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Pour une liberté de Mathieu MERIGUET

mathieu mériguet pour une liberté auto édition
Pour une liberté

de Mathieu MERIGUET
Editions Amazon,
2014, p. 394

Première Publication : 2014

Pour l’acheter : Pour une liberté

Mathieu Mériguet est né à Paris le 18 mars 1986. Il vit aujourd’hui à Mérignac, près de Bordeaux. Il publie en mars 2014 L’Éveil, son premier roman, qui traite de la métamorphose d’un jeune reclus en personne sociable. En Mai 2014, il publie Engrenage, où le personnage principal est emporté dans une spirale infernale après avoir perdu son emploi. Il achève en novembre 2014 l’écriture de son troisième roman, Pour Une Liberté, un ouvrage qui repose sur le mystère et la nature. Mathieu Mériguet travaille actuellement à la rédaction de son quatrième ouvrage.

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♣ ♣ ♣

Quentin vit avec sa fiancée en banlieue parisienne. La vie est morose, il est temps de rentrer à la propriété familiale, une vaste bâtisse située dans le sud de la France, perdue dans la forêt. Paul, son frère, veille sur la propriété en attendant le retour de Quentin. Bûcheron de métier, il vit loin de la civilisation, à l’abri de ses dangers. Il est en communion totale avec la nature, qui lui permet de trouver le repos qu’il cherche. Mais Paul se montre mystérieux depuis quelques mois. Il est distant, et les rumeurs courent à son sujet. Au village, tout le monde redoute Paul, cet ermite robuste et solitaire, qui agit avec une obsession grandissante. Mais plus que tout, c’est la propriété qui inquiète, cette immense maison perdue dans les bois, qui porte dans ses murs un lourd passé. Quel mystère cache donc la forêt ? Que va découvrir Quentin une fois sur place ?

Je n’accepte pas toujours de découvrir les ouvrages que l’on me propose, par manque de temps essentiellement mais aussi parce que je ne lis pas tout et n’importe quoi : le sujet doit m’intriguer et me tenter un minimum. Je ne suis pas toujours conquise par les livres publiés par de « petites » maisons d’édition ou de « petits » auteurs mais je prends généralement beaucoup de plaisir à découvrir ceux-ci, consciente que ma lecture et mon regard extérieur importeront vraiment. J’ai parfois eu de véritables coups de coeur grâce aux « petits » acteurs de la chaîne du livre et continue donc d’accepter régulièrement les propositions.
Pour être tout à fait franche, ce n’est pas l’illustration de couverture de Pour une liberté qui m’a intriguée mais plutôt le synopsis. La gentillesse de Mathieu Mériguet a fait le reste (se vendre sur les réseaux sociaux n’a rien d’évident, j’en suis bien consciente, mais certains auteurs devraient revoir leur approche… car après cinq mails publicitaires intempestifs copiés-collés, recevoir un mail poli, personnalisé et surtout qui montre un intérêt minime et sincère pour notre travail de blogueur… généralement, il ne manque plus grand chose pour que j’accepte la proposition !).

A mon sens, Pour une liberté ne possède pas vraiment les caractéristiques du thriller, je ne lui donnerais donc pas cette étiquette. Certes, il y a un peu de suspens et une sorte de petite « enquête » autour d’un ou deux mystères familiaux, mais on est loin d’un Thilliez ou d’un Chattam pour ne citer que ces deux auteurs français. Certes, on pourrait le classer dans le thriller psychologique mais, à mon sens, Mathieu Mériguet n’utilise pas assez les codes du genre, ne va pas assez en profondeur pour qu’on puisse vraiment choisir ces termes.
Je pense qu’on peut plutôt parler de drame familial, sorte de huis-clos un peu oppressant ne mettant en scène que 4 ou 5 figures intimement liées les unes aux autres. Ce n’est qu’une appellation qui n’enlève rien au fond et à ses qualités scénaristiques mais qui peut surprendre le lecteur qui s’attend à un show à l’américaine avec meurtre, médecine légale et serial killer. Même si c’est réducteur, c’est généralement ce qu’on s’attend à trouver dans un thriller, moi en tout cas.

