Paris, je t’aime ! de COLETTE
Paris, je t’aime !
de COLETTE
Editions de l’Herne
2014, p. 79
Première Publication : 2014
Pour l’acheter : Paris, je t’aime !
Sidonie-Gabrielle Colette (1873 – 1954) est issue d’une famille provinciale. Ses parents lui transmettent sa passion pour la littérature. À l’âge de vingt ans, elle se marie avec Henry Gauthier-Villars, dit « Willy ». Celui-ci l’encourage à écrire et à publier ses souvenirs d’enfance : c’est ainsi qu’est écrite la série des Claudine (1900-1903) qui connaît un grand succès. Après son divorce d’avec Willy (1906), Colette signe ses œuvres. De 1906 à 1909, elle fait l’expérience du music-hall, avant d’épouser Henry de Jouvenel en 1912 et d’entamer une carrière de journaliste au Matin. Colette publie Chéri en 1920, Le Blé en herbe (1923), Sido (1929) et La Chatte en 1933. En 1945, elle est élue membre de l’Académie Goncourt.
♣ Le Blé en herbe ♣ Chéri ♣ La Fin de Chéri ♣
♣ ♣ ♣
« Comme beaucoup de grandes amours, celui que je porte à Paris a commencé par l’aversion. J’avais vingt ans et je sortais, à la suite d’un mari de seize ans mon aîné, déjà chauve et un peu adipeux, d’une enfance campagnarde tout enchantée de jardins, de courses à travers champs, d’étangs mystérieux. Comme mon premier logis parisien me parut triste ! […] À quel moment ai-je découvert que Paris n’existait pas, qu’il n’était qu’un amalgame de provinces liées par le plus ténu des fils conducteurs, qu’il m’était loisible d’y reconstituer la mienne ou toutes celles que mon imagination choisirait d’y délimiter ? C’est de là que me vint le salut. J’y ai, si je compte bien, déménagé quatorze fois, ce qui est beaucoup même pour une vie déjà longue. Mes amis ne s’y trompent pas. « Ah, vous avez encore trouvé une province ? » me disent-ils à chaque fois… »
Merci à Babelio et aux éditions de L’Herne pour la découverte !
Colette est une auteure que j’ai encore (trop) peu lue, alors qu’elle est très présente dans ma bibliothèque. Mais dès la première rencontre avec son œuvre, ça a été le coup de foudre aussi bien pour sa plume que pour sa vie à elle. Colette n’est pas juste une femme ayant écrit des livres plus ou moins appréciés par les lecteurs (plus « plus » que « moins » d’ailleurs), c’est surtout une personnalité fascinante qui a marqué la première moitié du XXe siècle et continue à intriguer.
Auteure oui, mais aussi danseuse et mime au music-hall (elle se présentait sur scène à moitié nue, avant 1910), mariée trois fois, folle amoureuse pendant 5 ans du fils à peine adulte d’un de ses époux (alors qu’elle avait plus de 40 ans), s’affichant sans complexe dans des relations avec d’autres femmes… Colette scandalise, Colette vit de façon libérée pour l’époque.
Ici, point de cabaret mais une plongée dans le quotidien et l’intimité d’une femme ayant déménagé 14 fois en 60 ans, d’un immeuble parisien à l’autre, cherchant à chaque fois à retrouver un petit bout de sa Province natale (à savoir la Bourgogne). Installée à sa fenêtre, spectatrice en hauteur du monde, Colette peint quelques tableaux avec ses mots.
79 petites pages proposées ici par les éditions de L’Herne, regroupant 11 très courts textes, 11 réflexions, 11 tranches de vie très précises. Une façon de se rapprocher encore un peu plus de Colette, d’apprendre à la connaître davantage, dans les petits riens de la vie de tous les jours.
Ce que j’apprécie le plus chez cette auteure, ce ne sont pas tant les sujets qu’elle traite (même si je les apprécie) que la façon dont elle le fait. Je trouve qu’elle a une plume très sensible et sensuelle (elle fait appel à tous nos sens) et nous offre ainsi des images fortes et tenaces. J’ai lu Chéri il y a au moins 5 ou 6 ans de cela et je garde très précisément en tête la description des bruissements de tissus (les draps en l’occurrence). Colette possède une certaine intensité dans son style, très certainement inspirée par la vie elle aussi très intense qu’elle a pu vivre.
J’ai vraiment aimé plongé dans ces petites peintures, ces réflexions imagées du quotidien, mais je ressens tout de même un goût de trop peu. 79 petites pages seulement en compagnie de Colette. Et malgré le sujet commun à tous les textes, j’ai parfois eu un peu de mal à faire le lien entre chaque. Il faut picorer quelques pages de temps en temps à mon avis, et non tout lire d’une traite.
Je regrette également les trop rares photos-portraits habillant parcimonieusement le texte. Je sais que l’impression d’images coûte cher et que l’intérêt de ce petit recueil réside dans les mots… oui, mais moi j’avais envie de voir plus souvent le visage de Colette à sa fenêtre parisienne, une plume à la main ou un chat dans les bras.
Je ne suis pas parisienne et notre capitale française n’est pas une ville que je porte vraiment dans mon cœur, mais après avoir parcouru les mots de Colette, j’ai presqu’envie de changer d’avis et de voir, moi aussi, une nouvelle province dans chaque quartier parisien. En attendant d’en arriver-là, je commencerai peut-être par un petit « pèlerinage » lors d’un futur séjour à Paris, pour jeter un œil aux nombreuses adresses occupées par l’auteure (la liste complète et détaillée est disponible en fin d’ouvrage) et notamment le fameux appartement du Palais Royal où elle a passé de nombreuses années, à sa fenêtre, immobilisée par l’arthrite, jusqu’à la fin de sa vie.
S’agissant d’utiliser tous ses sens, dans son écriture, je ne sais pas si tu as lu Le Pur et l’Impur, elle y fait explicitement référence, et je trouve ce livre très intéressant en ce qu’il retrace une expérience à part entière. 🙂
J’ai découvert Colette grâce à ce dernier, et je suis impatiente de dévorer le reste.
Merci pour cet article, et pour cette vidéo dont je n’avais absolument pas connaissance !
Ping : Auteurs (A - L) - Bazar de la Littérature
Ping : Titres (L - Z) - Bazar de la Littérature
Ping : [Bilan] Mars 2015 | Bazar de la Littérature
Ping : What’s up weekly ? 2015 – 6 (du 09/03 au 22/03/15) | Bazar de la Littérature