Génération A de Douglas COUPLAND

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Génération A

de Douglas COUPLAND
Au Diable Vauvert,
2013, p. 360

Première Publication : 2009

Pour l’acheter : Génération A

Douglas Coupland (né le 30 décembre 1961) est un écrivain canadien. Il est particulièrement connu pour son roman Génération X (en anglais Generation X: Tales for an Accelerated Culture), paru en 1991, qui popularisa l’expression « génération X ». L’œuvre de Coupland aborde de façon centrale les difficultés de la vie de cette génération, notamment la saturation des médias, l’absence de valeurs religieuses et l’instabilité économique. On l’assimile au courant dit d’Anticipation sociale. Il fait aussi des arts visuels depuis 1989.

Alors que les abeilles disparaissent de notre terre, cinq personnes se font piquer au même moment en cinq endroits du monde: cette expérience partagée va les réunir au delà de ce qu’ils auraient jamais imaginé…
Plus de vingt ans après, Coupland répond ici à « Génération X » et devance une fois de plus, avec humour et profondeur, l’esprit d’une génération et de son temps.

En plus des conseils chinés sur les blogs, je fais régulièrement des découvertes grâce aux suggestions de mon entourage. Emprunté à un collègue, Génération A m’a permis de faire la connaissance de l’univers et de la plume de Douglas Coupland, canadien qui semble avoir connu un grand succès il y a vingt ans de cela, grâce à son Génération X.
Pas besoin d’avoir lu ce premier roman pour profiter du second bien que quelques références se glissent certainement entre les lignes. Malgré tout, avoir déjà connaissance des idées avancées par l’auteur et avoir déjà fait une incursion dans son style permet sans doute de mieux appréhender la lecture de ce Génération A.
Le propos est intéressant, l’humour est très présent et les personnages sont à la fois marquants et attachants mais je déplore quelques longueurs au milieu du texte, longueurs qui cassent un peu le rythme et l’entrain du début et font un peu retomber le soufflet, à mon avis. Malgré tout, le style m’a tant plu que je n’hésiterai pas à tenter la lecture d’un autre texte de Douglas Coupland !

Cinq personnes se font piquer par une abeille à cinq poins différents du globe alors que ces petits insectes ont disparu de la planète depuis quelques temps déjà. L’événement passionne le monde : pourquoi eux ? Pourquoi maintenant ? Propulsés sur le devant de la scène, ces cinq figures solitaires deviennent les héros de leur époque… et du roman par la même occasion !
Le lecteur fait la connaissance de chacun d’entre eux individuellement, chacun possédant son chapitre. Cinq personnages et donc autant de points de vue pour décrire une situation similaire (et pourtant vécue différemment selon les personnalités).
Harj vit au Sri Lanka, seul depuis que toute sa famille a péri dans le tsunami. Zack gère seul la ferme familiale américaine, profitant de son matériel de pointe pour dessiner des pénis géants dans ses champs de maïs et retransmettant l’action en ligne grâce à une webcam. Julien, (non)étudiant de la Sorbonne, se perd dans la vie virtuelle de World of Warcraft et en oublie d’aller en cours. En Nouvelle-Zélande, Samantha vient de recevoir un coup de fil de ses parents qui lui annoncent qu’ils ne croient plus en rien. Enfin, Diana, jeune femme atteinte du syndrome de Gilles de la Tourette, doit combattre les sentiments qu’elle éprouve pour son pasteur, évidemment marié.
Après leur piqûre, les vingt-trentenaires sont isolés un mois durant dans un centre, privés de télévision, ordinateur, livre et contraints de vivre dans des pièces aseptisées sans aucune marque sur les objets. Imaginez un monde où vous n’auriez plus continuellement sous les yeux des « Coca-Cola », « HP », « Philips » ou « Ikea » ! Plus aucun repère ni possibilité de distraction pour le club des cinq qui doit en plus supporter sa prise de sang quotidienne. Mais qu’y a-t-il dans leur sang ?

SUN100710copelandJ’ai vraiment beaucoup aimé la première partie qui met en place tout ce petit monde légèrement futuriste (il n’y a qu’un pas pour que la planète de 2014 ressemble à ce que propose ici Douglas Coupland) et nous présente les personnages. Le lecteur entre dans la vie de chacun d’entre eux avec beaucoup d’humour et nous offre des portraits un brin pathétiques mais finalement extrêmement touchants et authentiques sans jamais non plus tomber dans le pathos ridicule. C’est bien dosé et bien amené.
Ajoutez à cela le mystère grandissant qui entoure ces cinq figures : mais pourquoi ont-elles été piquées, elles ? Que nous cachent les scientifiques ? Quel lien existe-t-il avec les abeilles et leur disparition/réapparition miraculeuse ? Le lecteur est obligé de tourner les pages pour avoir une explication. Niveau suspenses et rythme, on peut donc dire que ça fonctionne très bien… jusqu’à la deuxième partie et l’arrivée du groupe sur l’île.
Changement de décor mais aussi de « propos », je me suis sentie un peu perdue et j’ai eu besoin de temps pour comprendre ce qui se passait véritablement. Une fois la surprise passée et admise, la découverte des petits contes racontés par chacun des personnages a été agréable mais ne m’a finalement pas autant charmée que les premières pages l’avaient fait précédemment. Quant à la résolution farfelue du pourquoi et du comment, j’oscille entre le sourire qui va avec l’originalité et le haussement d’épaules de la légère déception. C’est pas mal trouvé mais c’est quand même vachement tiré par les cheveux !

Je dois aussi avouer que j’ai été légèrement déçue par le fait que l’auteur ne développe pas vraiment plus cette histoire de disparition d’abeilles. Certes, l’intrigue tourne autour de cette question, on finit par avoir une explication et on a quelques détails contextuels qui témoignent des conséquences de ce changement pour la planète, mais ça reste très léger. Je pense que je m’attendais à une science-fiction beaucoup plus marquée que ce que j’ai pu trouver dans ce Génération A, d’où mon désappointement.

Malgré tout, j’ai souri plus d’une fois pendant cette lecture, légère dans la forme mais riche et intelligente dans le fond. Les portraits des différents personnages sont extrêmement bien croqués et l’originalité ne manque pas. Je ne sais pas si la traduction embellit l’original mais j’ai trouvé ce Génération A particulièrement bien écrit, ce qui me donne envie de découvrir un autre titre de Douglas Coupland, dès que j’en aurai l’occasion !

Critique intelligente d’une société noyée sous les moyens de communication et les réseaux sociaux mais qui ne sait pourtant plus échanger et créé l’isolement des individus, Génération A nous entraîne au sein d’un mystère écologique que le lecteur cherche à tout prix à résoudre. Malgré quelques longueurs dues à un changement de direction assez abrupt, la plume de Douglas Coupland séduit par son humour et sa finesse et mérite définitivement le détour !

7 réflexions sur “Génération A de Douglas COUPLAND

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