Bref. Une fois cela admis, on peut se plonger dans cette histoire assez dramatique et plutôt glauque. Contée par Quentin, narrateur trentenaire principal et exclusif, le lecteur découvre petit à petit ses secrets et cex entourant son entourage. Grâce à l’utilisation régulière de sauts dans le passé, on comprend progressivement l’ampleur des problèmes et surtout l’ampleur des troubles des personnages qui, il faut bien l’avouer, ont tous plus ou moins une pathologie sociale assez préoccupante ! Entre l’ivrogne, l’ours des bois et le faux-calme violent, il y a du lourd dans ce livre !
A commencer évidemment par le narrateur lui-même, anti-héros antipathique par excellence. Le parti pris du héros que l’on déteste est une bonne idée en soi mais j’avoue préférer quand un auteur joue avec moi et ma sensibilité, réussissant le pari de me faire aimer un salaud (ou au moins d’être touchée par lui et de mieux le comprendre) ; je pense notamment à Humbert Humbert dans le Lolita de Nabokov, pédophile que l’on devrait haïr et pour lequel on se surprend finalement à avoir de l’empathie. Ici, Quentin est détestable, mais la balance ne penche jamais de son côté. Il trompe et fait souffrir son entourage, est le pire égoïste de la création et ce, du début à la fin ! Je n’ai jamais ressenti la moindre compassion pour lui et encore moins le moindre attachement.
Les autres personnages ne sont pas mal croqués eux aussi, ils sont même assez bien dépeints… mais quelle noirceur ! quel pessimisme ! Je sais bien que l’humanité n’est pas toute rose à paillettes mais voir évoluer des figures qui se noient (dans l’alcool), qui dépriment, qui manipulent les autres… c’est certes tout à fait plausible mais ça manque tout de même d’une lueur d’espoir. L’avenir semble s’éclaircir pour deux d’entre eux à la fin du roman mais l’ensemble reste particulièrement dramatique. Ce n’est pas du tout un défaut mais il est évident que les lecteurs qui aiment s’identifier aux héros des livres qu’ils lisent, auront du mal à y trouver leur compte. Une barrière se met automatiquement en place entre les personnages et nous, une distance s’instaure, ce qui peut dérouter. Tout dépend si on apprécie et si on s’attend, ou non, à une identification forte aux personnages, lorsque l’on ouvre un livre.

mathieu mériguetCôté intrigue, j’ai tantôt été totalement captivée et tournais donc les pages assez avidement, tantôt été un peu ennuyée par certains passages répétitifs et donc un peu longuets. Le suspens n’est pas ultra présent mais les quelques mystères mis en place apportent juste ce qu’il faut de curiosité. On se doute de certaines révélations mais ça n’enlève pas le plaisir de la découverte. La chute est quant à elle plutôt bien amenée. Mathieu Mériguet l’amorce et l’annonce en amont et pour le coup, c’est bien travaillé.
Encore une fois, on peut s’en douter facilement, mais ça fonctionne bien. Dans l’ensemble, les bases de l’intrigue sont bien posées et c’est une histoire qui roule. Il aurait malgré tout été bienvenu, à mon goût, de corser et complexifier un peu les choses pour apporter un poil plus de peps et de surprises à la lecture. On peut regretter une certaine simplicité.

Ce que je retiendrai également de cette lecture, c’est le style de Mathieu. On sent que l’auteur a voulu apporter un soin – presque excessif – à son texte. De ce fait, le trait semble un peu forcé, artificiel… ça manque de naturel et, comme ont pu le signaler plusieurs autres blogueurs avant moi, cela se ressent surtout dans les dialogues parfois un peu pompeux et donc finalement trop peu crédibles.
La narration au passé simple souffre moins de ce petit défaut du « je veux trop bien faire » et glisse beaucoup plus facilement. Je salue d’ailleurs le choix de Mathieu Mériguet qui a voulu déséquilibrer un peu son schéma narratif et éviter la ligne plate et fade en insérant des « flash-backs ». L’idée est très bonne, elle mériterait juste d’être un poil plus travaillée pour que ces retours en arrière s’intègrent encore mieux dans le texte et surtout, évitent trop de répétitions.

Pour une liberté a été une lecture plutôt agréable pour moi, et parfois même haletante. Les bases sont bonnes et l’auteur va au bout de son idée ; ça fonctionne. Il manque juste quelques ajustements au niveau de la forme et peut-être quelques ajouts pour dynamiser le fond… J’encourage Mathieu Mériguet à continuer à travailler car il y a du potentiel !

Merci à l’auteur pour sa confiance !

7 réflexions sur “Pour une liberté de Mathieu MERIGUET

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  • J’avais bien aimé cette lecture aussi ! Par contre je suis hyper étonnée que tout le monde trouve ce héros détestable alors que tout le monde a aimé le héros de karine giebel dans les morsures de l’ombre…

    Répondre
  • Coucou
    Un petit message pour t’informer que, ayant apprécié ton blog, je me suis permise de te nominer aux LIEBSTER AWARDS !
    J’éspère que cela te dira de participer, en attendant de connaître tes réponses;)
    Bonne journée

    Répondre
  • C’est vrai que c’est toujours sympa de découvrir de nouveaux auteurs et je trouve que ce côté auto-édition a son charme car on n’a pas d’étiquette (bon/pas bon, populaire/exigent). Et la littérature de genre, qu’elle soit policière ou fantastique peut me plaire.
    Et c’est super si on a aimé ensuite ! 🙂

    Répondre

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