Les Enfants de l’Ô, Tome 1 de Vanessa du FRAT

les enfants de l'o tome 1 le cycle de zarkan vanessa du frat
Les Enfants de l’Ô, Tome 1

(Le Cycle de Z’Arkan)
de Vanessa du FRAT
Chromosome éditions,
2013, p. 431

Première Publication : 2013

Pour l’acheter : Sur le site !

Vanessa du Frat est biologiste de formation, passionnée de médecine, de psychologie et d’informatique. Elle décide un jour de se lancer dans l’écriture d’une grande saga de science-fiction et s’attache à développer particulièrement le côté humain de ses personnages.
En 2002, elle tente une expérience inédite : publier ses romans sous forme de feuilleton, chapitre après chapitre, sur un site internet dédié.
Quelques années plus tard, Les Enfants de l’Ô ayant acquis une certaine notoriété sur la toile, il est temps pour elle de passer aux choses sérieuses : offrir une version papier de ce roman à ses lecteurs qui la lui réclament depuis tant d’années, parallèlement à une version électronique.

♣ ♣ ♣

Alia, 2340
Un étrange signal apparaît sur les écrans de surveillance ECO. Ludméa, jeune stagiaire envoyée sur le terrain pour chercher son origine, se retrouve en pleine tempête, au cœur de la forêt de Gonara. L’affaire semble intéresser de près Ruan Paso, directeur adjoint des départements militaires pour la recherche scientifique, un homme plein de secrets.

Terre, 2066
Les jumeaux Line et Lúka tentent de survivre sous le joug d’un père violent, obsédé par ses manipulations génétiques. Leur existence triste et routinière est chamboulée le jour où Lúka désobéit aux ordres en laissant s’évader un sujet d’une importance capitale… ce qui ne restera pas sans conséquences pour le futur.

Publiée sur internet depuis de longues années, cette histoire voit enfin le jour – pour le plus grand bonheur des lecteurs de la première heure – au format papier grâce à l’autoédition.
C’est au détour d’une publication Facebook (et sans doute aussi grâce à l’intermédiaire de Cécile Duquenne) que j’ai fait la connaissance de Vanessa du Frat, connaissance virtuelle qui s’est concrétisée « en vrai » lors des Imaginales de cette année. C’est d’ailleurs à cette occasion que Les Enfants de l’Ô est venu sur le tapis et qu’il a atterri dans ma bibliothèque.
Personnages ultra-présents et travaillés évoluant sur fond de science-fiction ; voilà qui pouvait me séduire. Force est de constater que séduite, je l’ai été… tant et si bien que j’ai dévoré ce premier tome et me languis d’avoir rapidement le suivant !

Vanessa m’avait prévenue, l’intrigue se situe dans un contexte de science-fiction mais cet aspect-là reste assez léger. Attention, contrairement à certains livres jeunesse qui se disent de SF mais qui n’apportent qu’un ou deux éléments de temps en temps pour justifier leur classification ; ici, même si l’accent n’est pas mis dessus, on sent tout de même très bien le genre, c’est une « évidence ». En revanche, ceux qui sont habitués à la hard SF où les explications scientifiques prennent le pas sur tout le reste, soyez prévenus, explications scientifiques il y a ici mais elles ne sont définitivement pas sur le devant de la scène, laissant la part belle aux différents personnages.

