Elizabeth Darcy de Abigail REYNOLDS
Elizabeth Darcy
de Abigail REYNOLDS
Milady,
2014, p. 320
Première Publication : 2007
Pour l’acheter : Elizabeth Darcy
Abigail Reynolds est écrivaine et médecin. Elle a fait ses études de russe et ses études théâtrales au Bryn Mawr College et ses études en biologie marine au Laboratoire de biologie marine (Marine Biological Laboratory, MBL) à Woods Hole (Massachusetts). Après avoir obtenu son diplômé de médecine, elle ouvre un cabinet privé. Elle a commencé sa carrière d’écrivain en 2001 en publiant ses écrits d’abord sur le site Jane Austen Fan-fiction puis en auto-édition. Abigail vit à Madison, Wisconsin, avec son mari et ses deux enfants.
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Et si le dernier homme au monde qu’Elizabeth Bennet accepterait d’épouser… était son mari ?
Dans Orgueil et Préjugés de Jane Austen, Elizabeth affirme à l’orgueilleux Mr Darcy qu’il serait le dernier homme au monde qu’elle consentirait à épouser.
Et si elle n’avait jamais prononcé ces mots ?
Dans cette réécriture d’Orgueil et Préjugés, Elizabeth consent malgré elle à devenir la maîtresse de Pemberley, déclenchant un jeu de chassés-croisés qui risque de mettre en péril leur amour…
Dernière traduction para-austenienne proposée par les éditions Milady, Elizabeth Darcy se base sur le concept du « et si ? ». Ni suite ni préquelle ici mais plutôt la modification d’un élément de l’histoire et les conséquences qui en découlent. Alors, et si Elizabeth avait été forcée d’accepter la première proposition en mariage de Darcy, que se serait-il passé ensuite pour les deux héros ?
Je ne suis pas déçue par cette lecture parce que je n’avais pas d’attentes particulières. J’ai été divertie et comme d’habitude avec les annexes d’Orgueil et préjugés – bonnes ou mauvaises d’ailleurs -, c’est toujours agréable de se replonger dans l’univers créé par Jane Austen. Mais – parce qu’il y a un mais – je n’ai pas été vraiment convaincue par les caractères des deux célèbres figures (que j’ai eu du mal à reconnaître) et l’histoire m’a semblé tourner un peu en rond. Divertissant, pas désagréable… mais pas extraordinaire non plus !
Le reproche le plus évident que je peux faire à ce roman, ce sont ses personnages et notamment l’héroïne, Elizabeth. C’est une figure de la littérature que j’adore – je pense même que c’est ma préférée – parce qu’elle est vive, espiègle mais aussi réfléchie, posée et possède surtout une répartie à en faire pâlir plus d’un. Jane Austen nous offre un personnage qui n’est pas parfait (elle ne possède que très peu des qualités qui semblaient faire la renommé d’une jeune fille de la Régence anglaise), elle a un petit côté orgueilleux qui peut la desservir, mais elle est terriblement attachante. De toutes les héroïnes croisées depuis que je sais lire, c’est bien à Miss Lizzy Bennet que je me plais à m’identifier. C’est donc avec un certain pincement au cœur que j’ai découvert ce que devient Elizabeth Bennet une fois qu’elle a pris le nom de Darcy. C’est bien simple, je ne l’ai pas reconnue. Mais où est passée sa verve, sa vivacité d’esprit ? Qui est cette jeune femme très silencieuse et complètement soumise qui baisse les yeux face à son nouvel époux ? Certainement pas la fraîche et pétillante Lizzy créée sous la plume de Jane Austen.
Fitzwilliam Darcy est, en revanche, plutôt fidèle au personnage d’origine même si je l’ai trouvé un poil trop fougueux à mon goût. Je ne l’aurais pas imaginé ainsi dans certaines situations mais après tout, il est vrai qu’il est décrit, au départ, comme assez directif, plutôt hautain et très certainement pas habitué à ce qu’on lui tienne tête. Sa personnalité n’est donc pas totalement ratée mais ce n’est pas non plus l’extase. J’ai compris les choix d’Abigail Reynolds mais ne les approuve pas tous.
