et en même temps de la gravité (la réflexion sur le passage à l’immortalité à un très jeune âge) et l’originale Gwen sait remettre les pendules à l’heure et faire preuve de beaucoup d’autorité malgré son petit gabarit. Les membres des familles respectives d’Hannah et Leith sont ici si peu traités – on les voit en coups de vent – qu’il est difficile de s’attacher à eux.
Côté intrigue, on ne peut pas dire que j’ai été passionnée. Pendant une bonne partie du livre, Hannah apprend à accepter sa nouvelle condition et à maîtriser ses nouveaux pouvoirs. Elle doit aussi faire face au rejet violent de Leith qui devient son ennemi naturel. Finalement, même si cette partie peut paraître un peu longuette parfois, je l’ai trouvée bien menée. Les réactions de l’héroïne sont plutôt crédibles et son évolution également. C’est juste qu’on tourne les pages et on se demande bien où l’auteure veut aller.
Finalement, on comprend que le fil rouge de ce troisième tome est la mise en place d’un plan pour tuer le créateur d’Hannah, ce qui permettra à la jeune femme – si elle est assez résistante – de retrouver sa nature complètement humaine. Soit, l’idée n’est pas mauvaise et au bout d’un moment, on sent assez bien la présence de cet ennemi et donc le danger encouru. Il y a plusieurs tentatives, souvent avortées, quelques passages de tension… c’est pas mal. Mais, parce qu’il y a un mais, j’ai trouvé l’attaque finale complètement loupée. C’était évident qu’il s’agissait d’un piège (alors qu’Hannah est en danger constant, Leith et Darius la laisse seule avec Gwen – une humaine – pour se rendre chez les parents de l’héroïne qui semblent sur le point d’être attaqués… il y avait un énorme panneau ATTENTION au dessus de leur tête, mais les deux abrutis foncent tête baissée à des kilomètres…).
Alors je sais que cette saga se classe parmi la très appréciée littérature Young Adult… mais j’ai tellement l’impression qu’on prend les lecteurs pour des abrutis ! Quant à la chute, qu’on sent venir à des kilomètres… je préfère ne pas en parler, parce que ça m’agace. Encore une fois c’est trop facile et too much, et ça fait beaucoup de facilités et de too much dans un seul tome. Un peu plus de subtilité et de complexité, ça ne ferait pas de mal !
Mon avis peut sembler assez négatif mais je suis malgré tout arrivée au bout de ce troisième tome sans trop de soucis. Je trouve juste très dommage qu’une saga aussi prometteuse et dont le premier tome avait été un coup de coeur, se dirige vers la simplicité et les clichés. Des héros un peu plus complexes et un décor plus présent auraient vraiment pu faire la différence… je sentais un énorme potentiel dans cette histoire et dans ces personnages, j’avais envie de vibrer avec eux mais là, je me retrouve avec une énième intrigue pour adolescents, pas très originale et trop fade. Vraiment, encore une fois : quel dommage !
Illustration : réédition – bien plus belle ! – pour Rebelle (la série est aussi publiée avec des visuels différents chez France Loisirs et chez J’ai lu !).
je n’ai pas eu un sentiment aussi négatif à la lecture mais je te rejoins sur le style pas hyper travaillé. J’ai bien aimé mais ça reste de la lecture détente, loin du coup de coeur, à cause du style justement. Dommage, il y a de bonnes idées! (et moi qui adore l’Ecosse, c’est vrai qu’on ne s’en rend pas trop compte finalement :/)
Ping : [Bilan] Septembre 2015
Ping : What's up weekly ? 2015 - 19 - Bazar de la Littérature