vanessa du fratJ’aime vraiment les histoires qui nous offrent des personnages si travaillés et crédibles qu’ils en deviennent palpables et donc, par extension, si touchants ! Et c’est le cas ici. Beaucoup de figures sont introduites dans ce premier tome mais l’attention est surtout focalisée sur cinq d’entre elles.
D’un côté (sur la Terre en 2066), les jumeaux Line et Lúka vivent enfermés (ou presque) dans un laboratoire, aux côtés de leur « Père ». Ayant grandi dans leur cage dorée, brimés par leur créateur, les deux jeunes adultes sont tout l’un pour l’autre. Conscients que leurs sentiments seraient réprouvés par la morale, ils vivent malgré tout leur amour interdit. Peut-on vraiment reprocher à ces deux-là, n’ayant jamais été en contact avec d’autres êtres humains et avec la « civilisation », de s’aimer ? Bien sûr, on peut parler d’inceste, mais la situation n’est pas sans me rappeler celle vécue par les deux jumeaux nés et élevés dans la bulle créée par René Barjavel dans sa Rose au paradis. Et là aussi, le contexte fait qu’une chose inacceptable normalement devient compréhensible et même inévitable. Si je pensais détester Lúka au début (c’est vraiment un sale type !), j’ai été surprise de constater que je méprisais encore plus Line. Le frère et la sœur ont vécu des choses atroces, il est vrai, mais ça n’excuse pas tout. Et si parfois on peut être tentés d’avoir pitié d’eux et commencer à comprendre le pourquoi de leurs faits et gestes, ils reprennent bien vite leur place de personnages paumés dans leur vie, cruels entre eux et avec les autres. Les passages les concernant ont peut-être tendance à se répéter un peu de temps en temps ce qui peut lasser légèrement… mais c’est aussi ce qui permet d’accentuer l’atmosphère en huis-clos et l’effet de malaise.
De l’autre (sur Alia [?] en 2340), Ludméa et Ruan Paso, tous les deux contraints à la quarantaine à cause d’un virus qui pourrait s’avérer contagieux. Elle est jeune et plutôt des « bas fonds » de la société, il est directeur adjoint des départements militaires et s’apprête à épouser une mannequin scientifique et pourtant, ces deux êtres se croisent, apprennent à se connaître et plus si affinités. Malheureusement, comme rien n’est jamais simple, surtout avec Vanessa du Frat, ne vous attendez pas à une histoire toute rose et à un happy end ; les personnages souffrent et nous avec.
D’ailleurs, le meilleur exemple d’empathie revient pour moi au cinquième et dernier personnage principal, à savoir Lyen, la jeune femme qui semble relier les deux mondes. On le comprend au début, elle fuit les jumeaux et leur « Père » et atterrit sur Alia. Mais, différente physiquement des peuples de cette planète et porteuse d’un virus, elle est mise en quarantaine. On apprend son histoire au fil des pages et autant vous dire qu’il vaut mieux préparer les mouchoirs. Enlevée à sa famille alors qu’elle n’était encore qu’une enfant, elle a vécu quasiment toute sa vie enfermée auprès des jumeaux, victime des expériences génétiques du « Père » qui se sert d’elle comme incubatrice. Violentée physiquement et moralement, on la rencontre dans le premier chapitre, déterminée à fuir alors qu’elle est enceinte jusqu’aux yeux. Elle semble fragile et brisée et pourtant, malgré tout ce qu’elle subit, elle se bat… et mon petit doigt me dit que c’est elle qui est la clef de tout ! J’ai été très émue par ce qu’on apprend de son passé, par bribes, et j’ai plus d’une fois été révoltée par ce qui lui arrive. J’avais envie d’entrer dans le bouquin pour tabasser moi-même ceux qui lui font du mal, croisant les doigts pour qu’elle s’en sorte et vive enfin une fin heureuse… mais non, comme dit plus haut, avec Vanessa du Frat, quand une lueur d’espoir semble s’engouffrer, les ténèbres ne sont jamais loin derrière !
Qu’on les déteste, qu’on les plaigne ou qu’on s’attache véritablement à eux, les personnages ont cette force assez peu commune dans les romans que j’ai l’habitude de lire. Ils ne nous laissent pas indifférents, bien au contraire ! Leurs émotions (et donc celles des lecteurs) sont accentuées par l’effet de huis-clos proposé par les deux lieux principaux (le laboratoire et la zone de quarantaine). Même s’ils souhaitent se fuir, impossible pour eux d’aller bien loin, ils finissent par s’affronter, par affronter leurs démons ; ça peut donner une sensation de malaise mais c’est surtout très intense. On assiste au meilleur comme au pire de l’être humain, inceste et parricide entre autre ! Et j’ai terriblement hâte d’apprendre ce que leur réserve l’avenir et ce qu’il adviendra de Lyen, définitivement mon personnage préféré !

ludmea les enfants de l'o illustration tome 1J’ai beaucoup parlé des figures évoluant dans ce premier tome car vous l’avez compris, elles sont vraiment ce qui fait la force de l’ouvrage. Cela dit, n’ayez crainte, ces cinq personnages supportent une intrigue bel et bien présente et grâce aux mystères, on peut dire que l’intrigue est carrément captivante !
Le premier chapitre s’ouvre sur la fuite de Lyen dans la forêt, enceinte jusqu’aux yeux. On ne sait pas qui elle est, où elle va… et on ne sait pas nous, lecteurs, où on va ! Les pièces du puzzle se mettent en place au fil des pages, les personnages livrent petit à petit leurs secrets créant ainsi un contexte de plus en plus riche. On touche du bout du doigt quelques explications, on se pose encore plus de questions et au final, on avale ces plus de 400 pages en quelques heures, avide d’en savoir plus ! Il me faut vous avouer qu’à la fin de ce premier tome, vous n’aurez pas toutes les réponses que vous attendez… et à vrai dire, vous aurez assez peu de réponses tout court ; mais le mystère est tellement passionnant et les personnages proposés sont si « attachants », qu’on ne regrette pas d’avoir fait tout ce chemin pour en arriver là… je dirai même qu’on a envie de crier : « encore ! ».

Je ne vous parlerai que brièvement de la plume de Vanessa du Frat, qui m’a séduite. Je vous encourage simplement à lire le premier chapitre (les deux premiers sont disponibles en ligne) qui, personnellement, m’a soufflée. La course-poursuite de cette jeune femme enceinte et effrayée, au milieu de la forêt a été une scène déterminante. Pleine de réalisme et d’émotions, j’ai tout de suite accroché et j’ai tout de suite eu envie d’en savoir plus ! Si vous êtes séduits par ces quelques paragraphes, lisez la suite, vous ne le regretterez pas !
A noter que, si le mot autoédition vous effraie, je peux vous assurer que l’objet-livre n’a rien à envier aux plus grandes maisons et que le texte à l’intérieur est de bien meilleur qualité que certains publiés chez les plus grands (un grand soin a été ici apporté à la relecture !).

Comment conclure cette tirade clairement et brièvement : tentez l’aventure, ça vaut le coup ! Moi j’attends la suite très impatiemment !

Merci à l’auteure pour sa gentillesse et pour cet excellent premier tome !

 

Illustrations : (1) Portrait de Vanessa du Frat – (2) Illustration de quatrième de couverture représentant le personnage de Ludméa.

 

14 réflexions sur “Les Enfants de l’Ô, Tome 1 de Vanessa du FRAT

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

error

Vous avez aimé ? Dites-le !

RSS
Follow by Email
YouTube
Instagram