L’intrigue tourne malheureusement quasiment uniquement autour du couple. Bien sûr, c’est ce qu’on attend d’une telle histoire mais je regrette malgré tout la quasi absence des personnages secondaires que l’on apprécie dans l’œuvre d’origine. Loin de chez elle, Elizabeth n’a plus de contact avec aucun membre de sa famille et se refuse même – je ne vous dis pas pourquoi – à continuer sa correspondance avec son père ou Jane sa sœur aînée. Ce que je trouve assez improbable quand on connaît l’attachement qui lie ces trois personnages.
Charlotte Lucas, Mr Collins, les Gardiner ou encore la famille Bingley, eux aussi n’ont pas beaucoup de chance et ne sont que rarement cités dans ces 320 pages… seule Georgiana, la jeune sœur de Darcy, gagne quelques apparitions mais, timide, peu dégourdie et méfiante, ses interventions sont peu charismatiques, peu utiles et donc vite oubliées. Dommage ! J’aurais aimé que sa relation avec Elizabeth soit beaucoup plus développée, et, avec mon idée des personnages, j’aurais bien vu Lizzy se rapprocher de cette jeune belle-sœur pour trouver une « alliée » dans cet immense Pemberley et oublier un peu le maître des lieux (qu’elle est censée détester au début).
Bien sûr, de nouveaux personnages complètement inventés font leur entrée : du côté des domestiques et des fermiers du domaine de Pemberley par exemple. Ils restent malgré tout assez en retrait en tout cas, bien à leur place. Ils sont à l’origine de quelques scènes qui viennent pimenter le quotidien du couple mais c’est en toile de fond et lorsqu’un souci survient il est finalement assez vite résolu.
Bref, toute l’intrigue (ou presque) se passe en tête à tête entre Elizabeth et Darcy. Alors bien sûr, on aime voir les deux personnages se tourner autour, tenter de s’apprivoiser, faire un pas en avant et deux pas en arrière… mais avec modération. Au bout d’un moment, les « je t’aime moi non plus », « mais si je t’aime mais toi non »… sont lassants. Abigail Reynolds tire un peu sur la corde, quelques dizaines de tergiversations en moins n’auraient pas gâché le plaisir de lecture, bien au contraire !
Bon, je n’exagère pas non plus, ce n’est pas si désagréable. Il faut juste mettre un peu de côté que ces comportements sont censés être ceux des célèbres Elizabeth et Darcy. Par contre, j’ai eu un peu de mal, je l’avoue, avec les scènes plus sensuelles. Elles ne sont pas très nombreuses mais pourront peut-être légèrement déstabilisées certains lecteurs. Et j’en suis, je l’avoue. Les romans de Jane Austen ne manquent pas de sensualité (si si !) mais tout est implicite, tout est subtilité… alors, avoir la description (bien que modérément détaillée) des ébats des deux héros, c’est un peu… bizarre. J’ai du mal à mettre les noms de Lizzy et Darcy sur ces deux figures. Encore une fois, si on oublie à qui nous avons à faire, ce n’est pas mal.
Je me relis, je suis un peu dure avec ce roman para-austenien mais ce n’est pas le plus mauvais que j’ai pu découvrir… bien que l’ensemble reste assez léger (tout aurait mérité d’être un peu plus enrichi, à mon avis). Le parti pris de départ est amusant et me rappelle fortement le Being Elizabeth Bennet que j’ai lu il y a quelques années et qui s’apparente à un « Livre dont vous êtes le héros »… tout commence comme le Orgueil et préjugés d’origine et tout dérape très vite ! Certaines situations croisées ne sont pas sans rappeler ce qu’a pu imaginer Abigail Reynolds et je me demande même si elle n’aurait pas elle aussi testé ce livre-jeu.
Une bonne idée, une histoire divertissante mais des personnages trop loin des originaux, une intrigue trop concentrée sur leur tête à tête et un manque de profondeur dans l’ensemble. Pas trop mal mais pas certainement pas le meilleur en littérature para-austenienne !
Merci à Aurélia qui contribue à agrandir ma collection !
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Je n’ai pas lu ce livre-ci, mais j’avais testé By force of instinct de la même auteur. Je vois que tu reproches les mêmes choses à cette réécriture que ce que je reprochais en lisant son autre livre. Dommage même si comme tu le dis ça reste divertissant.
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J’hésitais après un autre billet… mais bon, je pense que je vais passer. J’ai lu pas mal de littérature para-austenienne il y a 5-7 ans et je pense que j’en ai pas mal assez, en fait…
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je pense que je vais l’éviter, car le changement de comportement d’Elizabeth me bloquerait direct je pense 🙂