L’Enchanteur de René BARJAVEL
L’Enchanteur
de René BARJAVEL
Folio,
1987 , p. 470
Première Publication : 1984
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René Barjavel, né le 24 janvier 1911 à Nyons (Drôme) et mort le 24 novembre 1985 à Paris, est un écrivain et journaliste français principalement connu pour ses romans d’anticipation où science-fiction et fantastique expriment l’angoisse ressentie devant une technologie que l’homme ne maîtrise plus. Certains thèmes y reviennent fréquemment : chute de la civilisation causée par les excès de la science et la folie de la guerre, caractère éternel et indestructible de l’amour (Ravage, Le Grand Secret, La Nuit des temps, Une rose au paradis). Son écriture se veut poétique, onirique et, parfois, philosophique. Il a aussi abordé dans de remarquables essais l’interrogation empirique et poétique sur l’existence de Dieu (notamment, La Faim du tigre), et le sens de l’action de l’homme sur la Nature. Il fut aussi scénariste/dialoguiste de films. On lui doit en particulier les dialogues du Petit Monde de Don Camillo.
Wikipedia.
♣ Les Dames à la licorne, T. 1 ♣ La Nuit des temps ♣
♣ La Peau de César ♣ Une Rose au paradis ♣
♣ ♣ ♣
Qui ne connaît Merlin ? Il se joue du temps qui passe, reste jeune et beau, vif et moqueur, tendre, pour tout dire Enchanteur. Et Viviane, la seule femme qui ne l’ait pas jugé inaccessible, et l’aime ? Galaad, dit Lancelot du Lac? Guenièvre, son amour mais sa reine, la femme du roi Arthur ? Elween, sa mère, qui le conduit au Graal voilé ? Perceval et Bénie ? Les chevaliers de la Table Ronde ? Personne comme Barjavel, qui fait le récit de leurs amours, des exploits chevaleresques et des quêtes impossibles, à la frontière du rêve, de la légende et de l’Histoire. Dans une Bretagne mythique, il y a plus de mille ans, vivait un Enchanteur. Quand il quitta le royaume des hommes, il laissa un regret qui n’a jamais guéri. Le voici revenu.
Il y a quelques mois, j’ai fait parvenir un petit colis à Cali et dans celui-ci, j’avais glissé L’Enchanteur en prévision d’une nouvelle lecture commune. J’aime partager les livres (musiques et films, ça marche aussi) qui ont laissé une trace indélébile dans ma vie. Et ceux qui sont déjà passés par ici ont peut-être remarqué l’importance de René Barjavel dans mon passé de lectrice.
L’Enchanteur a longtemps été mon préféré (aujourd’hui détrôné par Les Dames à la licorne), j’avais donc hâte que Cali le découvre à son tour. Et j’ai été plus que ravie lorsqu’elle m’a annoncé qu’elle adorait. Son avis final est plus qu’enthousiaste et je vous invite à y jeter un œil ! Aurélie a elle aussi beaucoup aimé… à vous ?
Sur Livraddict, ce roman de Barjavel est classé en romance. Surprenant et assez trompeur, à mon avis. Il semble que le genre de la romance réponde à des codes très précis et il est évident que L’Enchanteur ne rentre pas – du tout – dans ce cadre.
Alors oui, l’auteur nous parle d’Amour et nous amène à la découverte d’histoires d’amour légendaires… mais il le fait en suivant les caractéristiques du roman médiéval et du fin’amor (l’Amour courtois). Rien à voir, donc, avec une romance comme on pourrait s’y attendre (les romances historiques publiées chez Harlequin par exemple). Tout ça pour dire que, attention, vous pourriez tenter cette lecture avec une idée fausse en tête.
En se fiant seulement au titre, on pourrait également être tenté de croire que Barjavel nous parlera uniquement de Merlin d’Enchanteur, ce qui, une nouvelle fois, n’est pas le cas. En effet, cette figure légendaire est bien au centre de tout le reste, car c’est celui qui tire les ficelles, mais l’intrigue ne le suit pas constamment. Il est toujours plus ou moins présent, sous une forme ou sous une autre, généralement sage et bienveillant pour ceux qui le côtoient, mais son histoire d’amour personnelle n’est pas la seule et unique que le lecteur suivra. Sous nos yeux éclosent doucement les passions d’Arthur, Guenièvre, Lancelot, Perceval, Gauvain… et de toutes ces figures mythiques que l’on connaît plus ou moins, au moins de nom.
Version christianisée oblige (Barjavel s’est inspiré du cycle de Robert de Boron), les sentiments sont forcément teintés d’une aura de pureté et la grandeur d’âme est liée au chemin emprunté et aux choix effectués. Ces amours folles et intenses, ça peut paraître un peu too much aujourd’hui, en 2015, mais c’est pile dans la tradition médiévale. Il faut aimer.
Malgré tout, si vous avez peur du côté un peu trop guimauve (même si je me refuse à qualifier ainsi la beauté et la poésie des mots offerts par Barjavel), sachez que l’auteur allège et modernise grandement l’ensemble grâce à beaucoup d’humour et d’anachronismes bien placés. C’est plutôt subtil et léger, mais définitivement présent et donc bien dosé. Et ça fait du bien !
On sourira donc largement face à la découverte des boîtes de conserve dans le placard de la vieille et édentée Bénie, ou à la référence à l’électricité si indispensable au quotidien ! Parce que Merlin, dans cette version, est fils du Diable et d’une vierge (et il n’a pas uniquement pris de la Pucelle), alors il est doté de puissants pouvoirs qui lui permettent de voyager dans le temps et l’espace sans contrainte. Il a donc connaissance du futur, un peu comme le Merlin de Walt Disney qui peste contre l’absence d’eau courante et d’électricité au début du dessin animé (à partir de 3’30 « Quelle pagaille dans ce Moyen Age ! ») et revient de vacances à Saint Tropez en short à fleurs dans les dernières minutes du film. L’enchanteur de Barjavel est puissant et maîtrise ses pouvoirs, mais, malgré toutes ses connaissances, il y a bien une chose qui lui échappe constamment : les sentiments amoureux… et il en est la première victime !
Lors de ma toute première lecture, l’intensité et la beauté de l’amour naissant entre Merlin et Viviane m’avaient happée. Aujourd’hui, avec plus de dix ans de plus, je suis moins sensible à cette histoire d’amour (et aux autres d’ailleurs par la même occasion) mais j’ai davantage pris conscience des traits d’esprit et des références humoristiques car derrière l’aspect romantique du roman, c’est tout un autre niveau de lecture – moins sensible, peut-être plus « intellectuel » – qui transparaît. Un grand merci à ma prof de français du lycée qui m’avait prêté son exemplaire poche et m’avait ainsi ouvert tout un monde nouveau. Le début d’une obsession barjavelienne et arthurienne !
Entre le roman du XIIe siècle et la version de Walt Disney, Barjavel nous propose un enchanteur presque tout puissant, beau et sensible, souvent moqueur mais parfois malheureusement incapable de prévoir l’avenir de ses petits protégés…
Illustration : Viviane et Merlin, version Gustave Doré !
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Un très bon souvenir de lecture pour moi aussi ! Même si « La nuit des temps » reste mon préféré de l’auteur ^^ Merci pour cette belle chronique 🙂
Ta critique donne envie!
J’avais énormément aimé cette lecture, autant les petits clins d’oeil que le style (ah le prologue !). Les histoires étaient très belles, bien servies par la plume. Les Dames à la licorne est l’autre Barjavel qui me fait très envie !