Simon Morley, Tome 1 : Le Voyage de Simon Morley de Jack FINNEY

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Simon Morley, Tome 1 :
Le Voyage de Simon Morley
de Jack FINNEY
Denoël (Lunes d’encre),
2015, p. 538

Première Publication : 1970

Pour l’acheter : Simon Morley, Tome 1

Jack Finney, né le à Milwaukee dans le Wisconsin et mort le (à 84 ans) à Greenbraeen Californie, est un auteur de science-fiction et de thrillers américain.

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Pour remonter dans le passé lointain, il n’est pas nécessaire d’utiliser une machine à voyager dans le temps. Il suffit de s’imprégner de l’époque dans laquelle on désire se rendre, de se dépouiller de toutes les pensées, comportements qui vous ancrent dans le présent, bref, de se conditionner mentalement et physiquement, pour être projeté dans le temps que l’on croyait perdu.
Telle est la théorie du Pr. Danzinger. Informé de ce projet, qui a secrètement l’aval et le soutien logistique du gouvernement américain, Simon Morley doute, hésite… Mais la médiocrité de son existence, la curiosité, et le mystère qui entoure le suicide d’un aïeul de son amie Kate, finissent par le décider. Installé dans un appartement du, Dakota , un vieil immeuble new-yorkais demeuré intact, il va s’y comporter comme un homme de la fin du XIXe, et un soir de neige, après des jours d’efforts et d’attente, le miracle se produit…

Réédité en mars dernier par les éditions Denoël, Le Voyage de Simon Morley a initialement vu le jour aux Etats-Unis en 1970. Plus grand succès de l’auteur, ce roman nous promet d’aborder une théorie originale du voyage dans le temps et de ce fait, de nous propulser dans le dernier quart du XIXe siècle. C’est le genre de livres de science-fiction qui m’attire : ni dans l’espace, ni trop scientifique mais plein de sensibilité car s’attardant beaucoup sur l’humain et sur d’intéressantes questions d’éthique.
Le moins que l’on puisse dire c’est que pour voyager, j’ai voyagé. L’immersion dans le New York de 1882 a été totale et d’une redoutable efficacité. Malgré tout, je regrette que Jack Finney ait choisi de donner un aspect si contemplatif à ce Voyage de Simon Morley. Dans l’état, le livre est marquant, mais avec un poil plus de dynamisme, il serait passé au rang d’inoubliable !

L’histoire prend son temps. La découverte de l’expérience gouvernementale par le héros s’étire sur plusieurs dizaines (voire centaines) de pages et il faut bien l’avouer, une fois le projet en place et la mission débutée, on ne peut pas dire que cela bouge beaucoup plus. Il y a quelques passages plus nerveux qui dynamisent un peu l’ensemble et relancent la frénésie du lecteur mais globalement, le vrai héros de cette histoire, c’est le contexte.
C’est vraiment le gros point fort de ce roman. Grâce aux nombreuses descriptions détaillées, Jack Finney nous emmène dans les rues du new York enneigé de l’hiver 1882. Les images défilent sous nos yeux (je garde en tête les courses de traineaux tirés par les chevaux), c’est visuellement fort, vraiment très immersif. D’autant plus que l’auteur a réuni de nombreux dessins et photographies originales – soit disant du fait de son héros Simon Morley, dessinateur avant de se lancer dans cette mission top secrète.

Rien à redire sur la qualité du voyage, Jack Finney maîtrise parfaitement les images qu’il créées. Malheureusement, si j’adore avoir un contexte fort qui m’immerge complètement, j’aime encore plus qu’il soit au service d’une intrigue passionnante.
J’ai certes été assez intéressée par l’espèce de petite enquête mise en place et même par les relations qu’entretient Simon avec les habitants du XIXe siècle, mais il m’a tout de même manqué un élément pour mettre un peu de peps à tout ça. Les portraits offerts (les personnages et surtout la ville) sont plein de vie, ce n’est pas le problème, c’est plutôt l’histoire qui les relie – l’intrigue quoi ! – qui manque de « wow ! » à mon goût.

Et puis, même si j’ai aimé suivre les aventures de Simon, qui nous les relate lui-même puisque le roman prend la forme d’un journal intime (utilisation de la première personne du singulier), je ne me suis pas attachée à lui outre-mesure. On sait tout de lui, de ses pensées, de ses sentiments… mais malgré ça, l’empathie n’a pas été très forte. Un personnage agréable à suivre – d’autant plus que son oeil d’artiste offre de beaux détails à son récit – mais qui n’a pas su susciter l’émotion chez moi.
Pas plus que les personnages secondaires que sont, par exemple, Kate et Julia, les deux femmes qu’il côtoie, respectivement en 1970 et en 1882. Julia est un vrai beau témoignage de jeune femme à cette époque et c’est certainement la figure qui m’a le plus séduite, mais encore une fois, une distance demeure et l’émotion n’est pas venue jusqu’à moi. Et c’est dommage.

Jack Finney Photo-Ken MillerPar contre, là où je ne suis pas déçue c’est dans le traitement du voyage dans le temps. La quatrième de couverture nous explique déjà les grandes lignes du processus et Jack Finney développe son idée (en y ajoutant l’auto-hypnose) au file des pages. La théorie (et la pratique) reste assez claire (pas de démonstrations scientifiques incompréhensibles) et plutôt tournée vers la sensibilité de ceux qui participent à l’expérience. J’ai bien aimé cette hypothèse qui implique que les époques se chevauchent au même endroit, seulement séparées par un voile qu’il suffit de franchir en s’imprégnant assez de l’année visée.
Simon Morley s’installe ainsi dans l’appartement d’un immeuble qui existait déjà en 1882 et y vit comme il aurait pu le faire à cette époque. Et miracle, un jour, lorsqu’il regarde par la fenêtre, les feux rouges ont disparu, et l’atmosphère quasiment silencieuse n’a pas encore connue le bruit irritant des pots d’échappement et des klaxons. C’est assez magique.
Et au delà de l’expérience extraordinaire, l’auteur n’oublie pas de nous faire réfléchir aux enjeux qu’elle implique. Peut-on se permettre d’intervenir dans le passé ? Y aura-t-il des incidences sur le présent des voyageurs ? Les politiques peuvent-ils s’emparer de la découverte pour remodeler l’histoire à leur sauce et dans leur intérêt ? Jusqu’où peut-on aller ? La perte d’un seul homme est-elle acceptable si elle peut sauver un pays entier ? Interrogations plus qu’intéressantes et sur lesquelles le roman s’attarde.

Ce voyage aurait pu être idéal si seulement il m’avait fait ressentir quelques émotions fortes. J’ai été une spectatrice passive lors de la visite du New York de 1882 et je regrette de ne pas avoir vécu aussi intensément l’aventure que le héros. Une belle lecture historiquement parlant, des questions de science-fiction traitées intelligemment… il ne manquait pourtant pas grand chose pour que ce soit parfait !

Merci aux éditions Denoël pour cette découverte !

Illustration : Portrait de Jack Finney.

4 réflexions sur “Simon Morley, Tome 1 : Le Voyage de Simon Morley de Jack FINNEY

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